Dimanche 27/11/22
Vieux Lion/Chandelier
Participants : Félix, Etienne, Laurent
TPST : 8h
Les premières vraies pluies de la saison ont copieusement arrosé le massif durant la semaine. Etienne me propose d'aller tenter, par le Chandelier cette fois, une belle escalade évidente au début du réseau II avant que tous les bassins nous obligent à la néoprène pour le reste de l'hiver.
On est 3, chiffre idéal pour l'escalade, donc banco !
Arrivés à l'entrée, malgré le froid matinal, on constate que le trou souffle un fort courant d'air chaud. Incompréhensible pour une entrée basse bien affirmée de massif !
J'avais déjà observé une fois ce phénomène, pendant une forte crue, et bien avant que nous ayons relié le Chandelier avec la haute surface du plateau de Sault.
Cette fois c'est différent, le Blau s'est remis à couler mais à peine, et on sait qu'il n'y a aucun obstacle au courant d'air thermique habituel. On aurait dû se méfier...
Après quelques centaines de mètres de progression, on commence à trouver des grands bassins en eau. Nous utilisons tous les moyens, y compris la technique de Tarzan avec jeté de corde sur amarrage naturel, pour tenter de ne pas se mouiller pour le reste de la journée.
Heureusement la zone médiane du réseau I, où la hauteur d'eau dépasse 2m en hautes eaux, n'est pas encore pleine.
Par contre, plus loin, ça coule de partout et tout est en train de se remplir par une multitude d'actifs. Le courant d'air soufflant est encore présent à la chatière de la Murène, où un ruisseau coule. nous en déduisons que le souffle est provoqué par l'air chassé des réseaux inférieurs inconnus, suffisamment fortement pour contrarier un thermique, et doit provenir de cette fameuse jonction que nous cherchons depuis longtemps.
Plus loin tout est presque plein et nous maudissons les "mains courantes", qu'on devrait plutôt appeler les "culs trempés" bien trop basses. Certaines sont retendues mais d'autres devront être rééquipées.
Modification de main courante au-dessus des bassins |
Par miracle, nous arrivons à la boite aux lettres sans être mouillés. Et là patatras, on se rend compte qu'on s'est cassé la tête pour rien : c'est tellement plein qu'il faut obligatoirement passer dans l'eau. De plus il n'y a presque pas de courant d'air dans le passage, ce qui semble confirmer qu'il existe bien une arrivée d'air des inférieurs dans le tronçon Murène - boite aux lettres (voir post sur les expériences aérologiques de cet été).
Instants d'hésitation, puis on se lance...
Nous arrivons au pied de l'escalade vers midi et Etienne, pour qui l'escalade est une seconde nature, entre en action telle une araignée.
Préparatifs |
C'est parti... |
Ca a une gueule terrible de galerie fossile et on a du mal à se croire dans l'Aude tellement c'est grand. Etienne s'élève de 30 m pour arriver dans un volume sans suite. Il s'agit d'une coupole décomprimée située sur un croisement de faille. Dommage mais il fallait aller voir...
Le plan de faille à l'origine du volume décomprimé est bien visible au premier tiers de la photo en partant de la gauche |
Pendant ce temps on s'est bien caillé à l'assurance avec Félix. La tisane chaude est d'un grand réconfort.
Il nous reste du temps et nous repérons plusieurs passages qu'il faudra vérifier plus tard. Nous consacrons le reste de l'après-midi à chercher tous les points faibles entre la boite aux lettres et la Murène.
Plusieurs petites escalades ne permettent pas de retrouver le courant d'air. On se rendra finalement compte au retour que ce dernier s'est presque arrêté pendant l'après-midi, pas de bol !
le jeu de cache-cache devra reprendre avec des conditions plus stables...
A noter la découverte d'un site supérieur avec suies fossilisées dans la calcite et traces d'occupations ancestrales de chauve souris (signes de bio-corrosion et de guano dégradé). Quelques actuelles également (un grand murin tout seul dans les voûtes et un peu de guano frais). Elles ont pu arriver par les grandes cheminées inexplorées au début du réseau II.
La brèche-limite, niveau géologique repère dans toutes les Pyrénées |
Film de bio-corrosion ancienne |
Guano récent |
Suies fossilisées découvertes dans un niveau supérieur du réseau I |
Sortie sans encombres à 18h30, avec un courant d'air presque nul à l'entrée. Les vêtements secs sont un régal après cette journée caloriphage.
La suite des recherches devra se faire pour les prochains mois dans les zones fossiles...