Suite à une pause forcée, après notre dernière session désob à la Grotte des Madalle, l'étrange envie de retourner dans ses éreintantes entrailles ne faisait que grandir en nous. C'est donc en pleine connaissance des conséquences physiques d'un tel chantier que nous nous tenons régulièrement au courant de nos disponibilités, afin de planifier une nouvelle session désob dans ce même trou...
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Samedi 02
Grotte des Madalle
TPST: 45min
Ce matin, le rdv est donné à 9h30 au parking du trou. Cependant, il ne faut pas oublier son l'alias, le "trou des miséreux", qui ne sort pas de nulle part... En effet, un peu après être parti de Carca, j'apprends que Charlie est tombé en panne, sa voiture broutant maladivement, heureusement, pas trop loin de son village... retardant quelque peu notre descente dans le trou. Finalement, nous sommes prêts à entamer notre descente vers 10h30.
Durant notre pause forcée, nous ne pouvions nous empêcher de penser à la potentielle présence d'eau de manière temporaire dans le trou, du fait des observations passées. Mais malgré nos visites, après quelques pluies, le trou restait sec, dépourvue de trace d'infiltration, ou de trace (même éclaire) de mise en charge... Et ce ne sont pas les quelque 15 ou 20mm de précipitations cumulées sur le mois passé, et le filet d'eau intermittent dans la rivière qui nous aurait inquiété... Mais quelle fut notre surprise, arrivé au fond (fin de la descente et arrivé sur le cheminement horizontal), de trouver noyer, l'entièreté de nos chemins sous plus de cinquante centimètres d'eau, rendent inaccessible la suite ! Bien qu'ayant toujours gardé à l'esprit de cas de figure, la surprise est totale, devant cette masse d'eau calme et limpide. De toute évidence, la désob ici est annulé... mais nous restons quelques minutes à contempler cela, et à mener nos hypothèses.
Habituellement, nous nous allongeons dans cet espace...
Le bas de la photo, c'est direction le front
Nos observations vis à vis de la situation plusieurs choses:
les précipitations récentes ont été faibles.
la rivière de surface laisse couler un filet d'eau qui se perd dans son lit en amont de notre réseau.
dans la grotte, l'eau est très calme, on observe un très léger mouvement des particules préférant un sens à l'autre (mais perturbé en surface par les rochers s'enfoncent dans l'eau).
l'eau est très limpide.
les traces de nos déplacements sur le sol, maintenant sous l'eau, sont à peine visibles (car recouvert d'un peu d'argile).
la grotte en elle même reste très sèche.
le courant d'air reste bien perceptible lors du passage de certaines étroitures.
Nous pensons alors à plusieurs choses, mais nos observations nous laissent à penser que l'eau est montée progressivement depuis le bas vers le haut, comme si une nappe montait progressivement. Les dépôts de graviers fins et d'argile en strate dans le sol des galeries, et l'hydromorphologie qui a formé les banquettes d'accumulation et les zone d'érosion pourrait alors être lié à la montée (ou la vidange ?) plus ou moins rapide de la nappe d'eau, plutôt qu'à un ruissellement d'amont en aval. Pure hypothèse. À votre avis ?
Quoi qu'il en soit, nous faisons un témoin du niveau actuel de l'eau, pour revenir demain voir un potentiel changement. Nous remontons donc avec tout notre matos (sauf celui resté perché à 2m de haut dans une des salles maintenant sous l'eau), pour un autre trou, tout aussi intéressant.
Grotte du Fournials
TPST: 6h15
Nous arrivons à l'entrée vers 12h. Le souffle puissant et chaud qui s'échappe du trou est toujours impressionnant. Dans la première salle, nous nous attardons sur une zone que Charlie avait partiellement explorée, un énorme éboulis qui se développe verticalement sous la salle. Nous descendons, passons quelques étroitures, cherchant courant d'air et zone sombres, sur près de 20m de dénivelé, sans succès, tout semble avoir été exploré ici.
Une des parois
En ressortant de là, nous nous retrouvons face à une escalade de ± 15m de haut devant laquelle nous nous étions toujours arrêtés, pensent que la refaire ne serrait pas utile, car aucun équipement n'était en place et que des traces montraient qu'elle avait déjà été faite. Mais vu du bas, c'est quand même tentant (volume en haut), alors je grimpe un peu pour tâter, et constate que le faire en libre est possible mais engagé... et aucune erreur n'est permise. L'heure tournant, nous partons manger, et tombons sur une corde que nous avions stockée là en attente. Parfait ! Elle servira à nous assurer pour l'escalade, en plus d'une autre corde initialement emporter pour le fond. Nous nous amarrons depuis le bas, cherchant en grimpant mètre par mètre des AN, et petit à petit, nous faisons notre chemin sur cette quasi verticale, Charlie en tête.
Vu depuis le bas
Mi-hauteur de la grimpe
Quand l'escalade devient moins verticale, nous trouvons une plaquette d'époque toute rouillée, évidemment. Et puis finalement, nous arrivons dans de grands volumes tout en vertical, et joliment concrétionnés. De là, nous explorons tout ce que nous pouvons. Le volume principal se poursuit par un dévers plein vide qui doit être équipé (aucun équipement visible, pourtant il y a des traces de passage). Ailleurs, une lucarne donne sur un vide de 7m environ, et une galerie qui se superpose à celle qui nous a permis d'accéder à ces supérieurs, ici encore aucun équipement visible (si ce n'est un clou de plancher planter dans la calcite...), pourtant il y a des traces de passage. Bref, nous nous arrêtons là pour cette zone, avec pour objectif ultérieur de rééquiper l'escalade et les points d'interrogations avec autre chose que des méthodes de pirates ! Pendent que Charlie fini de déséquiper les cordes, le fait un rapide tour dans une autre salle où il y a trois escalades, et je cherche des correspondances avec ce qu'on a vu depuis le haut, sans succès. Le supérieur semble donc être un niveau qui développe en indépendant. À revoir.
