dimanche 10 mars 2024

Stage techniques légères sur le Plateau d'Albion (Vaucluse)

Samedi 2 au samedi 9 mars 2024

participant SCA : Félix

Je me suis inscrit sur un stage techniques légères sur le Plateau d'Albion, dans le Vaucluse.

L'hébergement se fait à l'ASPA, un gîte géré par 2 spéléos : Harry Lankester (BE et Instructeur fédéral, et organisateur de ce stage), et Marie-Cléia Lankester (Monitrice (il me semble) et responsable de la commission environnement de la fédé). Bref, le gîte est super, pensé pour la spéléo (une grange pour le matos collectif, un "tunnel" où on peut mettre nos affaires spéléos, un grand évier et 2 machines à laver pour laver le matos, et la chaufferie pour faire sécher les combis pendant la nuit), et avec une nourriture excellente et bien adaptée à l'activité spéléo.

 Sur le stage, il y a différentes options : découverte, SFP1 (perfectionnement en progression et commencer à équiper), SFP2 (s'améliorer à l’équipement), prépa initiateur, et techniques légères. On est 15 stagiaires au total, pour 7 cadres de haut niveau (1 instructeur, 2 moniteurs, 1 BE, et 3 initiateurs vraiment pêchus)

Pour ma part, je suis inscrit sur la partie techniques légères, avec Béa (que je connais bien, et qui n'arrivera que le lundi matin) et Daniel. Pour ceux qui ne connaissent pas, les techniques légères, c'est de la corde de 8mm (principalement, pour 2 petits ressauts on a eut droit à de la pureline en 6mm), des mousquetons doigts fils (type mousquetons de dégaine) qui restent CE, beaucoup d'AS (y compris des minuscules qui ne servent qu'à remplacer mousqueton + plaquette) et de dynemas, et bien sûr des plaquettes (dans lesquelles on passera parfois directement la corde pour économiser les mousquetons).

Et particularité de ce stage : le but est de faire des grands puits (ce à quoi le plateau d’Albion se prête bien).

Samedi : arrivée au gîte

Le rdv est donné à 16h. Présentation du stage, présentation de l'hydrologie et de la géologie du plateau d'Albion, et avertissement : il va commencer à pleuvoir en début de soirée, et il va pleuvoir beaucoup jusqu'au dimanche soir. Ils annoncent entre 60 et 110mm en 30h, sachant que le sol est déjà bien gorgé d'eau par les grosses pluies du week-end précédent.

Harry : "Le Jacky est une cavité sèche ... prends la combi enduite"

Préparation des kits pour le lendemain.

Dimanche : Aven Jacky, objectif le fond (environ -150)

Participants : Félix, Daniel, Raph (Cadre).

TPST : 5h

Ayant le matériel propre, on monte tout équipé (baudrier compris) dans la voiture de Raph. Je connais déjà la cavité, et la dernière fois j'avais équipé la partie basse. Il est donc décidé que j'équipe le début cette fois-ci. Je pars donc de la voiture 10 minutes avant les 2 autres (qui restent au secs), et ils me rejoignent au moment où je fini d'installer la dev dans le puits d'entré : synchro parfaite!

Je continue à équiper, sur un équipement un peu vieillissant, obligeant à improviser un peu quand les spits sont morts (les suiveurs ajouteront quelques AF). Et effectivement, la cavité réputée sèche mouille pas mal : je suis très contenant d'avoir pris ma combi enduite presque neuve (même si une texair aurait été encore mieux). Après quelques puits, je propose qu'on tourne plus tôt que prévu pour que Daniel puisse se réchauffer un peu, et commençant à pressentir qu'on n’atteindra pas l'objectif, vu que ça mouille de plus en plus. Pendant que Daniel équipe, je sors régulièrement le poncho et la bougie à alcool pour me réchauffer un peu. À -70, on décide de renoncer : on est tous trompés et frigorifiés, et le passage qui suit arrose encore plus. On ressort, quelle chance, pendant une petite accalmie (la pluie reprendra pendant la route de retour). Mais avec nos -70, on a quand même battu le record de profondeur de la journée : certains groupes on fait demi-tour tellement vite qu'ils étaient de retour au gîte à 10h30.

