samedi 17 Décembre 2011
participants : Patrick, Henri, Laurent
Il y a des jours comme ça où le ton est donné dès le réveil. Tout commence par un message de Jean Luc qui, suite à un imprévu, ne peut pas venir. Dans la foulée, coup de tél. d'Henri : panne d'électricité dans la vallée de l'Aude qui est dans le noir suite à la tempête, pas moyen de charger les accus...
Je jette un oeil dehors, il tombe un mélange de pluie et de neige. De plus je dois être impérativement à la gare de Narbonne à 18h. Bref, c'est mal barré...
Je suis à deux doigts d'annuler la sortie mais je décide de monter quand même sans but précis. Recoup de tél d'Henri : Patrick qui a toujours du jus s'est proposé de charger un accu chez lui à la bourre, ils me rejoindrons dans le trou.
J'arrive sur le massif à 9 heures, accueilli par la neige et le brouillard.
Descente au pas de charge dans le trou, et nouvelle déconvenue : ça pisse à mort dès le premier affluent qui apporte 1l/sec. Le problème, c'est qu'il faut descendre sous la cascatelle...
vue sur le premier ressaut, ambiance alpine à 20m sous la surface
Arrivé au méandre, le tas de gravats non déblayés forme un petit barrage : impossible de passer du matos sensible sans conditionnement étanche. Ce n'est décidément pas le jour pour l'explo. Après l'observation des différentes concrétions et remplissages, et celle du gisement paléontologique, le thème d'aujourd'hui sera donc L'EAU !
Je prends tout cela avec philosophie et quite à être là, je décide de passer plus loin en abandonnant mon kit, c'est l'occasion d'aller voir comment le réseau fonctionne en hiver.
Je ne vais pas être déçu...
A la sortie du méandre, c'est un nouvel affluent d'1l/sec. qui tombe en cascadant à l'endroit précis où nous devions bosser aujourd'hui. C'est sans regrets...
Affluent à la sortie du méandre, debut de la nouvelle partie du trou
En remontant cet actif, je m'aperçois qu'il provient d'une galerie annexe du réseau amont, il s'agit probablement d'une capture plus récente de ce même drainVers l'aval, tout se collecte et le trou prend véritablement vie. C'est un vrai régal de voir tout cela fonctionner...
cascade de 2m arrivant latéralement
A l'entrée de la salle, un nouvel actif d'1l/sec surgissant en pleine paroi
On retrouve l'actif grossi en bas de la salle
Au final, c'est une véritable petite rivière de 6l/sec environ qui s'engage dans la suite dans un vacarme assourdissant Mes pensées suivent l'eau vers le collecteur encore inconnu. Frustré que les explos n'aillent pas plus vite, je mesure néanmoins le chemin parcouru depuis cet été....la patience est une vertu indispensable en spéléo.
Je remonte vers la surface et tombe sur Henri venu à ma rencontre. Les kits et Patrick, pas correctement équipés, sont restés plus haut. Dans le dernier ressaut j'oublie de mettre la cagoule et prends un bouillon copieux par le col de la combi. Ca devient une habitude et cette fois Jean- Mi n'y est pour rien. Sortie vers midi.
Puisque on a un accu, on décide d'aller percer dans un trou souffleur que j'avais découvert en Novembre. Ce trou, que je gardais en réserve pour les beaux jours, est placé stratégiquement au dessus de la partie médiane du tracé supposé de l'Agly souterrain. Après la grotte Violette et l'aven du roc de l'Aigle, c'est la troisième et dernière découverte de souffleur d'envergure pour 2011. Pour l'instant, la visibilité est nulle. La météo extérieure est exécrable et je suis trempé jusqu'aux os, donc une fois le travail fait, personne ne s'attarde. On reviendra lors de jours meilleurs.
départ du trou souffleur aval, autre entrée potentielle du système
Ensuite, crochet à la source de l'Agly pour montrer la rivière à Patrick. Ce n'est pas la crue, l'eau est très claire, mais on est bien en hautes eaux : 150l/sec environ, plus 50 qui sortent en contrebas. Visite jusqu'au superbe siphon, ce qui me permet de me réchauffer.
Henri et Patrick rentrent à la maison mais ma curiosité n'est pas encore satisfaite; je fais un détour par l'entrée du Bournasset pour voir le fonctionnement du courant d'air suite aux pluies de ces derniers jours. Surprise ! celui-ci est devenu alternatif (un parfait 50/50) et bien plus faible qu'en Novembre pourtant plus doux qu'aujourd'hui.
La conclusion s'impose, les siphons du réseau sud (d'où vient une grande partie de l'air) sont amorçés. C'est le moment d'aller voir si il y a une incidence sur le courant d'air du Roc de l'Aigle, dont une partie pourrait provenir du Bournasset.
Remontée sur le plateau avec une certaine appréhension : si le zef est stoppé là haut, l'enjeu de cette désob s'en trouverait considérablement amoindri...
La crainte est de courte durée... c'est une colonne de vapeur qui m'attend à l'entrée. La journée mal partie s'avère donc finalement très riche en enseignements...
Les racines et toiles d'araignées s'ebattent joyeusement à l'entrée, c'est un nouveau trou du Vent, style aven de Peyre Fouillère pour ceux qui connaissent !
Le message est donc clair : pas de siphons temporaires, indépendance (mais pas forcément absolue) avec le Bournasset; c'est bel et bien le réseau du coeur du synclinal de Sougraigne qui circule là dessous. Il y a peu d'évidences comme celle-ci sur le département, en conséquence :
IL FAUT ABSOLUMENT POURSUIVRE CE CHANTIER PAR N'IMPORTE QUEL MOYEN !