dimanche 20 février 2022

Avalanche de galères (presque) jusqu'au bout

Dimanche 20/02/2022

Vieux Lion/Chandelier

Participants : JLuc, Flo, Dom, Denis, Laurent

TPST : 9h


Il y a des journées comme ça qui démarrent mal...

7h du mat, message de Dom : retard en prévision...

10 mn plus tard, autre message : Denis a perdu ses clés et son matos spéléo est à l'intérieur de la voiture...

Je tente de contacter JLuc pour lui signaler le retard, il n'aura jamais le message...

On se retrouve à Couiza pas en avance donc, mais Denis a pu trouver ses clés de secours.

Dom a amené le nouveau perfo Hilti. Par habitude, je vérifie quand même la compatibilité des accus avec le modèle plus ancien, le vendeur lui ayant assuré que c'était bon...

Et ben c'est pas compatible ! Connectique et pièces identiques mais différence de moulage plastique de l'arrière...Pas d'autres choix pour aujourd'hui que de tenter de percer avec l'ancien perfo dont la percussion est quasi-morte : rendement à 20% max. Echec global de la journée en prévision ; quand ça veut pas...

Flo a heureusement amené le TE6 qui pourra théoriquement un peu compenser. On descend donc sous terre à seulement 10h avec deux perfos de désob, 4 accus plus le perfo d'escalade et un tas de matos. Les kits sont blindés...

J'ai pris de l'avance pour aller commencer à calibrer la dernière ligne droite du boyau du Vent, mais rien à faire, la mèche ne veut pas avancer dans son trou.

Et pour cause : la pastille à l'extrémité de la mèche de 1m vient de rendre l'âme après plusieurs années de bons et loyaux services. Nous sommes maudits...c'est un sketch !

On se réorganise : JLuc et Dom enlèvent les gravats amenés par la crue à la sortie du boyau, Flo et Denis partent continuer l'escalade à partir de la salle carrefour, et je tente d'optimiser la désob avec les moyens du bord restant à disposition.

On a convenu de se retrouver pour manger après ces premières missions respectives. Quand je rejoins l'équipe escalade dans la salle, je me rends compte que le bruit d'actif dans la lucarne après le siphon perché est plus fort que d'habitude. Il n'a fait que 12mm de pluie mais ça réagit déjà bien sous terre.

Flo avant l'escalade dans le grand puits: il est encore sec...

Quand j'arrive à la salle, Flo ressemble à une serpillère : son escalade était bien arrosée, mais le bougre n'a rien voulu lâcher et est monté sous la flotte !

Il est trempe jusqu'au slip et une flaque d'eau se forme sous lui alors qu'il mange. Respect total pour la volonté, alors qu'il y avait d'autres escalades sèches pas très loin. En plus le palier atteint n'est qu'un relais dans un volume vertical sans départ de galerie, la série pas de bol continue...






Pas d'autres choix pour lui que de se mouvoir puis de remonter. Il part déblayer la deuxième salve du jour au boyau, puis remonte avec JLuc et Dom.

Comme il n'est pas trop tard dans l'après-midi, on décide avec Denis de continuer vers le fond et d'attaquer une des deux escalades qui résonnent. Auparavant je file revoir le siphon amont de la rivière temporaire, je ne me lasse pas de cette zone sculptée à l'extrême.

Roche déchiquetée dans la zone active

Cours de la rivière temporaire dans l'inférieur (dimensions 5X3m)

Sans surprises et bien dans le ton de la journée, non seulement le siphon amont a arrêté de baisser, mais il est remonté de 5m ! La rivière temporaire est à deux doigts de s'activer pour de bon.

On persévère malgré tout et Denis commence à escalader vers les volumes supérieurs. On se remotive, 1h plus tard ça commence à sentir bon avec un palier horizontal et du volume.

Et soudain, c'est le drame...

Denis en pleine action. La stalagmite est prête à le recevoir en cas de glissade...

La voix de Denis arrive du haut : "Il y a des traces de pas". Damned, on vient de reboucler avec la zone explorée le 12/02 par Félix et Flo. C'est la cerise sur le gâteau, le réseau nous fait un doigt (d'ailleurs bien visible sur la photo précédente)

En haut de l'escalade du jour

Du coup, on a bien atteint une résonance, mais ce n'est pas celle du fond, un mur sépare ces deux compartiments et le mystère n'est donc pas levé de ce côté là.


Pourtant, après tant d'échecs et de péripéties, tout (ou presque) va soudain s'éclairer. La zone est certes complexe mais bourrée d'informations. Nous suivons la faille de Picaussel (ou de l'Etreuil) dans des vides étagés et coalescents, l'ensemble est assez impressionnant, volumineux, à la fois vertical et horizontal. Réseaux actifs et fossiles jonctionnent régulièrement et ne font plus qu'un.

