dimanche 5 novembre 2023

Stage M0 sur le plateau d'Albion

Samedi 28 octobre 2023 - Vendredi 3 novembre 2023

Stage M0 sur le plateau d'Albion (Vaucluse)

Participant : Félix (+Gilles sur le stage perf)


En complément du compte rendu de Gilles, voici la partie plus spécifique au M0.

Tout d'abord, c'est quoi le M0? C'est à la fois un stage de perfectionnement "avancé", orienté techniques légères, et une préparation au "M1", le stage "tests techniques" du moniteur fédéral. NB : il n'est pas nécessaire d'être initiateur pour y participer, par contre il est attendu d'avoir un niveau en équipement similaire à celui des tests techniques de l'initiateur (par contre, il est possible d'y aller sans aucune compétence en encadrement).

Nous sommes 4 stagiaires cette année, que je connais tous déjà de stages précédents : Arya, Élodie, Olivier et moi-même. Et 2 cadres à la fois : Benji (le seul du stage que je ne connaissais pas) toute la semaine, et Jacques jusqu'au mardi, Alex ensuite.

Arrivée le samedi un peu avant 14h, l'heure du RDV. Les chambres ne sont pas encore libres, donc on discute un peu. Une fois le dernier arrivé, on rentre dans le vif du sujet : une rapide présentation du stage, et on part pour un terrain proche où nos cadres nous ont installé un parcours dans un arbre pour vérifier notre aisance (avec passage de nœuds, pendule, vire, conversions, ...). Ils en profitent pour vérifier l'état de notre matériel, et nous donner des conseils sur son optimisation (entre autres, vu ma taille, ils me conseillent d'allonger ma pédale et ma grande longe (je dois avouer que d'une fois sur l'autre, je me contentais de reproduire la longueur que j'avais déjà, sans trop me poser de questions)).

Retour au gîte, repas, préparation des kits pour le lendemain, installation dans les chambres et un petit point sur ce qu'il faut faire et ne pas faire à l’équipement : la soirée est bien chargée : il est 23h sans qu'on ait eut une minute pour souffler!


Dimanche : Aven Jean-Nouveau

TPST : 8h

Participants : stagiaire : Félix, Arya, Élodie ; Cadres : Benji, Jacques. NB : Olivier est absent ce jour là.

On prévoit le matériel pour aller jusqu'à -400. On a beau prendre uniquement du matériel de techniques légères (cordes 8mm, mousquetons doigts fils (Nano 22), AS et Dyneema, et bien sûr des plaquettes (Zicral)), on se retrouve tout de même lourdement chargé.

Arya et Élodie dévident les 2 premiers kits dans le P167 d'entrée, pendant que je suis avec 2 kits bien plein. Je reprends ensuite l'équipement jusqu'à la salle du 14 Juillet (-262). Pendant ce temps, Arya perce un fractio sur AF dans un P30 à la demande de Harry (le gérant du gîte, qui est aussi instructeur Fédéral et BE) car c'est l'unique tronçon de 30m au milieu d'une série d’obstacles fractionnés tous les 15m environ. Elle en rajoutera quelques autres pour améliorer le confort de l’équipement. Puis Élodie reprend l'équipement jusqu'à environ -300.

 

équipement sur barre métallique


Il est alors malheureusement l'heure de faire demi-tour si on veut respecter le planning. On déséquipera donc, finissant de nouveau avec 2 kits chacun sur la fin.

Retour au gîte : on défait les kits, puis en prépare ensuite les kits pour les 2 cavités du lendemain (Jacky et Pépette), avec une pause repas entre les 2. Ensuite long débriefing sur tout ce que les cadres ont vu de bien, d'astucieux, ou de pas top dans l'équipement qu'on a fait. On discute de nombreuses astuces (par exemple : si 2 points sont quasi alignés verticalement, et qu'un brin de l'oreille du haut appui sur le doigt du mousqueton du bas, alors on peut passer ce brin dans le mousqueton du bas). Longe discussion également sur les différentes manières de rabouter 2 cordes au niveau d'un fractio, et laquelle est la plus adaptée selon la situation (c'est l'occasion pour moi d'apprendre enfin comment on fait un chaise double huité pour rabouter 2 cordes au lieu de le faire sur base d'un Mickey (ce qui est plus simple à faire, mais bien plus dur à défaire)). Encore une fois, il est 23h avant qu'on ne soit libéré!