Maintenant, direction le fond, le point bas de la cavité, là où trône depuis 20 ans une mèche plantée dans la calcite, des pailles en décompositions, et d'autres trucs méconnaissables et quelque peu inquiétants. Ici, nous travaillons sur un plan incliné à forte pente, pas ultra confort (comme d'habitude) mais qui a le mérite d'être joliment concrétionné.
Vu depuis le haut
Depuis ce point, nous sentons le courant d'air, et les graviers envoyés en reconnaissances dévalent une folle pente sur plusieurs mètres, nous nous mettons au travail en veillant à ne pas détruire les concrétions. Le peu d'espace, le vide, et l'inconfort réduisent nos champs d'actions et notre efficacité. Une pichenette brisera d'ailleurs la mèche encore plantée, en trois.
Le noir, c'est le vide !
Malheureusement, la coulée semble s'être terminé en "orgue", compliquant la tâche, et menant rapidement notre perfo à court de batterie, puis il est bientôt 17h. À ce stade, nous ne pouvons pas passer, mais le tout est bien fragilisé. Demain sera la bonne !
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Dimanche 03
Grotte des Madalle
TPST: 30min
Pointé à 8h précises devant le trou, nous descendons en moins de 10 minutes, et constatons que le niveau d'eau n'a absolument pas bougé. À savoir qu'il y a plu un cumul d'environ 8mm pendant la nuit, cela aurait-il compensé une potentielle baisse du niveau ? Pure hypothèse, car nous n'avons aucune idée de la réactivité du milieu. Nous remontons à toute allure, en 10 minutes pile (nouveau record) !
Grotte du Fournials
TPST: 7h15
Vers 10h, nous recommençons notre ménage au fond de la grotte, et attaquons la coulée que nous avions pre-percé la veille. Echec, aucun dégât... s'en est fini de s'acharner sur cette coulée, maintenant on va taper dans le plafond, en pleine roche, et en deux coups, on fait place nette ! Maintenant, Charlie pourrait presque passer, mais on décide d'élargir encore pour que ce soit moins horrible, avec de gros coup de masse ! Et finalement, le socle tenace sur lequel reposait une partie de la coulée finie par se fissurer, nous donnant ce petit moment de satisfaction:
Pour se garder un peu de suspense, on fait la pause repas, suivi de l'installation de la corde, et hop !
En vrai, ça passe bien
Là dessous, la calcite est présente du sol au plafond. Depuis l'étroiture, le puits fait environ 4m de haut, et n'est pas tout à fait vertical. Il s'arrête dans une petite poche, d'où débute une autre étroiture.
Vue depuis le bas
L'autre étroiture en question
Charlie passe devant, je m'occupe d'élargir ce passage avec un couteau à bois et la massette. Heureusement, la roche est très friable sur 2cm de profondeur. Derrière l'étroiture, le plafond composé de deux grosses lames très basses, je les rabote un peu. La coulé décent toujours dans un boyau impénétrable, et d'où sort un très faible courant d'air. Nous sortons avec mal quelques blocs de là pour y voir plus clair, en gros, ça continue de manière très étroite, tourne un peu à droite, et mystère. Mais le gros de l'air vient horizontalement, entre le plafond et l'argile de l'énorme éboulis constituant les salles au dessus. Par chance, une toute petite pièce permet de nous stocker nous, et les débris de désob, que nous entassons derrière une forteresse d'argile.
La petite salle, et ces trois aragonites !
Pendent que Charlie s'affaire devant, j'élargis au maximum tout ce que je peux, et fini par me couper salement au doigt en voulant sortir un morceau de calcite pris dans l'argile... heureusement à la main gauche. Un petit bandage fait avec mon gant, et nous continuons à creuser (pour ma part, avec la main droite uniquement). La vidéo suivante montre au début le passage par lequel nous sommes venus, puis la forteresse d'argile (gros tas de boue), et finalement, là où nous souhaitons aller, et surtout, là d'où provient le courant d'air !
La suite consiste à creuser l'argile, et à éclater quelques blocs qui barrent la route. Devant, on voit sur environ 3m à l'horizontale, avec au fond, une paroi rocheuse recouverte ni d'argile, ni de calcite. Mais le perfo est malheureusement vide d'énergie, nous ne pouvons continuer... Finalement, nous estimons avoir fait environ 10m de première, et la suite ne semble pas nous démotiver. Et nous savons au moins ce qu'il nous reste à faire à la prochaine sortie !
Il y a eu un bon coup de flotte dans ce coin de l'Hérault à la charnière janvier-février. Le débit de perte a dû temporairement augmenter et remplir la zone de battement de nappe où se situe la cavité.
Bonne chance pour la suite dans la partie fossile.
3 commentaires:
Parfait les petits.Pour info les pailles sont inefficaces dans la calcite ;-)
Les deux meilleurs en action!
Il y a eu un bon coup de flotte dans ce coin de l'Hérault à la charnière janvier-février. Le débit de perte a dû temporairement augmenter et remplir la zone de battement de nappe où se situe la cavité.
Bonne chance pour la suite dans la partie fossile.
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