samedi 4 novembre 2023

Stage de perfectionnement sur le plateau d'Albion

Samedi 28 octobre 2023 - Vendredi 3 novembre 2023

Stage de perfectionnement sur le plateau d'Albion

Participant : Gilles, Félix

Félix et moi avons participé stage organisé par l'École Française de Spéléologie (EFS) sur le plateau d'Albion dans le Vaucluse. Nous étions hébergés (et choyés !) au gîte de l'ASPA, à Saint-Christol d'Albion, géré par les spéléologues Harry et Marie-Clélia Lankester.

Félix était là pour participer à un module dit "M0". Il s'agit d'un module de perfectionnement technique assez pointu et conduisant à réaliser de grosses sorties, préparatif au M1, module technique du diplôme de moniteur. Un compte-rendu séparé sera fait.

Quant à moi, le but était de me perfectionner à l'équipement.

Samedi 28 octobre

L'accueil du module M0 se faisant à 14h et celui des stagiaires perfs à 17h, j'ai profité de l'après-midi de libre pour me balader et repérer les entrées de trous autour du gîte, notamment le fameux trou souffleur d'Albion ainsi que l'entrée de l'Aubert.

La particularité de ce stage est que la gestion des stagiaires perfs est confiée aux stagiaires présentant le M3, module pédagogique du moniteur. Les M3 sont eux-mêmes encadrés (et évalués) par les moniteurs et instructeurs de l'EFS. Bref, une belle pieuvre organisationnelle !! Les M0 de leur côté, au nombre de 4, vivent leur vie avec deux moniteurs dédiés. Nous sommes au total une trentaine.

Avant le repas, vérification des matériels personnels de chacun. 

Dimanche 29 octobre

Émilie, Teva et moi-même partons à l'aven du Grand Guérin. Nous sommes encadrés par Olivier et Dom. L'objectif du jour est très modeste, ce sont trois puits en enfilade : P9, P14 et P42. Dom équipe et remonte vérifier que nous savons progresser. Nous sommes tous les trois étonnés, visiblement la fiche d'information du stage laisser à penser que nous étions vraiment des débutants... les cadres nous avouerons ensuite s'être mis dedans au niveau des compétences, car Émilie et moi équipons déjà, ce qui ne semblait pas visible sur la fiche. 

Révision passage de nœuds et conversion au pied du P42, puis nous remontons. 

P42

Il nous reste du temps, à l'extérieur nous faisons un atelier nœuds. Discussion très intéressante autour du chaise double, avec démonstration à l'appui de ce qui peut se passer en se longeant dans une oreille.


Le soir des exposés étaient organisés par les M3, ce soir-là c'était sur les équipements du spéléo.


Lundi 30 octobre

Direction l'aven Borel, qui se situe au milieu d'une carrière abandonnée. Un gros IPN a été posé en travers du P20 d'entrée. L'équipe du jour est constituée d'Émilie, Lise, moi-même, encadrée par Jean-Luc.
J'équipe le puits d'entrée, puis nous nous retrouvons en bas. Deux voies sont aménagées pour la suite, j'en équipe une et Émilie la seconde. Au pied du P5 pour se réchauffer après avoir mangé, exercice à nouveau de conversion et passage de nœuds, puis nous nous enfilons dans le méandre et Émilie équipe le P9. La pluie est battante à l'extérieur, l'eau commence à ruisseler de partout, l'ambiance devient très lugubre. Au pied du P9 devenu arrosé, nous faisons demi-tour, la suite est réputée très humide en cas de pluie.
Retour à la voiture sous une pluie battante.


Douche, petite pause, puis à 18h30 exposé des M3 suivi du repas à 20h tapantes. Après manger direction le garage pour la confection des kits de la sortie du lendemain : l'aven Joly, au pied du P26.

Mardi 31 octobre

Pour cette sortie, je serai avec Tao à l'équipement, encadré par Mahiedinne, M3 lui-même observé par Zap. 

Je commence l'équipement. La tête de puits se fait sur un poteau électrique posé en travers du trou. Je galère un peu à faire la tête de puits le plus haut possible avec la main courante partant de l'arbre tendue. Mahiedinne me montre la technique du tire-point que Félix m'avait également enseignée mais que j'avais oubliée ! C'est nettement plus simple ainsi.

Le R3 suivant me pose quelques difficultés de lecture pour l'équipement, Mahiedinne me pose les bonnes questions pour finir par trouver des spits en plafond bien plus haut que l'obstacle. 

L'équipe descend et Tao reprend l'équipement. Il s'agit d'un P10 situé au bout d'un boyau descendant étroit et empêchant de voir l'obstacle. Re-discussion sur les mains courantes. 

C'est à mon tour d'équiper : P15+R5+P10, chouette, ça va dérouler ! Le P15 s'ouvre au bout d'un boyau encore plus étroit que le précédent, c'est l'aventure ! J'arrive à sortir du boyau et me retrouve avec quelques pieds et 20m de vide sous les fesses. Je vois un spit, rien de plus. J'appelle Mahiedinne à la rescousse, il est décidé de faire tout en AN. 

