Mercredi 20 juillet jusqu'au mardi 26 juillet 2022
participants camp Berger : Felix + 3 de mon ancien club de Nice (Elsa, Antoine, Romain), et beaucoup d'autres
participants congrès : Felix, Etienne
Le mercredi, je pars pour le camp Berger dans le Vercors, qui a lieu chaque année depuis une bonne dizaine d'années : c'est un rassemblement sur 3 semaines au total, avec le gouffre Berger (premier -1000 au monde) tout équipé (même en double dans les puits d'entrée), et qui permet de progressivement dépolluer ce gouffre (déjà plus de 2.5 tonnes de déchets sortis, datant principalement des expés des années 50/60).
Arrivée le mercredi en fin d'après-midi, après un petit crochet chez Croque Montagne. Cette année, on a un terrain bien plat juste à côté du centre nordique, avec accès aux sanitaires du centre nordique. Sur le papier, c'était le super plan. En pratique, beaucoup moins : sur 3 WCs, un ne ferme pas à clé, le second a la chasse d'eau qui fuit, et pour les urinoirs, un a la chasse qui se vide à moitié par terre. Pour les douches, on a un vestiaire avec douches "collectives", avec une grande originalité : dans (sous) les douches, il y a les bacs à vaisselle : on peut littéralement faire ça vaisselle en prenant sa douche (c'est original, mais peu pratique, surtout que du coup la queue pour la douche se double de celle pour la vaisselle). Et le grand terrain plat se réduit de plus de moitié, entre une partie qui au final n'appartient pas au bon proprio (malheureusement la seule partie avec de l'ombre) et de l'autre coté, on doit garder une distance "de sécurité" de 6m avec les bâtiments. Bref, on comprend vite que le camp Berger n'est pas vraiment bienvenue.
Le reste de l'équipe niçoise me rejoint en début de soirée. On s'était initialement inscrit pour aller dans le gouffre Berger le vendredi ou le samedi. À mon arrivée, Rémy Limagne, l'organisateur, m'annonce que samedi, il y a foule, donc qu'on descendra le vendredi, ou encore mieux le jeudi où il n'y a presque personne. On se décide pour cette dernière option. On descendra en deux groupes de deux : Antoine et Vincent qui iront au fond, et Elsa et moi qui iront à -750.
Du coup, jeudi matin, réveil 6h30, pour un départ à 7h05, une arrivée au parking à 7h45. Puis une bonne heure de rando pour arriver à l'entrée. On rentrera dans le Berger à 9h30. On descend tranquillement. À -500, juste avant midi, on croise deux photographes en train de manger : on décide de continuer encore une petite heure avant de s'arrêter manger, ce qu'on fera vers -600, un peu avant le vestiaire. On arrive donc au vestiaire (-640, notre terminus de l'an dernier) un peu après 13h. Ensuite, c'est beaucoup plus aquatique, avec de nombreuses vires aériennes pour éviter l'eau, et des rappels guidés pour éviter des cascades. On s'arrêtera donc vers 15h en haut du "grand canyon" (-750), qui est en fait un énorme éboulis glaiseux : on nous a conseillé de ne pas aller plus loin, car c'est épuisant à remonter, et n'a aucun intérêt à moins de poursuivre jusqu'au fond.
On entame ensuite la remontée, en récupérant de vieilles cordes dans les couffinades, vers -680, (qui viennent du ré-équipement) : on en remontera une partie jusqu'à -500, et une partie jusqu'à dehors. Un peu plus loin, dans le grand éboulis, on retrouve les photographes qui tournent en rond depuis 45 minutes, ne trouvant pas la sortie (en fait, ils ont "raté" un affluant à l'aller, du coup, ils pensaient que le bon passage ne l'était pas). On leur montre le chemin, puis au niveau d'une petite remontée sur corde, on les laisse prendre un peu d'avance et on s'arrête pour diner.
On rattrapera un peu plus tard l'équipe dans les puits. Ils n'avancent pas super vite, mais ça va ... jusqu'à ce que l'un d'eux se retrouve avec une rupture de gaine sur 10cm : il avait un nouveau croll avec la plaque de renfort en inox usée jusqu'à devenir un rasoir ! Par chance, il est à hauteur du fractio de la deuxième corde (je rappelle que les puits entre la surface et -250 sont équipés en double) qu'il arrive à atteindre. Je l'y rejoins pour lui donner ma micro-traxion pour remplacer son croll pour le reste de la remontée du puits (ensuite, on récupère le basic de rab de son coéquipier). Vu leur état, je décide de les accompagner jusqu'à la sortie. On sera dehors vers minuit, après 15h30 sous terre, puis on se change, rando dans l'autre sens (ça monte au retour, et on est crevé), puis reprise de la voiture pour le retour au camp (très doucement, vu la fatigue). Arrivée au camp, on a la bonne surprise que les autres nous ont pris des pizzas : même froides, ça fait du bien ! On fini par se coucher, enfin : il est 4h du matin.
