vendredi 5 avril 2024

WE Pascal dans l’Hér-eau (euh enfin… le Gard !) 30-31 Mars 1er avril

Nous nous retrouvons Gilles et moi près de St-Jean de Buèges pour le WE Pascal, là où nous étions avec d’autres membres du SCA pour le rassemblement du Caussenard 2023.

Au programme, l’aven du Grelot dont Gilles avait vu une partie lors d’un stage récent… et un retour au Garrel pour aller courir jusqu’aux niphargus.

Mais de niphargus nous n’admirerons point ni n’entendrons tinter de grelot…

Car renseignements pris auprès des deux locaux qui se joindront à nous le premier jour, Gwladys et Polo, les cavités visées ne sont pas envisageables au vu de l’eau qui est déjà tombée sur la région les derniers jours.

Après moult délibérations sur notre petit groupe WA créé pour l’occasion nous nous rabattons donc sur…


L’AVEN DE ROGUES
Samedi 30 avril
TPST : 12 h
Participants : Gilles, Gwladys, Polo, Vincent

3/4 d’heure de route nous mènent du Causse-de-la-Selle où nous logeons jusqu’au Gard, et plus précisément sur le plateau venté de Rogues… vaste lande où nous voyons, au moins un kilomètre avant d’arriver, un seul véhicule garé en plein milieu de nulle part. Le camion blanc de Polo qui a passé la nuit là, juste à côté du trou. 

 

Gwladys la 4ème participante arrive peu après. Gilles l’avait eue comme encadrante lors d’un stage sur le secteur.

Gilles rêvait d’équiper en prenant une voiture comme amarrage… mais ce sera pour un autre trou, une autre fois car Polo a déjà lancé sa C30 dans le P21… amarrée sur de vieux pieux rouillés qui forment un mix de main courante et de tête de puits… avec un protège-corde sur le rebord… car au vu de la mauvaise caillasse qui borde le trou, on comprend vite que personne n’a jamais dû tenter de loger là le moindre spit.

Un petit coup de pied dans les pieux… oups… pas taper trop fort Vincent… ça bouge un peu cette histoire… On va y aller doucement, hein, pour descendre !

Gilles avait fait le pari de rester en corde continue pour enchaîner P20+P16+P14+P12+P20+P10+P10 pour arriver à -128 m plutôt que de suivre les longueurs de Grottocenter.

Et même pour être bien large, d’ajouter d’entrée de jeu cette C30 depuis le haut du P21 d’entrée pour s’offrir une marge de manœuvre supplémentaire.

C’est parti… avec Polo qui part devant et commence à équiper et se jette sur les premières broches de la série pour étrenner sa C110 en 8 mm.

L'équipement du P20
suivant oblige Polo à se mettre dans une position périlleuse pour attraper la tête de puits.


Gilles prend le relais pour équiper. L'itinéraire est moins facile à lire : il y a des zones borgnes à éviter, et disposant seulement de la coupe ce n'est pas évident. Par chance, le flair de Gilles nous mène après un looooong ramping dans un boyau vers le R7 attendu et sa suite : la galerie de la découverte et la grande salle à -128 m.


Après manger, Gwladys attaque l'équipement. N
ous sommes un peu juste en matériel, toutes les économies étant bonnes à faire ! L'endroit est beaucoup plus étroit que ce que nous avions vu jusqu'à présent.

 

 Le départ du P22 est impressionnant, une boîte à lettres qui oblige à se jeter dans le vide. Le perfo de compète de Polo n'aura pas voyagé jusqu'ici pour rien… En deux temps trois mouvements, un joli frac est posé pour accéder plus facilement au P15, nettement plus arrosé que ce qui précède.

Au pied du P15, nous allons prospecter à l'opposé du R15 final. Nous remontons vers une bien belle cascade, puis avec Polo un méandre de plus en plus étroit et boueux.

Retour au R15 qui s'équipe entièrement en naturel. L’ambiance est là… l’eau s’écoule bruyamment… Gilles rajoute un foré et nous voilà au fond à -223 m… juste avant le début du réseau du grand collecteur qui s’avance dans un méandre final que nous partons explorer.

Puis il est temps de remonter.

Gwladys et Polo se chargent du déséquipement, Gilles atteignant le premier la surface à 20 h 15…

S'en suit le dékitage nocturne, chacune et chacun arrivant miraculeusement à retrouver ses petits !

E
ncore 45 minutes de route… le wok de crevettes déjà un peu préparé la veille nous réchauffe le corps un peu trempé par les puits arrosés !

Fichtre on nous vole une heure cette nuit. C’est pas récompensé !


AVEN DE LA POTENCE
Dimanche 30 avril
Participants : Gilles, Vincent
TPST : 6 h

Ca va devenir une habitude car ce sera pareil le lendemain, c’est le matin que nous dékitons et rekitons… ce matin-ci sous la pluie. Mais quelle chance d’avoir un abri de fortune sous la main au RB&B.