Lundi : Aven du Caladaïre (objectif -250)

Participants : Félix, Daniel, Béa, Laura alias Lo (Cadre), Sevan (Cadre).

TPST : 6h

J'équipe le puits d'entré : un très beau P70!

Le P70 (photo par Sevan)


Ensuite, Daniel équipe le ressaut qui suit et le P100.

Pendant que Daniel équipe sous la supervision de Lo, on fait de la technique avec Sevan : Décrochage, Auto-moulinette (pour Béa), Balancier espagnol (pour moi), et techniques optimisées de passage de nœud (que je connaissais déjà, mais pas Béa).
 

Balancier espagnol en cours de mise en place (photo par Sevan)

On descend ensuite le P100, qui est grandiose. Par contre, il arrose sévère : en 10 minutes de descentes, on est trempés (Bravo à Daniel qui a du passer environ 1h sous la douche pour l'équiper). La suite est un petit boyau avec un débit de plusieurs litres par secondes : ça pourrait se passer, mais on commencerait à risquer l'hypothermie pour ceux qui n’équipent pas et attendent : on décide de faire demi tour. Béa déséquipe.

Après vérification, on n'a pas raté grand chose : on a fait la partie la plus belle de la cavité, le reste de ce qui était prévu n'a pas beaucoup d'intérêt (et ensuite, ça devient carrément infâme, excepté un autre P100 presque au fond). Bref, une sortie à -180 est vraiment sympas, au-delà, ça devient plutôt pénible d'après ce que j'ai compris.

Mardi : Aven du Jean Nouveau (objectif -327)

Participants : Félix, Daniel, Béa,Harry (Cadre).

TPST : 7h 

La veille au soir, Harry nous laisse le choix de l'objectif : -327 ou -400. Au vu du rythme du groupe les jours précédents (et que lors du stage M0, on s'était arrêté vers -300 faute de temps), on décide de viser -327.

Quand on arrive, la cavité est équipée, mais pas de voitures en place. Harry savait qu'une équipe y était allé le samedi, et suppose donc qu'ils ont abandonné leur matériel pour échapper à la crue. Il tente de les contacter sans succès. On décide de re-équiper par dessus leur équipement.

J'équipe jusqu'à -187 (un petit puits, puis un P167 !!!). La cavité est brochée, et la corde en place sert de guide, donc en 1h20 j'ai fini mon équipement (avec quelques améliorations par rapport à l’équipement de l'autre équipe).

Béa prend la suite, puis Daniel. Bien mouillé, je passe le plus gros de mon temps sous le Poncho avec la bougie.

On fini par atteindre l'objectif fixé. Coté temps, on aurait probablement pu pousser jusqu'à -400 si on avait pris le matos, mais honnêtement, mouillé comme j'étais, je n'étais pas mécontent de m'arrêter là.

Au retour, on croisera l'équipe qui avait équipé la cavité : au final, ils avaient volontairement laissé équipé, pour revenir poursuivre leur opération de dépollution.

 

Mercredi : Aven Aubert (objectif -200)

Participants : Félix, Daniel, Béa, Raph (Cadre).

TPST : 6h

Pour la journée "repos" du mercredi, Harry nous a prévu un -200 "facile".

L'entrée s'ouvre au milieu d'une volière (avec un accès spécial pour les spéléos). En effet, l'entrée a été trouvée par le bas depuis le réseau du soufleur d'Albion, après un total de 200m d'escalades en artif!.

J'équipe une série de petits puits dans la zone d'entrée. Ça arrose dès le puits d'entrée, et le méandre/boyau qui suit coule bien (alors qu'il ne coulait pas la fois où Béa était déjà venue). Sur un des puits, je dois bien bidouiller pour aller chercher très loin le hors crue pour éviter de trop se mouiller (au retour, on trouvera 2 broches là pour ça, mais quasiment impossibles à trouver si on ne les connaît pas : cachées derrière une lame, et avec un pendule à 45° à faire pour les atteindre).

