Lundi 15/08/2022
Perte de St Pancrasse
Sortie en solo
TPST : 4h
La perte de St Pancrasse me travaillait l'esprit depuis la fois dernière. J'y retourne dans l'après-midi de lundi pour avancer les travaux (2m à ouvrir).
Par bonheur, en travaillant des blocs coincés avec la barre à mine, un passage s'ouvre plus tôt que prévu en hauteur : un peu étroit, mais pénétrable.
La maison n'est pas loin, je reviens avec le matos nécessaire.
Derrière l'étroiture, arrivée sur un palier au beau milieu d'un chevelu de racines venues puiser l'eau dans une arrivée d'actif (amont impénétrable). Malgré la déviation du ruisseau, il y a de multiples infiltrations et ça pisse de partout.
Il faut équiper pour franchir un cran de descente... sous la douche !
Vue du bas :
Le ruisseau suit une grande diaclase dans la dolomie puis tourne soudain à gauche. Il rentre dans un méandre ventilé intéressant (plusieurs l/sec en étiage y passent) dont il faudra élargir le départ dans une ambiance pour le moins humide :
Contrairement aux apparences, aucune sensation de froid : la cavité et le courant d'air qui en sort sont à 19°C !
Il faut dire que le ruisseau est à 20°C et qu'il a pu réchauffer la grotte depuis toutes ces semaines de canicule (1ère hypothèse). Ou sinon il existe une cavité aspirante très proche (2è hypothèse), mais c'est moyennement probable après prospection du secteur et étant donné que l'on plonge sous la vallée. Et pour corser le tout il peut y avoir ici une relation avec un aquifère hydrothermal sous-jacent (3è hypothèse) car les calcaires émergent à cet endroit précis de très grandes profondeurs (au delà de 1000 m) et la résurgence de ce système, prouvée par traçage, s'appelle la source tiède. Elle affiche aussi 19°C en étiage pour un débit de 30 l/sec...
Bref, ici, tout sort de l'ordinaire.
Mais revenons à notre diaclase.
Ca pourrait s'arrêter là pour aujourd'hui mais tout droit ça continue à sec. Une dizaine de mètres plus loin la roche change. Une coulée de calcite barre la route mais peut se shunter par le haut.
Arrivée dans un ancien aval entièrement fossile donc à l'abri des crues, avec de belles formes de creusement. Karstification en phréatique omniprésente, avec de nombreuses phases bien visibles, donnant un certain cachet à la cavité.
Aval fossile |
Coulée |
Concrétions proches d'un dépôt alluvionnaire surcreusé |
Détail lapiaz de voûte |
Méandre en ogive |
Anciennes séquences de dépôt, surcreusées et concrétionnées |
Ancien cours d'eau fossilisé |
Affluent fossile |
Lapiaz de voûte en forme de concrétions |
Plusieurs conduits interconnectés, arrêt sur méandre plus étroit et escalade. Plusieurs dizaines de mètres de première, il faut revoir tout ça à froid même si la suite principale semble être dans l'actif.
La priorité principale va être de sécuriser l'entrée par rapport aux crues de surface, car la rivière peut dépasser les 10 m3/sec et tout boucher.
Espérons que le climat instable de fin d'été nous laissera le temps d'intervenir pour pouvoir poursuivre les explos dans ce système karstique original et atypique.
8 commentaires:
Du travail a venir, super
SUPER LAURENT !!
Sacré Laurent ! Avec tout ce que tu ouvres formation topo à prévoir et topo au fur et à mesure !
J'ai ramassé du matos... Mais va falloir se doter de détecteurs Co2, qui dit hydrothermal...peut inclure du CO2,... et moi, pas glop....
Pour le moment, aucune gêne ressentie, et j'y suis assez sensible depuis une intoxication dans un avaloir à feuilles aux Picos.
Mais c'est sûr que des valeurs de CO2 seraient intéressantes...
Belle découverte prometteuse. La température m'inquiète un peu mais le karst est tellement surprenant... Je peux prêter mon testeur mais je suis sur Espezel en ce moment. En fait j'en ai deux, un qui va jusqu'à 1% et l'autre de 0 à 20%.
Je pense Christophe que tu pourrais venir, tout simplement... ♪♫♫♪.
Merci pour le prêt du testeur. Il n'y a pas urgence, ça pourra attendre une prochaine réunion.
Pour la température, on est trop loin du niveau de base et encore plus de la résurgence. Je penche très fortement pour une influence directe du ruisseau, type grotte André dans la Cesse où il y a de très fortes variations saisonnières en lien avec l'eau. Cette année les rivières sont anormalement chaudes et ça fait des millions de calories qui peuvent réchauffer à terme la zone d'entrée des pertes. On verra à l'automne...
Ca n'enlève rien à la structure géole pas banale et à la présence avérée d'hydrothermalisme à la base de ce karst. Pourvu qu'on arrive à descendre...
Enregistrer un commentaire