lundi 18 novembre 2024

Dans les mâchoires du Loup : un labyrinthe peut en cacher un autre...

Dimanche 17/11/2024

Perte du Chant du Loup

Participants : Dom, Félix, Clément, Gilles, Henri, Flo, Boris, Laurent

TPST : 7h30

Une bonne partie des forces vives du club avaient rendez-vous pour cette journée qui ne s'annonçait pas monotone...

Première partie : l'explo 

Répartition en plusieurs équipes dès l'entrée. Le gros boulot consiste à déverouiller brutalement et massivement le sommet du ressaut vers la suite de l'actif. Tout fonctionne bien mais de nombreux menhirs se sont coincés en travers et il faut pas mal de temps et de relais pour en venir à bout.

Pendant ce temps, un binôme mené par Félix s'occupe de re-calibrer non pas une étroiture mais le distoX du club.
D'autres encore profitent de ce temps de préambule pour visiter la partie fossile de la cavité.

Nous nous rejoignons tous en fin de matinée en bas des puits et partons en explo.
Pas moins de quatre ruisseaux se collectent dans une partie pseudo-horizontale avec de beaux creusements à la voûte. L'agencement des différents ruisseaux pose pas mal de questions dont nous auront plus tard la réponse.


Confluent de deux actifs

Soudain la morphologie change et la suite se dédouble : un important vide en hauteur semble emporter une grande partie du creusement mais est défendu par un gros bloc instable : on le laisse pour plus tard (voir partie 2).

L'actif prend pas mal de pente et descend le long d'un chaos de blocs empilés assez impressionnant. Pour limiter le risque lié à un grand groupe étagé en hauteur, seuls Henri et Gilles partent en reconnaissance. Le chaos est vite franchi, arrêt sur rien dans un méandre pentu et parfois dédoublé, plus sportif, avec un peu d'équipement à prévoir...

Nous nous regroupons pour organiser la suite. Le gros de la troupe part devant avec du matos et les perfos pendant qu'avec Dom nous commençons à lever la topo en parcourant la première, le luxe...
Pas mal de visées plus tard, personne en vue...
Je descends à la rencontre des autres pour me réchauffer. Deux autres ressauts sont franchis en oppo, puis un confortable tronçon de galerie rompt provisoirement la rugosité du méandre. Ce dernier est vite retrouvé plus bas toujours accompagné du bruit de l'eau, et toujours aussi sportif. Le primo-creusement en régime noyé à la voûte a disparu, nous sommes dans un surcreusement très jeune avec par endroits de la dentelle de dolomie...
Une baïonnette étroite puis un rétrécissement du méandre sélectionne les plus minces. J'ai retrouvé Henri, Félix et Flo qui ne peuvent passer.
Clément, Gilles et Boris poursuivent et franchissent la partie sélective avant de retrouver du large derrière, avec un grand gour.
Plus loin, ils débouchent soudain dans une grande salle (20X15) mais ils ont perdu l'actif.
Un puits d'une dizaine de mètres est sondé mais non descendu. Repli sur cet obstacle à équiper..
La cavité prend de l'ampleur, mais arriver jusque là en ayant calibré les passages pour tous gabarits et sécurisé durablement le chaos vertical demande un gros travail, ce qui impose une bonne réflexion préalable. Et la topo va nous y aider...


Deuxième partie : la topo 

Rarement une cavité se sera révélée aussi labyrinthique aussi bien en plan qu'en coupe. Il serait impossible de raisonner sur le simple ressenti d'exploration.
Lors du dépouillement des données du jour, la lumière a soudain éclairé plusieurs mystères, comme lors de l'union de pièces maitresses d'un puzzle...

Voici les données brutes partielles de cheminement en plan (zoomées sur l'actif), avec quelques annotations quand même sinon on n'y comprendrait vraiment rien du tout...
La cavité dépasse maintenant les 800m de développement dont 700 sont topographiés. Point bas actuel entre -80 et -90 environ.
Les parties en vert sont les plus basses, en rouge et jaune les plus hautes.