Béa prends la suite avec une vire remontante enchaînant sur un P100 (puits de l'adrénaline) avec une belle cascade qui coule (qui s'écrase sur un palier intermédiaire, avant de finir sa descente). La descente se compose uniquement de fracs pendulaires (tous dans le même sens), pour toujours s'écarter de la cascade. 

Daniel équipe le P55 final (puits de l'aboutissement), qui est encore plus impressionnant que le P100. Arrivé en bas, l'objectif est atteint!

On avance une dizaine de minutes de plus dans le méandre qui suit : pas très agréable, ni très intéressant.

Jeudi : Aven des Papiers (objectif -167)

Participants : Félix, Béa, Michel (Cadre).

TPST : 6h

 Daniel, un peu fatigué, part sur une cavité moins physique. L'objectif du jour est "modeste" (par rapport aux autres jours), mais on nous a prévenu : la cavité est difficile!

Béa équipe le début : tête de puits étroite, la suite est une succession de ressauts très fractionnés pour éviter les frottements de la corde (les frottements de la combi sont impossibles à éviter : le passage est souvent tellement étroit que je ne peux pas voir où je mets les pieds!

Arrivé en bas de la première corde, une petite "salle" de 2-3m² permets de se tenir debout à 2. Il faut ensuite remonter une petite escalade équipée en fixe sur une 10ène de mètres (ce qui me prends pas loin de 10 minutes avec le kit qui se coince plusieurs fois). Nouvelle suite de petits puits, généralement pas bien large.

Je reprends ensuite l’équipement. Les têtes de puits sont toujours aussi étroites pour la plupart, même si la base des puits commence à l'être un petit peu moins. Pour une suite de 2 petits ressauts, Michel me propose de ne pas utiliser la corde prévue, mais sa pure-line, une cordelette de 6mm à base de dyneema : ça file bien! (les tests sur corde neuve sont concluants (avec certaines limitations, comme le fait qu'il ne faut aucun choc, donc que tous les fractios doivent être doublés), mais les tests au vieillissement sont encore en cours). Je poursuis l'équippement jusqu'à l'objectif.

Au retour, on veillera scrupuleusement à appliquer le conseil de Michel : lorsque la sortie de puits est étroite, on fait passer le kit en premier. Et lorsque le puits lui même est trop étroit pour gérer le kit en dessous de soi, alors on le fait passer au dessus ne nous même dans la remontée (c'est pénible, mais moins qu'un kit qui se coince sous nous dans une étroiture verticale). La remontée sur la pure-line est très agréable (aucun effet yoyo). Sinon, globalement, la remontée avec un kit dans les puits étroits est laborieuse, mais moins horrible que je ne m'y attendais.

Vendredi : Aven Julien (objectif -250 à -350)

Participants : Félix, Daniel, Flo, Jack, Michel (Cadre), Savan (Cadre).

TPST : 9h30

Pour le vendredi, c'est journée "Grande sortie". Initialement, il est prévu que l'équipe techniques légères aille à l'Autran avec quelques autres du stage perfectionnement. Mais vu que les puits d'entrés sont déjà équipés le jeudi, il ne reste que le P103 et le 40 qui suit à équiper pour atteindre l'objectif de -400. Étant déjà allé jusqu'à -360 lors du M0 (mais on avait équipé depuis le début), et aillant équipé le P103, il n'y aurait que le P40 pour moi à équiper que je ne connais pas.

Je décide donc de m’inscrire plutôt pour l'Aven Julien (qui est en ce moment équipé en fixe), la seule cavité parmi celles proposées que je ne connais pas.

Et je ne regrette pas mon choix : la cavité (elle aussi ouverte depuis le bas suite à des escalades en artif) débute par une trappe fermée à clef et une buse. S'en suit une série de petits puits un peu arrosés, mais ça va. On espère juste que ça n'empirera pas trop pendant qu'on est dedans (40mm de pluie annoncés dans l'après-midi et la soirée), faute de quoi on ressortira trempés.