Lundi : Aven Jacky

TPST : 7h

Participants : Félix, Élodie, Jacques (Cadre)

Suite à un petit malcompris avec nos cadres, on a remplacé 50% des mousquetons par de la dyneema (on était juste sensé prendre 50% de dyneema en plus). On a donc bien plus de plaquettes que de mousquetons. Certes, c'est léger, mais pas rapide à installer, quand sur chaque fractio il y a au moins une dyneema à tricoter (tisserand, noeud plat, ou reprise du mousqueton sur l'autre point, selon ce qui se prête à chaque situation).

Élodie équipe le début, puis je poursuis, et je redonne la main à Élodie. On n'aura pas le temps d'aller au fond (mousqueton + plaquette, ça reste quand même bien plus rapide), par contre ça nous aura fait un super cours sur l'utilisation de la dyneema à toutes les sauces. On fera demi-tour à -130

Dé-kitage, renkitage pour le lendemain (on échange de cavités, mais l'autre groupe aillant commencé à faire ses kits avant qu'on arrive, on ne peut pas juste échanger les cordes), repas, débrief, puis soirée sur le matériel et ses propriétés.

Mardi : Aven de la Pépette

TPST : 7h

Participants : Félix, Élodie, Benji (Cadre)

entrée de Pépette

Cette fois-ci, c'est moi qui commence l’équipement : un ressaut d'entrée, et un P46. Élodie prends la suite (on en profite pour me refaire une pédale plus longue, qui me permet de la garder en fixe tout en attachant le mousqueton sur le baudrier). Enfin, je reprends l’équipement pour le dernier puits : main courant, tête de puits, un fractio, puis j'arrive sur un palier, et là, il n'y a plus rien! Ni moi, ni Benji, ne parvenons à trouver les points pour la suite : soit il falait prendre le puits parallèle, soit ils sont vraiment bien cachés! En tout cas, on fait demi tour à -140, soit 10m au dessus de l’objectif, par manque de temps : dommage.

Le soir, présentation sur les différents systèmes de coordonnées utilisés pour donner les coordonnées des entrées des grottes : longitude/latitude, UTM (30,31,32), Lambert I, II, III, Lambert 93, ... Et les ellipsoïdes de référence (par exemple, à la pierre saint martin, le topo-guide utilise encore un ellipsoïde "antique", l'ED50 : si on ne fait pas attention et qu'on utilise le WGS84 (le classique, utilisé par Google Maps par exemple), alors on est 300m à coté : trop peu pour facilement se rendre compte qu'on est pas du tout au bon endroit, mais bien assez loin pour pouvoir passer sa journée à chercher l'entrée!

Mercredi : Falaise

TPES : 6h

Participants : stagiaire : Félix, Arya, Élodie, Olivier (qui nous rejoindra qu'à midi) ; Cadres : Benji, Alex (Vdk)

On commence la journée en équipant chacun une voie en falaise (15-20m). J'équipe ma voie en 45 minutes. Ensuite, on a pour consigne de re-équiper la même voie maintenant qu'on la connaît, en essayant de gagner en vitesse d'équipement et en confort : 18 minutes. Puis une 3ième fois : 17 minutes (avec un gros changement sur le début, qui améliore le confort, mais qui change pas mal les choses, limitant donc le gain en temps : il aurait fallu la faire une 4ième fois pour en voir vraiment l'effet, mais on passe à la suite). Je déséquipe la main courant d'accès globale à ce secteur de la falaise, puis j'équipe une nouvelle voie dans une autre partie plus surplombante, qui permettra de faire des ateliers pour l'après-midi.

On remonte manger, et on se prendra quelques gouttes de pluie à la fin du repas (heureusement, ça en restera là).

On consacre l'après-midi à différents ateliers : décrochage d'équipier depuis le bas vers le bas (le classique : grande longe ou pédale crollée). On voit aussi une technique un peu plus sophistiquée avec une grande dynema à la place de la pédale, qui permet de démultiplier notre poids pour soulever quelqu'un de beaucoup plus lourd que soi.

On voit ensuite une technique très simple de tension de tyrolienne : d'un coté, on fait un demi cabestan vérouillé par un noeud de mule (nb : à ce point, la main courante n'est pas encore tendue, donc c'est facile, contrairement à quand on tends la main courante avec le demi-cabestan), et de l'autre coté, on fait un noeud rémy (un noeud basé sur 2 mousquetons, qui coulisse dans un sens mais pas dans l'autre, et qui peut remplacer un croll perdu). Il faut donc en tout seulement 3 mousquetons ! Attention par contre à bien prévoir le débrayage avec le demi-cabestan, autrement la tyro sera impossible à défaire.