Vendredi, sauf Antoine, on est tous des légumes : grosse journée repos obligatoire.
Pour le samedi, on voulait initialement aller à Gournier. Au final Edouard, un des membres de l'organisation (un moniteur qui, durant le camp Berger va changer une corde à -1000 comme on irait changer une corde dans le resaut d'entrée de Trassanel), nous propose de l'accompagner à la Luire, avec David Bianzani (un plongeur local aillant plongé la plupart des siphons du coin). On accepte avec plaisir ce changement de plan.
Le camp aillant trouvé un nouveau terrain (le même que l'an dernier, mais avec un nouveau proprio), le matin on aide à monter un barnum sur le nouveau terrain (et à le débouser, les bêtes y étant encore la veille). Ensuite, après le déjeuner, départ pour la Luire, connu pour ses 57km de galeries sur plus de 450m de dénivelé (le point haut étant l'entrée), qui en crue se noient à 100%. On rentre par la partie touristique, puis 250m de puits qu'on descend en rappel en se laissant glisser le long d'échelles en fixes (de bonnes échelles industrielles bien solides et bien fixés). Ensuite, visite d'un morceau de galerie à un rythme démentiel (je suais à avoir les gouttes qui tombent du front, alors que j'avais la combi nouée autour de la taille et qu'il ne faisait pas plus de 8°). Ensuite remontée de -250 à la surface en un temps record (une bonne demi-heure seulement) grâce aux échelles (on n'utilisait que le croll en sécurité).
Le dimanche matin, David propose de nous emmener à Bournion (un énorme porche, puis de la belle conduite forcée de gros diamètre). On a de la chance, le premier siphon est sec (ce qui n'arrive que tous les 5 ans en moyenne), et on peut donc aller jusqu'à d'autres siphons plus loin.
Après le repas de midi, on se sépare : les niçois rentrent à Nice. Pour ma part, je retourne au camp démonter ma tente, puis je pars au Bourget du Lac (en Savoie) pour rejoindre le congrès international de spéléo pour deux jours.
Le lundi matin, ce sont les 3 conférences plénières : une première par Philippe Audra, qui présente les massifs karstiques français (nb : il fait remarquer que son livre Grottes et karsts de France est disponible gratuitement au téléchargement sur ResearchGate : si vous vous intéressez à la karsto, alors il est pas mal (une partie, c'est sur des concepts, la seconde moité décrit la géologie et de formation des grottes de la plupart des karsts français). Vient ensuite une présentation orientée archéologie dans les grottes, avec la datation de LittleFoot, un squelette d'Australopithèque qui permet de mettre l'Afrique du sud d'égalité avec l'Afrique de l'est comme berceau de l'humanité. Puis une présentation sur l'institut suisse de karstologie (ISSKA).
Puis lundi aprèm, et mardi toute la journée, j'enchaine les conférences scientifiques, changeant régulièrement de salle (il y a environ 6 conférences en simultané, chacune durant 20 minutes). L'une a particulièrement attiré mon attention : une équipe croate qui a cherché à repérer des entrées de grottes à l'aide de nuages de points Lidar par drone (pré-existants), avec un bon succès malgré la végétation : 50% des grottes potentielles en sont sur le terrain (90% si on restreint à celle évaluée comme "probable"), et une prospection détaillée de la zone donne environ 50% des entrées comme détectées par le Lidar. (nb : leur programme n'est pas public pour l'instant, mais j'ai cru comprendre qu'il en existe d'autre). À noter que l'IGN est en train de faire des mesures Lidars dans tout le sud de la France, dont l'Aude : une bonne partie du département a été mesurée et les données sont en phase de traitement, il manque seulement la zone autour de Limoux qui est en cours, et le plateau de Sault qui n'a pas encore été fait. Normalement, dès que le traitement est fini, les données seront disponibles gratuitement (c'est déjà le cas par exemple pour une bonne moitié de l'Hérault). Je pense que d'ici un an, on devrait avoir une bonne partie de l'Aude cartographiée au Lidar à 10 points par mètre carré.
Pour info, tous les articles correspondant aux conférences devraient être en ligne en septembre sur le site de l'UIS (comme ceux des anciens congrès le sont déjà).
Mardi soir : retour chez moi, il est temps de reprendre le boulot le mercredi matin