Arrivés en bas, on fait un crochet par la galerie des coupoles (magnifiques coupoles au plafond, dus à l'air (et au CO2) sous pression lors des anciennes mises en charges). Puis on poursuit jusqu'à la galerie du costard : on se croirait presque en Ardèche (moi qui croyait que le plateau d'Albion s'était sans aucun intérêt coté concrétions), avec de nombreuses coulées et stalagmites jaunâtres voir jaunes.

Galerie du Costard (photo de Sevan)

 

Plus loin, on arrive sur une zone étroite, où Daniel, Fatigué, décide de faire demi-tour, accompagné par Michel. Derrière la zone étroite, c'est tout aussi beau (voir plus) que dans la galerie du Costard, mais plus étroit. On trouve encore de nombreuses concrétions dans le jaune, voir dans l'orange pour certaines. On pousse encore un peu plus loin, avec une nouvelle zone étroite, un méandre, et un P20 que seul Sevan et moi descendront : on serait bien allé plus loin, mais Flo et Jack commencent à appréhender le retour et préfèrent s'arrêter là. Donc demi-tour. On a au moins atteint l'objectif minimal (-250).

Au début des puits d'entrés, Jack m'appelle : Sevan ne va pas bien, il faut que je vienne le secourir (juste un petit exercice de décrochage, ouf!, il ne fait que semblant). On ressort à 19h, pendant une accalmie (Daniel et Michel, qui nous attendent dans les voitures, sont sortis sous la pluie-neige), même si le Mistral est glacé. Retour au gîte, douche puis repas pour les 2 groupes déjà rentrés.

Vers 21h30, on reçoit des nouvelles que les premiers commencent à sortie d'Autran (ce qui est parfaitement normal comme horaire vu l'objectif), mais on commence un peu à s'inquietter pour l'équipe du Caladaïre, qui était sensé passer 8 à 10h sous terres, donc être sorti au plus tard vers 20h. Un peu avant 22h, une première équipe de 3 cadres part pour l'entrée, et avec le reste des cadres présents, je commence à me préparer pour aller prêter main forte si besoin. Au final, juste au moment où les 3 cadres arrivent au parking, on reçoit le message que l'équipe vient de sortir : ça a juste pris un peu plus longtemps que prévu.

Samedi : nettoyage du matériel et retour.

Après le petit dej, rangement de nos affaires, puis nettoyage du matériel collectif.

Un dernier pique nique au gîte, puis debriefing collectif puis individuel pour ceux qui voulaient, et retour à la maison sous un nouveau déluge.



Bref, un stage génial malgré le fait qu'on se mouillait beaucoup à cause des fortes précipitations du premier weekend.

Si ça intéresse quelqu'un, Harry propose un autre stage pendant les vacances de la Toussaint : si quelqu'un veut faire une stage un peu poussé, n'hésitez pas (à titre d'exemple, un des stagiaires "découverte" avait fait une unique cavité avant le stage, à -40. Le dernier jour du stage, il est allé à -400 à Autran)

7 commentaires:

riton a dit…

Là Félix il me bat question CR....écrit petite et....long!
Dommage qu'il manque des photos.

Félix a dit…

@riton : vu comment ça mouillait sous terre, pas question que j’emmène mon téléphone sous terre (déjà que j'aime pas le prendre de base). J'ai bien regretté de ne pas avoir emporté ma texair : elle m'aurait été bien utile. Un des stagiaires est allé jusqu'à faire une (ou plusieurs?) sorties avec une combi néoprène en guise de sous combi.

Je viens d'ajouter la seule photo que j'ai trouvée sur le drive qui corresponde à l'une de mes sorties

Félix a dit…

J'ai trouvé 2 photos de plus

Dom POULAIN a dit…

👍🏻👏👏👏

riton a dit…

Ma "texair"....ça c'est une expression de "vieux"!!!

Félix a dit…

J'en ai une (enfin la "copie" de meander) que j'ai achetée juste après qu'on ait fini la désob du moyau de l'impatience (où je vous ai bien envié les texair). Depuis ,j'en ai plus vraiment eut l'utilité, mais ça viendra un jour ou l'autre

masdan a dit…

A chacun sa folie, elle est grande, et la nôtre aussi ... Oh làlà...;-)