lundi 13 février 2012

Hommage à Malou DURAND, une des pionnières de l'exploration souterraine audoise au sein du Spéléo Club de l'Aude




Malou DURAND nous a quittés le 8 février 2012, à l'âge de 92 ans.

Malou faisait partie des premiers explorateurs de plusieurs grandes cavités souterraines de l'Aude, dans les années 60. Elle a été membre du Spéléo Club de l'Aude pendant de très nombreuses années. Son mari, Louis DURAND, en a même été le Président.

Entre 1963 et 1965, Malou fait partie de l'équipe d'exploration du réseau de Trassanel. Elle explore, en tête de l'équipe, le réseau I jusqu'à la chatière. Dans le réseau II situé plus bas, elle descend en premier le puits Ribéro vers les réseaux inférieurs sur une cinquantaine de mètres de profondeur, sans en atteindre le fond. Malou toujours en pointe, les autres essayant de suivre le rythme. A cette période, elle n'hésite pas à aller seule sous terre deux fois par semaine pour continuer la désobstruction dans la salle terminale du réseau II. Son travail aboutira à la jonction de cette salle avec la surface, réouvrant ainsi l'accès emprunté par les ours des cavernes il y a environ 15000 ans. Elle participe ensuite aux nombreuses expéditions de plusieurs jours, avec installation d'un camp souterrain au réseau III, afin de découvrir l'ensemble de la grotte qui mesure aujourd'hui plus de 6km.

Dans les années 1968 et 1969, Malou fait partie de l'équipe d'exploration du réseau de Cabrespine, menée par Jean Guiraud, qui permet la découverte de la grande salle des éboulis aujourd'hui ouverte au public et du réseau concrétionné. Elle est également présente lors de la progression vers le fond et la découverte de la galerie des gours. Le réseau de Cabrespine est à ce jour le plus important du département avec ses 22km de développement.

Malou a également découvert le siphon d'entrée du réseau de Vignevieille, en bas d'une sévère étroiture que personne n'avait su franchir jusque là. Ce siphon sera franchi vingt ans plus tard et livrera le plus important réseau des Corbières connu à ce jour, toujours en cours d'exploration, avec 7 km de développement.

Ses talents de chercheuse intuitive ont couvert bien d'autres domaines. Elle a dirigé pendant quinze années avec la même passion le camp de fouilles archéologiques de Montségur, elle a été une découvreuse hors du commun en préhistoire, en botanique, en mycologie. Sportive de très haut niveau, comme son mari sélectionné aux Jeux Olympiques, elle a conduit de nombreux élèves au championnat de France en athlétisme. En tant que professeur, elle menait une pédagogie très en avance sur son temps, ce qui lui valu les Palmes Académiques et la fidélité de nombreux élèves bien après sa retraite. Elle a été aussi une "féministe" bien avant l'heure, une amoureuse de la nature, une amoureuse de la grandeur de l'Humanité.

Chaque jour Malou se lançait des défis. Les derniers temps, son champ d'activité se réduisant, elle n'en continuait pas moins à se donner des objectifs, si petits mais qui n'en gardaient pas moins la force de véritables projets. Elle continuait il y a quelques jours encore à faire plusieurs kilomètres de marche par jour. Une battante, un exemple pour nous, dans sa vie comme dans sa mort, elle est partie comme elle a vécue, en choisissant librement.

Nos condoléances vont à sa famille. Nos pensées vont vers Malou et notre souvenir à Louis. Le Spéléo Club de l'Aude et tous ses membres ne vous oublieront pas.

4 commentaires:

masdan a dit…

Zut,j'ai perdu tout ce que j'avais écrit.Donc,j'irais au plus court.C'est un très bon article,avec,bien sûr quelques oublis.
Malou et Louis Durand,ont fait partie de la petite poignée de personnes qui ont milité,au sein de ''Jeunesse et sports''pour la création des bases de sports des conseils généraux.Je ne sais pas ,avec quel montage,mais Malou,en tant que professeur de gym,a encadré pendant quelques années,l'école de speleologie du département.Nous connaissons tous,au moins un de ces petits élèves:Daniel Constans.

Stoche a dit…

Bel hommage mérité. Bien sûr nous ne sommes plus que quelques uns à l'avoir connue et à avoir pratiqué avec elle. C'était une sacrée bonne femme, avec un caractère bien trempé. Elle avait monté avec son mari l'Ecole de spéléo (on y revient maintenant) qui a vu passer de nombreux spéléos et certains ont attrapé le virus pour longtemps. En plus de Daniel, il faut citer les Alain (Coste et Gouze) et surtout Patrick Géa. C'est eux qui sont à l'origine de la construction de la base spéléo de Trassanel. Bien que réfractaire aux techniques modernes, elle avait été obligée de reconnaître leur efficacité avec certainement une pointe d'envie. Elle a exploré avec nous le début du nouveau réseau des Cazals en juillet 77 mais à l'échelle (spécialement installée pour elle). Respect.

Johan a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
marie Carrasco a dit…

Merci pour vos témoignages mes amitiés à tous
Ninétte fille de Malou