Tout d'abord, l'actif découvert au bas des puits (actif des puits sur la topo) et que nous avions pris pour le ruisseau issu de la perte de surface ne vient en fait pas du tout de là. Son origine reste mystérieuse et ce n'est qu'un affluent...

La perte alimente en fait la belle galerie découverte plus en aval qui est le collecteur de ce secteur.
Le terminus amont (à revoir) est situé 34m presque exactement sous la perte de surface (arrivée actif principal sur la topo).

La perte aval secondaire du ruisseau alimente elle l'affluent en rive gauche en bas du ressaut désobstrué ce jour (actif secondaire sur la topo). Elle a englouti une grosse quantité de schiste altéré, ce qui l'a presque entièrement comblée entre la surface et -36.

Ensuite la partie intéressante : le ruisseau coule bien en direction de l'ouest et traverse par dessous et perpendiculairement la partie ancienne et fossile de la cavité.
On remarque que le niveau sup non exploré de l'actif (point noté A3.11 sur la topo) prend la même direction que l'actif et pourrait facilement shunter le chaos de blocs et le méandre aval s'il se poursuivait un peu. Comme de plus il s'agit d'un secteur de changement brutal de dimensions, où nous perdons les morphologies de régime noyé, il s'agit d'un point clé prioritaire à revoir...

Autre révélation : l'actif inférieur, une fois passé à l'ouest de la galerie fossile, se poursuit en direction du nord-ouest en parallèle de cette dernière. Cela place la grande salle (terminus actuel) à proximité des chaos dans les points bas de la galerie fossile. Une relation parait très probable et pourrait présenter l'avantage de court-circuiter l'actif étroit en regroupant la totalité des creusements anciens vers ce secteur.
Cette relation parait d'autant plus probable que le courant d'air de l'entrée (aspirant en ce moment) possède un régime différent de celui du réseau inférieur actif (soufflant).
L'actif serait dans une branche de recirculation et le courant d'air principal partirait vers un secteur encore inconnu. Dernier argument : du guano de chauve souris a été trouvé par Boris dans la grande salle inférieure, et on peut raisonnablement penser qu'elles ne sont pas passées par les cascades de l'actif...

Un autre aperçu du labyrinthe en 3D :


Croquis d'explo de l'aval, ramené par Boris après le méandre très sélectif :


En conclusion, une journée très dense pour le club, où chaque talent individuel aura permis un beau résultat collectif.
Avec deux points-clés identifiés en plus de l'explo de pointe en bas, la suite promet d'être encore riche en émotions fortes sportives et cérébrales...

Une partie des troupes


9 commentaires:

Alary a dit…

👏 Du très jolie !

Victor P a dit…

Superbe ! :-O

Dom POULAIN a dit…

trop bien ce compte rendu ,avec topo !

masdan a dit…

Bravo encore.De mon côté, c'est plus modeste, mais je le sens bien. ;-)

https://youtu.be/O_8SsWvI-EQ?si=sxStg1aL-3PFXmJ3

Gilles a dit…

Le méandre de la grotte de Rouairoux c'est un boulevard à côté de celui-ci. 🤣

riton a dit…

Une sortie Majeure sur le Massif!!Premier actif historiquement atteint, si l'on ne tiens pas compte du pissoulet du fond de l'Aven de l'Etable. Avec une équipe de compétition. Les "vieux"représentant la part vision à long terme-confort de progression...Pour parler perspectives, je ne serais pas étonné que le bout de grande galerie atteinte cet été, soit la Vrai suite du trou. Hier on était quand même dans des surcreusements...

riton a dit…

Laurent, qu'appelle tu "niveau sup. non exploré de l'actif"!!??

Laurent a dit…

Juste avant que le ruisseau ne descende dans le chaos, volume supérieur partant dans la même direction mais 8 ou 9m au-dessus. On y a fait une visée topo...

Le Long a dit…

Bravo pour cette belle explo qui se mérite ! Hâte de lire la suite !