Enfin, on voit le balancier espagnol avec 2 variantes : la classique et une avec une dyneema en plus. Selon les personnes l'une ou l'autre est plus efficace (La force exercée est 0.5*mon_poids+poussée_de_ma_jambe pour la version classique contre mon_poids + traction_de_mon_bras pour la version avec dyneema).

Et enfin, une petite révision de l'Auto-moulinette.

Retour au gîte de bonne heure, et préparation de la grande sortie du lendemain : au final, on n'ira pas à l'Aven des Papiers comme initialement prévu, mais à l'Aven Autrans, plus intéressant, qui vient d'être déséquipé. On prépare les kits, on fait un petit débreifing de la journée, puis on prépare les topos et on discute de l'organisation.

Jeudi : Aven Autrans

Équipe 1 : Arya, Élodie, Benji (cadre) :  TPST : 19h

Équipe 2 : Félix, Olivier, Alex (cadre) :  TPST : 18h

Objectif : au moins le bas du P103 (ie -360), si on a le temps le siphon blanc à -400. On aura 6 kits de corde (en 8mm, sinon il en aurait fallu encore plus) et un kit avec le second repas de chacun, le premier étant dans nos mini-kits). On décide qu'une première équipe partira du gîte à 7h, et la seconde à 8h30.

Le matériel d’équipement pour Autrans (sans le kit bouffe)

Arya et Élodie se portent volontaire pour être dans l'équipe 1 : ouf! Le réveil à 6h du mat ne me faisait pas du tout envie.

La première équipe rentrera sous terre à 8h10, la seconde (la mienne) à 9h10. On se prendra une averse juste à l'entrée du trou. On rattrapera la première équipe à -50. En trouvant un bas de puits assez confortable, on décide de leur laisser une demi-heure d'avance pour continuer à équiper : on sort donc tous nos ponchos (et moi en plus ma bougie : autant se mettre confort).

L'équippement s'enchaine jusqu'à -109 (à partir de là, Olivier reprends l’équipement pour les divers petits obstacles), puis on parcourt le méandre rouge, bien glissant (il doit son nom à l'argile rouge qui le tapisse), puis un petit bout de galerie facile (le seul!) avec un petit filet d'eau au fond. On entame ensuite le "grand méandre", qui n'a de grand que sa longueur : 700m de long pour 100m de dénivelé, avec juste un P11 et un R4 au milieu. Il est beau, il est propre, il y a un joli petit ruisseau qui coule au fond ... Tout serait parfait s'il était 3 fois plus large. En l'état, c'est à peine si ça passe à l'égyptienne (ie de coté), et encore, très souvent, il faut se hisser un peu sur les bras, ou fléchir un peu les jambes, pour faire passer les endroits les moins larges de notre physionomie aux endroits les plus étroits. Le tout bien sûr avec un kit rempli de 100m de corde! et mon mini-kit. On mets 1h30 à parcourir le méandre.

On arrive alors au bout du méandre, qui se jette dans le P103 : un puits magnifique de 20-30 * 40-50m de diamètre, avec une belle cascade, et d'énormes rognons de silex dans la partie passe (certains de plus d'un mètre!). C'est à mon tour d'équiper : sacré ambiance! Une main courante remontante pour passer au dessus de la cascade, puis descente en rive gauche, avec plusieurs pendules pour s'écarter autant que possible de la cascade (ce qui n'empêchera pas de se prendre des embruns). Il faut ensuite traverser la rivière au profit d'un palier sur lequel s'écrase la cascade, pour poursuivre en rive droite. On se rassemble en bas, et vu l'heure (déjà 19h!), on décide de faire demi tour. Sans compter que le temps que j'équipe, le débit dans le méandre à doublé!

On remonte le P103 (je profite d'avoir emmené un petit Kway pour réduire l'impact des embruns), puis de nouveau le grand méandre : dans ce sens, il nous faudra presque 2h30 pour le parcourir : les cordes sont maintenant mouillées (donc plus lourdes), on est plus fatigués, le niveau d'eau est un peu monté, et surtout ça monte! On poursuit ensuite sans encombre la remontée jusqu'à -109, au pieds de la série de puits de l'entrée. J'attaque le déséquipement : au début, c'est confort, mais plus ça vas, plus les puits sont arrosés! 