Tête de puits du P15

Je descends, j'arrive sur palier, le R5 semble pouvoir s'enchaîner sans frac, je tente le coup, ça passe ! J'installe une main courante pour libérer la corde et permettre à Mahiedenne de me rejoindre. La tête de puits du P10 est un peu étroite, je décide d'utiliser les points les plus hauts, c'est aussi l'occasion de m'entraîner à faire de grand Y vu qu'on est large sur la corde. Rétrospectivement, j'aurais pu faire les oreilles plus courtes.


Je termine la main courante et tout le monde se retrouve sur le palier du dessous. Tao doit reprendre l'équipement mais vu le positionnement des points (sûrement ceux hors crue), il me passe la main. Le beau temps étant annoncé toute la journée, inutile d'aller chercher ces points aériens. Je n'ai rien à faire, ça descend tout seul en passant près de la paroi il est vrai. 

Superbe P16

Nous arrivons au couloir de la sublimation, c'est superbe ! 


Après la pause repas, Tao équipe un R6. Les points sont un peu loin, pas facile à aller chercher du haut de ses 12 ans !
Je prends la suite, un boyau où l'eau ruisselle qui se termine sur un P9, ambiance... Je ne trouve qu'un spit. Une Dyneema autour d'une grosse lunule fera l'affaire pour la tête de puits. Je descends, ça mouille un peu, et il manque trois mètres de corde ! Rabout de corde, passage de nœud, et me voilà en bas. Hélas il est trop tard pour continuer, nous devons être au local matos à 16h45. Pas de P26 aujourd'hui !
Nous déséquipons à tour de rôle, puis traditionnel dékitage, exposé, repas et enkitage pour la sortie du lendemain.

Dékitage

Après le repas, épreuve du tabouret. Personne ne parviendra à la version ultime qui consiste à passer dans le cerceau.

C'est bien coincé ! 


Mercredi 1er novembre

Suite à une très mauvaise nuit, je choisis de ne pas aller sous terre, retour au lit après le petit-déj. L'après-midi passe vite, je m'entraîne à régler rapidement les oreilles de chaises doubles au local matos (sans succès), et les premiers groupes commencent à rentrer de leurs sorties. 
Demain c'est déjà la dernière journée, nous irons à Pépette, encadré par Sandro alias Fraise, qui sera évalué dans le cadre de son M3 par Doum Doum et Dom. Je lui fais part de mon envie d'équiper le P46, histoire de me faire peur !

Après le repas, nous confectionnons les kits. Je décide de remplacer quelques mousquetons-plaquettes de la fiche d'équipement par des AS, pour jouer un peu.


Jeudi 2 novembre

C'est le grand jour ! Objectif -150 m.


Après le petit-déjeuner, nous partons rapidement. Fraise nous briefe sur les objectifs personnels de chaque stagiaire sur la journée. Ma requête a été entendue, il est prévu que j'équipe le puits d'entrée et le P46.


J'installe la tête de puits du P46 et je commence à descendre. Le stress monte, premier grand puits pour moi à l'équipement... vu la fiche, je suis censé trouver 3 fracs, le premier est évident et conduit à un petit palier à -15 m. La suite me demande un peu d'observation. Le prochain frac nécessite de penduler légèrement et est totalement aérien. La tension monte encore d'un cran ! 😁
C'est reparti, encore une trentaine de mettre à descendre. Je suis certain que ça descend en un jet vu la configuration. Je cherche néanmoins un frac de confort, j'aperçois un spit, insuffisant vu que c'est potentiellement la dernière tirée. Direction le sol. Toute l'équipe se réunit en bas.
Elliot et moi faisons des exercices avec la poulie-bloqueur pendant que Willy se colle à l'équipement du P17. La tête de puits est très compliquée, il faut contourner une colonne avec 0 pied. Ayant débuté la spéléo 3 jours auparavant, merci le cadeau !! Elliot reprend l'équipement arrivé au pied de ce P17, avec le P11 suivant. Lorsque je les rejoins, un truc m'interpelle : c'est quoi cette poupée ?! La corde suivante a été entamée alors qu'elle devait enchaîner les deux puits. Machine arrière, démontage du frac et il repart avec la bonne corde... 
Elliot est fatigué, Fraise me proposer de reprendre l'équipement. Youpi !
La suite est décrite comme une succession de puits P15 + P28, mais il s'agit plutôt d'un P45 qui consiste à descendre dans une grande faille avec des banquettes de part et d'autre.