Gwladys n’est pas libre aujourd’hui et Polo qui devait être des nôtres nous envoie un message pour nous dire qu’il est crevé et ne viendra pas car il a passé une nuit dantesque dans son camion rincé par des trombes d’eau des heures durant.

Nous sommes un peu plus près qu’hier mais quand même, la piste nous semble bien longue. Nous avons de la chance, la pluie s’est arrêtée.

Gilles a aussi du flair dans la garrigue car il arrive à trouver un cairn puis un autre et ici une marque rouge qui nous amène vers l’aven, non sans avoir dû préalablement contourner un petit lac probablement temporaire. Pourvu qu’il ne s’écoule pas dans l’aven !!!!

L’aven sombre se dessine soudain, avec sa végétation complètement « déplacée » ici notamment les fougères qui s’étagent dans la descente devant nous.

Nous prenons le temps de manger (eh oui c’est déjà l’heure du repas)… une tartelette aux pralines et coquelicot c’est exotique ici.

Un chêne bienveillant remplacera les vilains pieux d’hier pour descendre en main courante vers cet aven… décidément majestueux et empreint de mystère.



Après un tour de la grande salle en bas, la suite ne nous apparaît pas !

C’est après avoir grimpouillé un petit ressaut de 4 mètres qui ne ressemble pas à grand chose que nous dénichons un puits en lucarne dans de gros blocs (la topo le laissant deviner quand même).

Gille règle le Y de main de maître… et la corde passe sans frotter mais le kit et moi si !!

Les premières concrétions apparaissent avec leurs formes saisissantes… quelle belle cavité !

Nous arrivons sur un toboggan de 20 m terriblement cordivore… Grrrrrrrrrottocenter étant un chouille optimiste.

Gilles a prévu de la corde en rab. Ouf !

Arrive ensuite u
n bel enchainement P14+P37+R3+P13.

Quelle ambiance magnifique dans cette cavité enchanteresse et si variée !

Une bien jolie verticale donc mais pour revenir à des aspects techniques… ben en 8 mm, Gilles préfère prudemment poser des fracs doublés là où on mettrait des dévs.

Arrive le P37 qui nous mène vers le fond… mais ne nous pressons pas ! Gilles s’arrête à temps à la bonne hauteur pour aller penduler vers un petit palier dans la deuxième lucarne qui donne sur un P13 derrière.

Fichtre, c’est qu’il faut aller chercher les points pour équiper. Et comme Gilles m’a condamné à déséquiper, je n’en mêne pas large tout en l’admirant quand même en grand écart sur la pointe des pieds, avec de quoi se prendre un beau vol pour venir embrasser le puits devant !

Nous nous arrêtons en bas de ce P13 car le P30 final juste en dessous est connu pour être gazé.

Nous remontons donc et sans l’élégance naturelle de Gilles (et quelques bons centimètres en moins sur la carcasse) j’arrive à déséquipe ce premier puits sans me vautrer…

De retour au
palier, Gilles décide d'aller faire un tour en bas du P37 borgne. Je dépendule et le rejoins.

Nous étions à peu près pas trop mouillés jusque là… mais le P37 en décide autrement et nous arrose copieusement pendant la remontée…

Gilles passe devant… Je lui rends la main pour le déséquipement en haut du grand toboggan.

Arrivé au bas de l’aven, quelques gouttes viennent nous cueillir… Et cela va crescendo jusqu’à la voiture où mon parapluie de berger béarnais supporte vaillamment bourrasques et pluie cinglantepour nous abriter mutuellement (enfin un peu) pendant que nous nous changeons….

La douche salvatrice, chaude cette fois, clôturera agréablement la journée… suivie du wok épisode 2.


AVEN DIDIER
Lundi 1er avril
Participants : Gilles, Vincent
TPST :
7 h

Réveil… soleil ! Chouette faire sécher la combi et tout ce qui veut aussi !!!!

Nous quittons le RB’B… faisons un stop rapide pour admirer les chutes du Zambèze…


Puis nous arrivons sur le plateau au-dessus du cirque de la Séranne.

Dékitage, renkitage, miam-miam au soleil… ça fait du bien !

Un tas de pierres à l’horizon à 100 m, c’est là !… appréciable avec 3 kits à trimballer.

12 h 45, Gilles se glisse dans une petite fenêtre entre de gros blocs… En dessous un P44 qui peut s'équiper d’un jet, mais vu la longueur de la tirée, Gilles privilégie les fracs, à 5 et 15 m.

La descente est grandiose… le vaste puits s’ouvrant sur plusieurs vastes espaces qui donnent un sacré volume à cet aven.