Benji pars devant pour améliorer l’équipement pour essayer d'écarter au maximum les cordes du chemin de l'eau, et fait un aller-retour dehors pour signaler que tout vas bien, vu qu'il est clair qu'on sera loin de tenir l’horaire prévu d'être sorti avant minuit, et Alex finit par prendre la fin de l’équipement pour gagner du temps. Sur la fin, dans certains puits, c'est littéralement la douche (prenez une douche à l'italienne, et imaginez que le pommeau couvre toute la cabine de douche : ça vous donnera une bonne idée de l'ambiance). On se débrouille tant bien que mal pour se faire passer les kits bien lourds dans les têtes de puits pour la plupart bien étroites (d'autant plus que pour la plupart, on a maintenant 2 kits par personne).

On fini par tous se regrouper à -20, personne ne voulant sortir trop en avance, car on est tous trompés de la tête au pieds, et dehors les températures ont chuté drastiquement : il ne fait plus que 1°C. On sort à 3h10, et Alex qui termine le déséquipement à 3h20.

Ça nous fait 18h sous terre pour l'équipe 2 (mon record, si on exclu un bivouac à Cabrespine), et 19h pour l'équipe 1. On rentre en marche forcée aux voitures pour essayer de se réchauffer un peu (ou plutôt de ne pas se transformer en glaçon), on se change, et retour au gîte, où Doum-Doum nous attends en pyjama pour nous dire qu'un bon Bœuf Bourguignon nous attends au Frigo. Le temps de manger, il est presque 5h du matin le temps d'être au lit.

Vendredi : Nettoyage du matériel et retour (ou pas ?)

Pas de repos pour les braves : le réveil est à 7h30 (soit 2h30 de sommeil) car il faut laver le matériel et ranger le gîte. Les M0 sont en charge du nettoyage de la quincaillerie et des sangles/dynemas/AS, pendant que ceux du stage perf s'occupent de laver les cordes. Pour le sangles/dynemas, on peut utiliser les 2 machines à laver "spéléo" d'Harry (le bouveau gérant du gîte de l'ASPA), et pour le reste, on a un grand lavabo. On peut s'estimer chanceux, les perfs, eux, doivent aller à la rivière ... sous la neige (qui heureusement ne tient pas).

Rangement du gîte, debriefing individuel et collectif, il est l'heure de prendre un dernier repas ensemble. Le stage M0 est ensuite terminé. Les stagiaires du stage perf( dont Gilles) doivent encore recevoir leur debriefings individuels. Ensuite commencent les au-revoirs. Avec Gilles, on finit par décider de rentrer, et Gilles propose généreusement de conduire ma voiture, ce qui est plus raisonnable vu mon manque de sommeil. On monte dans la voiture, Gilles démarre ... enfin, il essaye : la voiture ne veut pas démarrer! On essaye en poussant la voiture dans la pente : elle ne semble pas loin de démarrer, mais ça ne suffit pas. Parmi les rares stagiaires encore présent, on en trouve un avec des câbles : on relie les batteries des 2 voitures, mais sans plus de succès! On retourne au gîte, où Marie Cléia nous propose du "start pilot", un spray pour aider des moteurs récalcitrants à démarrer : pas plus de succès. En désespoir de cause, je finis par appeler l'assistance de mon assurance auto. Un dépanneur est sensé arriver dans une heure. Peu avant l'échéance, le dépanneur me rapelle pour me dire qu'il en a encore pour une heure de plus! Harry, rentré entre-temps, me propose de tenter de me remorquer avec son mini-bus : on essaye, sans succès d'abord, puis on fini par réussir à faire démarrer la voiture avec la clef (le fait d'être remorqué à du recharger la batterie). On arrive donc enfin à partir! Il est 20h30 le temps d'arriver à Sète.


PS : les photos sont d'Élodie

3 commentaires:

Dom POULAIN a dit…

bravo pour ce stage.et une belle découverte des grands trous du Vaucluse

riton a dit…

Impressionnants les CR de Félix! Presque aussi détaillés que les miens, il y a quelques temps. Je suis devenu plus concis...

masdan a dit…

C'est vrai Riton, mais il faut dire que tu n'as plus beaucoup de sorties !!! Ahhhh, l'âge quand ça re prends... ;-)