Samedi 22 octobre 2011-10-24
Grotte de Saint Marcel (Ardèche)
Claire, Pierre, Jean Marie et 11 autres spéléos de provenance diverse (Marseille Lyon, Grenoble Ardèche…)
TPST : 19 heures (sinon rien dixit…)
Grotte de Saint Marcel ; un les 5 plus grands réseaux français ; plus de 52 km dont une partie importante en post siphons.
Dans le réseau N6 Fredo s’était arrêté à plusieurs centaines de mètres après un point bas à –38. La galerie noyée se poursuivait en remontant doucement laissant espérer une découverte de réseau exondé.
Aujourd’hui : nouvelle tentative avec cette fois un appareil locomoteur pour réduire le temps de plongée.
Rendez-vous à 10 heures autour de l’aven Despeysse (Mate Arnaude local). Fredo vient juste de quitter GRENOBLE, fidèle à sa réputation d’éternel retardataire.
Il arrive rapidement ; nous préparons les kits et mangeons avant de descendre vers 13 heures.
Ce projet demande d’avoir beaucoup d’amis, Fredo en a. Mais il a encore plus de bouteilles.
Pas grave, certains en prendront 2 quand d’autres se chargeront du redoutable « loco ».
Descente des puits successifs et arrivée à –120 dans un méandre accidenté qui débouche enfin sur la magnifique galerie principale.
Bifurcation sur le N6 : belle conduite concrétionnée qui se termine sur une salle exceptionnelle : gour de plusieurs dizaines de m². Le sol parfaitement plat est heureusement sec. La margelle du gour haute d’une vingtaine de cms sépare la salle d’un superbe puits de –40.
Une partie de l’équipe reste dans la salle. Les autres repartent. La vire d’accès au P40 offre une bonne occasion de perfectionnement technique pour Claire et Pierre. Pendule, P20 plus intime et arrivée dans un infâme boyau descendant : 55 mètres de ramping sur une fine couche de bouillasse liquide. Surprise : cet égout accède à –170, par un petit ressaut, au plafond d’une belle galerie (5 sur 5). En « amont » siphon plongé qui mène à un réseau connu ; en « aval » belle plage sableuse et superbe siphon transparent qui se dirige vers une zone ou rien n’est connu. Nous arrivons à la plage vers 19 heures. Eternelles pâtes chinoises pendant que Fredo et Audric préparent le matériel de plongée.
Peu après 21h30 Fredo se met à l’eau : 5 bouteilles sur le dos, une de chaque coté, des tuyaux dans tous les sens : un vrai sapin de Noël. Le loco daigne fonctionner après quelques cabrages intempestifs. C’est parti pour 2 heures ou beaucoup plus s’il trouve une suite à l’air libre. Alignés sur la plage nous suivons Fredo disparaître dans le noir.
Certains commencent à remonter vers la base au sommet du P40 avec qq kits (inutile d’encombrer les cordes quand Fredo reviendra). Je suis Pierre et Claire, pensant revenir dans quelques heures, la remontée me réchauffera.
Avant de s’engager dans le boyau Magali m’appelle : Fredo est revenu !
Pas bon ça ! Je fais demi-tour.
Fredo est encore à moitié immergé. En état de détresse respiratoire. Il est mal et nous n’avons pas d’information précise sur le respect des paliers à la remontée. Sa plongée a duré environ 45 minutes.
Nous le couchons jambes surélevées et démarrons les soins avec ce que nous avons : shooté avec qq médocs, hydratation, réchauffage sous tortue, Oxygène alterné avec air ambiant.
La question se pose : évacuation avec civière ou pas. Audric et Christian plus expérimentés en secours plongée décident de laisser au repos pendant 2 heures pour éviter tout augmentation du débit cardiaque. Nous craignons surtout un accident de décompression.
Peu à peu son état s’améliore. Pas de signes neurologiques ou articulaires. Il a peut être réussi à ne pas coincer de bulle… Mais il tient à peine debout. Après 2.5 heures nous entamons le retour. Thomas ouvre la marche avec la bouteille d’oxygène en cas de besoin. Je le suis, pour être au plus près de Fredo. Le boyau boueux en marche arrière, toujours pour être au contact, est une partie de plaisir. P20 : Fredo s’accroche, par foulées de qq centimètres il réussit à se hisser. Nous devons le longer et décrocher à chaque fractio. Alain revient de la plate forme avec une corde et le hisse depuis les amarrages supérieurs. Nous allons peut être y arriver. Le P40 est un morceau de bravoure mais Fredo s’accroche toujours. Enfin nous nous retrouvons tous sur la plate forme. Ceux qui attendent là, dorment comme ils peuvent sous des couvertures de survie. Je ne me souviens plus de l’heure, 3 heures ?
Fredo récupère un peu. Magali et Arlette remontent par le réseau des puits pour donner l’alerte et des infos. Le reste de la troupe repart par la grotte de Saint Marcel. Debout, quatre pattes, ramping… debout, quatre pattes, ramping… A chaque pause la plupart s’endorment comme ils se sont posés, couchés ou même assis. Fredo tient bon.
Nous passons enfin les dernières chatières. Nous ressortons vers 8 heures. Les pompiers nous attendent (j’avais demandé un VSAB). Fredo refuse toute proposition d’hospitalisation et s’énerve quand nous insistons. Plutôt rassurant : il a retrouvé son état normal !
19 heures d’explo, une plongée qui tourne mal, les traitements qui le shootent, et il réussit à s’en sortir sans secours : sacré bonhomme !