La grande faille (photo prise sur la corde)

Vu la configuration des lieux, je pars avec les deux kits car je ne j'ai pas l'impression qu'il sera facile de se rejoindre, et je préfère avoir la corde suivante et son matos si la C70 venait à être trop courte.
Je descends et ne réfléchis plus à la fiche d'équipement, je m'astreins à lire la cavité, ce qui marche plutôt pas mal. 
J'arrive sur un palier et jette un coup d'œil à ce qu'il reste de la C70 dans le kit : rien ! Déjà ? Je n'ai pas vu le temps passer. 
Je raboute au niveau du début de main courante du palier la C40 restante, ce qui permet à tout le monde de se retrouver à cet endroit. 
La tension est montée d'un cran, nous sommes à plus de 2,5 % de CO2 et l'effet du gaz est ressenti par tous sauf moi (du moins de façon minime). Pendant que les autres mesurent leur pouls et comptent leurs battements, je commence l'équipement du P19, objectif de la journée. J'arrive sur un premier palier vers -9 pendant que les premiers commencent à remonter le P28, décision est prise de faire demi-tour. Snif !! Il ne restait que 10 mètres à descendre. 
Je remonte, chargé du déséquipement vu que je suis "en canne". 
Arrivé au pied du P46 où les effets du gaz sont moins perceptibles, atelier point chaud ! 

Dom fait sa sieste sous le point chaud

Le P46

Nous sortons quand la nuit tombe, par chance, il ne pleut pas (plus).

Harry et Marie-Clélia nous on fait leur tiramisu. Il faut en laisser 6 parts pour les M0 qui sont parti à -400 m dans l'aven d'Autran et qui rentreront tard (spoiler : ils sont rentrés au gîte vers 5h)

Division en 18, facile !

Vendredi 3 novembre

Il fait 3 degrés, il a neigé sur les sommets, il pleut, le temps idéal pour laver le matériel à la rivière.
De mémoire : 43 kits, environ 3000 m de cordes, 350 mousquetons, une cinquantaine d'as, et un nombre impressionnant de Dyneema et sangles qu'Harry aura la gentillesse de nettoyer dans sa machine à laver !

Un bon moment en vue !


Avant le repas, on fait le débrief collectif du stage perf avec les M3.
Durant le repas, une bonne nouvelle est annoncée : les six stagiaires M3 voient leur module validé, félicitations à eux !
Vient après manger le débrief individuel et le moment des adieux. Les adieux seront plus long que prévus, la batterie de la Félixmobile ayant décidé de rendre l'âme et le dépanneur mettant près de deux heures à venir. Finalement le démarrage se fera à la poussette (plutôt à la "tirette") tracté par le camion d'Harry sans l'intervention de l'assistance. Pour l'expérience, Harry ne prendra qu'une seule oreille d'un chaise double pour tracter. Bien sûr il n'a pas bougé puisque ça tirait équitablement sur les deux brins de l'oreille. 😁

Au bilan, un stage très enrichissant, avec une grande diversité du public, allant de gens en stage découverte n'ayant jamais touché une corde (et dont certains on terminé la semaine dans le magnifique P100 d'Aubert, bravo à eux !) à des initiateurs eux-mêmes en formation pour le moniteur. 
À noter un travail très précis de la part des M3 avec un suivi personnalisé de chacun des 13 stagiaires perf, en donnant des objectifs pour chaque jour en fonction de la veille.
À titre personnel je suis très satisfait des choses que j'ai apprises (notamment sur les mains courantes), et j'ai repris confiance dans les grandes verticales, grâce au descendeur stop dont la descente sur la 8.5 mm est parfaitement gérable (les poulies du stop sont plus profondes que le simple). Je me sens prêt pour équiper le P54 de l'aven du ruisseau de Castanviels alors qu'il y a quelque temps j'avais hésité à y descendre. Ça progresse, pourvu que ça dure.

8 commentaires:

Dom POULAIN a dit…

bravo pour ce stage !!!

masdan a dit…

Bon, question CO2, tu es prêt pour le trou des 1000 feuilles.. ;-), mais oublie la deenéma.... ;-)

Alary a dit…

Super tout ça ! Hâte de voir ce que tu as appris en action dans nos contrées !

Laurent a dit…

Belle motivation !
Le gîte et les cavités du plateau d'Albion sont vraiment top pour ce genre de stages...

riton a dit…

Je me rend compte en te lisant du privilège que j'ai de laver mon matos dans le l'eau minérale à 24 degrés!!
Belle photo du P46.
Et....du local de matos! Bientôt comme ça à Trassanel??

Félix a dit…

Les corde de la planche de droite, c'est que de la 8mm (sauf la orange) : on s’achète la même chose pour le club? ça allège sacrément les kits (ou alors ça permet d'aller plus loin pour des kits aussi lourds mais moins nombreux)

riton a dit…

Je n'ai rien contre le 8mm. ça fait en fait belle lurette que ça existe: en 1981 l'on en avait utilisé aux Posets, because marche d'approche conséquente.
Par contre en explo souvent gadouilleuse comme ici, il faut au minimum du 10.

Félix a dit…

Pour des équipements en fixe sur des explos en cours, je suis tout à fait d'accord que la 8mm n'est pas le bon choix. Par contre, je n'irais pas jusqu'à dire 10mm minimum en explo : je dirais que 9.5-10mm est pas mal. Plus gros, ça commence à devenir pénible à descendre selon comment a été usé le descendeur.