Samedi 24/10/2020
Equipe double
Chandelier, affluent du Vieux Corbeau : Denis + Boris; TPST : 9h30
Trou du Vieux Lion : JMichel, Henri, JBaptiste, Laurent; TPST : 4h30 à 7h
Entre le remplissage bien entamé des grandes vasques du Chandelier, et le risque imminent de couvre feu sanitaire, il y avait urgence à organiser une nouvelle opération de communication intra-terrestre entre Chandelier et Vieux Lion avant que cela ne soit plus possible.
C'était planifié, mais rien n'allait se passer comme prévu. Avec JLuc en pleine convalescence, Dom malade au dernier moment, JMichel n'ayant plus de tél, Henri devant faire voir sa voiture, et moi ayant un impératif professionnel dans la matinée, les raisons potentielles pour que quelque chose se mette à déconner étaient nombreuses. L'organisation à distance, au téléphone, pour le côté matériel et protocolaire des communications, prenait des allures d'opération de secours spéléo. Mais tout ça allait se recaler gentiment.
Boris, Denis et JMichel se retrouvent à Couiza en début de matinée et les derniers détails sont réglés. JLuc monte ouvrir le Chandelier à la première équipe, et regarde partir les deux "fusées" de service vers le fond actuel du réseau. JMichel file seul au Vieux Lion et commence a travailler dans le chaos, non sans s'être copieusement trempé dans la vasque du laminoir bien sûr presque remplie depuis les 15 derniers jours. Henri le rejoint dans la matinée et poursuit le creusement de la tranchée pour évacuer l'eau.
Je retrouve JBaptiste à midi à Puivert où nous arrivons en même temps. Le temps de monter au Vieux Lion, manger rapidement un morceau et régler le matériel tout neuf de JB, nous atteignons le chantier pile dans les temps pour débuter le protocole prévu alors que JMichel et Henri sont en plein travail. La vasque est encore bien gadouilleuse mais ça passe.
J'allume l'ARVA à 13h45 au milieu du chaos. Immédiatement j'obtiens du signal fort et clair, une première... L'équipe du fond est donc en place au niveau du bouchon d'alluvions terminal de l'affluent, et ce nouvel emplacement pour le test n'est pas une erreur fondamentale de diagnostic.
La première valeur indique une lacune de 26m. On sait pour l'avoir essayé dehors que l'appareil surestime les distances au delà des 10m. Maintenant, le but du jeu est de réduire la plus possible la valeur affichée...
Je commence par le fond du chaos, endroit merdique où Denis s'était faufilé lors de la récente explo. Résultat : 34m. Ce n'est pas par là et c'est tant mieux.
C'est alors que l'heure d'appel de l'équipe du fond sonne. Et ça fonctionne. On entend les coups de marteau bien plus nettement que lors des précédentes expériences, et ils semblent venir de derrière nous...
Demi-tour, on revient vers la vasque, et je rentre dans le diverticule nord-est juste en aval de celle-ci.
Code de réponse positive au marteau, et code de réponse de la réponse venant du fond. Nous communiquons bien. Cet endroit est plus proche, et j'arrive à entendre l'équipe du fond travailler par moment. L'ARVA est rallumé et confirme : 17m !
Il y a 1/4 d'heure entre chaque appel. Je profite de ce temps pour tenter de me rapprocher. La flèche de l'appareil tend malgré tout à nous faire revenir vers la base des puits, zone théorique la plus proche de l'aplomb topographique. Je sors du chaos et retraverse la vasque, sans que la distance indiquée sur l'appareil n'augmente. Mieux, ça diminue...
14m puis 12m. Il faut affiner lentement. 11m, 10m. Je finis par plaquer l'appareil au sol en face de la petite arrivée d'eau, non loin de l'endroit où nous avions dévié l'actif vers un petit trou du sol deux semaines auparavant. La valeur passe alors sous les 10m et affichera 8,4m au minimum. Incroyable, le point faible se situe à la base des puits et évite le chaos et la vasque, et les gars sont à peine à quelques mètres de nous après avoir progressé plusieurs bornes...
L'explo précédente nous avait éloignés de la topo théorique du Chandelier, l'ARVA nous y a ramenés. Les calculs tout aussi théoriques de cote dans le massif et de dénivellation manquante donnaient entre 5 et 10m, et la technologie mesure 8m en diagonale !
Pour la première fois nous avons une valeur fiable et une confirmation indiscutable de nos positions respectives...
Ca fait du bien au moral, et comme c'est l'heure d'appel, je frappe au point faible sur la roche. Et là l'intensité de la réponse est juste dingue : On dirait que les gars sont prisonniers dans le calcaire juste derrière notre paroi...A partir de là, la suite du protocole sera vite oubliée et ça va taper dans tous les sens...
On a notre résultat, les hautes eaux et le couvre-feu peuvent venir.
En deuxième partie d'après-midi, JMichel, Henri et JBaptiste commence à creuser dans l'alcôve pointé par l'ARVA. Pendant ce temps, je remonte les deux derniers puits pour aller percer les zones restant étroites avec le TE36 : il est temps de normaliser le gabarit jusqu'au fond. JBaptiste, de retour depuis peu à la spéléo, confirmera le côté prioritaire de cette action lors de la remontée.
Côté Chandelier, le bouchon est difficile à creuser car il y a de la calcite qui cimente pas mal le tout. Il y a cependant un petit vide centimétrique contre la paroi gauche qui laisse passer un infime courant d'air, bien matérialisé par la fumée. Et lorsqu'en fin de séance, JMichel utilise une paille côté Vieux Lion pour casser un becquet gênant le creusement de l'alcôve, 5mn plus tard Denis et Boris sentiront l'odeur de pétard arriver par ce petit trou.
Cette "jonction olfactive" est la cerise sur le gâteau de cette journée à nouveau palpitante.
Boris et Denis font demi-tour à 16h et se payent le luxe de faire une jolie première dans un annexe. Ils sortent de la cavité à 20h où Henri et moi les attendons pour un bon débriefing. Il y a visiblement déjà pas mal d'eau dans le réseau et ça se remplit encore malgré une semaine sans pluie. A vos plumes les gars pour raconter cette journée côté Chandelier...
Sortie des "fusées" avec la satisfaction du devoir accompli |
Ci dessous une photo d'archives pour ceux qui prennent l'histoire en route et pour bien situer la zone de jonction potentielle dans le Chandelier. Il s'agit de la zone terminale de l'affluent du Vieux Corbeau : le personnage de droite (Seb) est situé à l'aplomb et regarde la cheminée escaladée par Etienne (option 1 de jonction, on sait à présent qu'il s'agit d'une zone de transfert vertical proche et parallèle au Vieux Lion). Le personnage au centre (Henri) regarde le bouchon de blocs et d'alluvions qui se termine quelques mètres plus haut (option 2 de jonction qui vient d'être confirmée). Le point topo de référence qui a servi au report de surface est situé à sa droite contre la paroi. La surface du plateau de Sault est située 75 à 80m au dessus.