Il faut trouver la faille dans la faille, la clé du labyrinthe...

Morphologies de conduits, niveau max de crue, cotes alti, tests d'éclairages entre volumes sont autant d'indices et on se prend au jeu de piste. Un premier passage attire notre attention : il y a une galerie la-haut, que l'on pourrait prendre pour un bouclage. Il n'en est rien, et elle est à l'altitude des galeries du Chandelier.

Placage de sable ancien dans la zone fossile, 25m au-dessus de la rivière temporaire

Une galerie nous attend en haut, il y a un pas à équiper

Niveau max de crue sur paroi (réseau sup)

Miroir de faille et zone broyée (faille de Picaussel, 140m sous la surface)

Galerie sur la même faille

L'enquête se poursuit, aidée par les faisceaux focalisés des lampes. Nous découvrons un deuxième passage, puis un troisième. Les faisceaux éclairent de grandes cupules en paroi dans une galerie, un ancien collecteur possiblement, d'au moins 10m de haut, pleine roche et hors crue. Il manque un ou deux points d'ancrage pour l'atteindre là aussi.

C'est grand ! (Réseau sup, en limite de la zone de battement de nappe)

On voit qu'une partie de cette galerie reprend la direction est, vers le point chaud, l'autre partie semble aller vers l'ouest et recoupe la faille de temps à autre, comme un grand méandre. Peut-être une des solutions, ou la solution, à ce dédale.

Autre accès vers le niveau inconnu visible au-dessus

L'avalanche de galères s'achève donc sur de belles perspectives moyennant de petites escalades supplémentaires. Le paysage s'est éclairci.

On pourra shunter le dernier puits et la dernière escalade, gagner de l'énergie et du temps en équipant une grande main courante horizontale de 40m environ (ambiance dantesque) pour arriver directement dans ce secteur. Un gros paquet de boulot en perspective pour les prochains mois, également en topo.  

Ce dessous le schéma d'explo mis à jour au 20/02. Certaines lettres du schéma de Félix dans un post précédent ont été replacées.

 


17 commentaires:

masdan a dit…

Comme une luire d'espoir !!! Ce truc , à l'allure où ça va , va développer un max !

masdan a dit…

Pour Flo, Hip hip Mazo ...;-)

Bon, je sais, mais vous pourriez inviter, gentiment le Riton, Car il mérite, en toutes amitiés, sa part d'explos....

Laurent a dit…

Une "luire" d'espoir c'est exactement l'expression (involontaire?) qui convient : A la luire, il y a 56km de développement dans la zone de battement de nappe, record du monde de mise en charge avec presque 500m.
Ici on est plus modestes,50m à peine de mise en charge (pour le moment), mais côté développement ça déroule et c'est loin d'être fini.

masdan a dit…

Ah, que voilà....

https://www.dailymotion.com/video/xqjjbf

masdan a dit…

Non, elle est volontaire ( humour admiratif), mais je n'ai pas pu mettre la coupe du réseau que je voulais avec comme tu as mis le niveau haut de crue c'était
une animation où tu voyais l'ennoiement du réseau quand la Luire ''crêve''....

Thierry bonnel a dit…

Merci pour la coupe qui est parlante de la complexité de superpositions. Bravo aussi pour les escalades en conditions humides.
Par contre , je plain le topographe pour les prochaines séances de relevées !

masdan a dit…

Thierry, il te faut reprendre du service, ça va passer sous le SP4....

masdan a dit…

Denis a retrouvé ses clefs ?...

riton a dit…

Si c’était trop simple, comme en Chine, l’explo serait déjà finie!!!La Nature est bien faite. Bien mieux que la créature sur deux pattes avec un gros cerveau...

masdan a dit…

En Chine ils n'ont jamais rien fini, et sans cesse sur l'ouvrage......

Dom POULAIN a dit…

bravo à flo pour ton escalade

Thierry bonnel a dit…

Daniel,je sais pas vraiment où ça va aller, mais je pense que sans trop de problème de trémie, cette affaire va aller très loin...
Pour le sp4 , on en est très loin, il faudrait 50kms de développement pour avoir l'espoir de s'en approcher !

riton a dit…

Si je résume sans me tromper, pour l'Historique: 14 sorties en 5 Mois, dont 8 consacrées à l'ouverture du boyau du vent...
S'il faut quelqu'un pour la topo...

masdan a dit…

Enfin! ça serait l'occasion de renouer et de remettre en service tes combinaisons Styx...

riton a dit…

La, la semi-imper est suffisante.

masdan a dit…

Faut que tu nous montre .., il faut les bottes trouées qu'on utilisait à Cabrespine...

riton a dit…

Non des bottes normales. Sauf dans la progression en neoprene, comme quand le Chandelier est en eaux...