Et comme si cela ne suffisait pas, en bas la grande salle est surplombée d’une arche impressionnante.

Au bout de la salle, un petit mur avec une chatière. En levant la tête vers l’autre côté, je découvre que bien mystérieusement, malgré la taille minus de la lucarne d’entrée et le décalage du puits, la lumière du jour est encore bien visible dans la diagonale !

Pendant ce temps, Gilles bosse dans ce passage malcommode : derrière le « mur », un premier puits qui n’est pas le bon qu’il faut contourner pour atteindre la tête du P11 plus loin derrière… mais il y a peu de prises et ça glisse bien ! Merci pour la zolie main courante l’ami !

Gilles réalise là, en reprenant le descriptif, que la corde du P44 aurait dû nous emmener en bas du P11 et qu’il a probablement fait trop de fracs par rapport à l'équipement de la fiche.

La corde suivante étant une C30 obtenue par rabout de C11 et C19, et voyant que la C19 allait suffire, Gilles tout heureux récupère la C11… et il file en dessous avec le deuxième kit que je lui laisse fort volontiers pour profiter un peu plus tranquillement des volumes et coulées de toutes les couleurs.


Tant pis, les cordes suivantes sont largement plus longues que ce que prévoit la fiche (Gilles n'avait pas les bonnes longueurs)… donc croisons les doigts !

Finalement les obstacles suivants s'enchaînent bien, et le raboutage de deux cordes dans le P12 suivant me permet de réviser le passage de nœuds.

Nous quittons la corde pour un court instant, et nous voici repartis au pied de l'échelle : P9 + R5 + P7. Changement d'ambiance, une grande faille s'ouvre entre
nos jambes. On entend l'eau qui coule en bas ainsi qu'un ronronnement. Comme c’est étrange ce son. Aspirateur ? Turbine ? Plus bas, sous des blocs il doit y avoir une lame de pierre sur laquelle l’eau vient frapper
et ça résonne
.

Pendant que je rêvasse sur cette musique naturelle, Gilles s’engage dans ce P20 plein pot, mais vu comme ça coule… !!! Je l’entends me héler qu’il cherche un équipement hors crue (il est bien marqué sur la topo et heureusement il existe).

Un grand pendule (c’est moi qui déséquipe?) lui permet de faire un frac et nous nous enfonçons un peu plus dans les entrailles de la bête.

Plus nous descendons, plus l'équipement est minimaliste. Le départ du P19 se résume a un spit. La main courante débute sur un AN et Gilles
double comme il peut le spit avec deux Dyneema raboutées pour en faire une très longue.


Y a t-il un frac caché ? Parce c'est plutôt moyen. Ouf ! Au bout de 3 mètres, son vœu est réalisé, un vrai frac sur deux points !! Gilles qui avait emporté toute la quincaillerie dont il dispose pose ses deux derniers amarrages (41 pour être exact), il ne fallait pas un spit de plus dans la sortie !

Gilles entame la descente copieusement arrosée. Il cherche désespérément le moyen de faire une dév pour nous éloigner de l'eau, mais aucun AN sérieux ne se présente au cours de la descente. Tant pis nous serons mouillés !

Il est 17 h, l'objectif -150 m est atteint. Le fond forme un petit lac d'un côté et de l'autre un laminoi
r où l’eau s’engouffre furieusement. Pas franchement engageant… Heure, fatigue… allez zou on remonte !

Avant de rejoindre la surface, nous entendons l’orage gronder… Oh non pas encore une rincée pour retourner à la voiture.

Pourtant c'est ciel bleu au-dessus !

Ouf non, c’est pour nos copains dans le Minervois !!!!!

18 h 45 nous arrivons aux voitures… clôturant un WE bien rempli qui nous a amenés ailleurs que ce qui était prévu… pour notre plus grand bonheur !

 CR corédigé avec Gilles

4 commentaires:

masdan a dit…

Vous êtes des cadors, de bons photographes et de bons écrivains. Bravo.

jean michel a dit…

J'ai fait il y a plus de 40 ans Rogues en fin de stage. Amarrage sur la voiture au départ. La roche est tellement pourrie que les spits ne tenaient pas; j'en avait ramené un expansé avec son cône qui m'était resté dans les doigts. A l'époque la solution trouvé était simple: spit planté le plus verticalement possible, sans cône, coincé avec un bout d'allumette! Il y avait un parcmètre que chaque équipe descendait d'un puits. Avec de l'eau c'est toujours plus beau....

Vincent G a dit…

Houla comme tu y vas Daniel. Écrire je sais car cela a été mon métier. Pour la spéléo, je progresse lentement par rapport à dautres. Gilles par exemple 👍

masdan a dit…

Vincent, se donner des objectifs, oui, les tenir: si on peut, se dépasser : jamais, ça m'est arrivé une fois, et ça craint vraiment…