dimanche 12 décembre 2021

Man Vs Wild : Le Blau maître du jeu

Dimanche 12/12/21

Vieux Lion/Chandelier

Participants : JLuc, Dom, Denis, David, Clément, Félix, Flo, Christophe, Boris, Etienne, Laurent

 TPST : 7h

Une belle journée s'annonçait. Une grande partie de l'équipe présente à l'appel, pour la plus grande offensive organisée dans le réseau depuis le jour de la jonction.

 Trois perforateurs d'équipement, des dizaines de mètres de cordes et d'amarrages, au moins trois missions menées de front. Tout était soigneusement préparé pour tenter d'atteindre le Blau souterrain.

Tout ?

Dès la descente, des stigmates inquiétants apparaissaient : la crue passée 48h auparavant avait remanié pas mal de sédiments et semblait avoir été extrêmement puissante. 

Dès 10h du matin, le verdict tombait : le boyau du Vent siphonne...

C'est ce qu'on appelle une douche froide, et les espoirs de grandes découvertes s'envolent pour aujourd'hui. Sous le débouché du boyau une marmite s'est recreusée dans le sol, preuve de l'importance du flux. Ce petit siphon étant perché, une partie de l'équipe commence à abaisser le seuil de calcite manuellement, afin de faire baisser le niveau et voir si le courant d'air se réamorce.

Pendant ce temps nous partons en reconnaissance dans l'aval du IV : les voûtes basses montrent des traces d'ennoyage au max de la crue, mais sont déjà à sec et parcourues par un courant d'air inverse. Les travaux dans ce secteur ont porté leurs fruits.

Niveau de crue voûtes basses côté amont

 
Et côté aval

  
Le siphon du point chaud est rempli, l'eau a sauté le barrage et fait fluer notre dune de sédiments sortis du siphon. Les gamattes et cordes ont été emportées plus en aval et sont encastrées sous de gros blocs; bref, ça a dépoté...

Le passage entre les réseaux III et IV est accessible en se mouillant les bottes : même par ces conditions, la traversée reste possible.

Visite également au trou souffleur de la barrière, qui par contre ne souffle plus. Ca doit siphonner quelque part là dessous.

Après toutes ces observations inédites, regroupement au boyau du Vent et relève des travailleurs. Le niveau d'eau baisse bien mais seul un faible courant d'air passe.

Une nouvelle équipe se forme pour aller explorer quelques passages descendants laissés de côté jusqu'ici dans l'affluent du corbeau. Boris franchit une étroiture  et fait quelques dizaines de mètres de première dans un inférieur; ça semble continuer, je lui laisse le soin de raconter par lui-même.


Finalement, au boyau, à force de travail, le seuil est démoli et le passage se vide. Les derniers litres sont vidés à la gamatte.

Vases communicants

Au moins cet obstacle sera définitivement éliminé. Nous partons en reconnaissance à quatre. Les traces laissées par la crue sont parlantes.

Mousse de crue dans le boyau du vent

 

 


Le second point bas du boyau est à sec, déjà vidangé. Mais plus loin ça se corse à nouveau : un seuil de calcite retient plusieurs centaines de litres d'eau dans les zones plates. Etienne commence à casser le seuil mais l'eau en cascadant remplit rapidement le second point bas. Il faut surveiller pour ne pas se faire coincer entre ces deux passages. David puis Christophe se collent à la surveillance "vigicrues".

Finalement ça craint. On arrête la vidange pour pouvoir faire demi-tour sans faire glou-glou. Vers la suite, Etienne passe à l'arrache et file en reconnaissance dans la belle galerie descendante : après une trentaine de mètres, le siphon temporaire "washing machine" (à cause des graviers roulés dans le passage) est plein. Fin de l'exploration pour aujourd'hui : ce collecteur temporaire n'a pas achevé sa vidange. Au retour, je filme l'ambiance "engagée" dans la dernière partie du boyau.


Conclusion : une nouvelle leçon d'humilité donnée par le réseau qui est bien vivant et nous le fait savoir. Après nous avoir fait entrevoir le rêve lors de la précédente explo, la réalité nous impose à nouveau la patience : le torrent souterrain garde encore ses secrets, mais nous en avons appris beaucoup aujourd'hui, assez pour éviter de se faire piéger lors d'une prochaine aventure, et aussi rêver à toute cette eau arrivant des zones internes du massif avant de buter sur le synclinal que nous sommes en train de franchir.

Toutefois la vidange des systèmes activés en forte crue semble rapide, nous suivrons cela de près dans les prochaines semaines.


Au retour en surface, visite en aval de l'exutoire du Blau pour constater que 48h après la crue, le débit est encore d'au moins 5 M3/sec. Vraiment impressionnant, terrifiant même si on imagine cette puissance sous terre...

On part se remettre de nos émotions au bar de Puivert. L'aventure continuera bientôt...


Quelques photos de Boris en explo dans l'inférieur de l'affluent :



Galerie de 1.5m de diamètre descendante à 45° sur 15m, qui débouche sur une salle  

 La vidéo montre la salle de 8X8m, avec puits vers le bas et lucarne donnant sur un volume suivant :



5 commentaires:

Dom POULAIN a dit…

l accès par le vieux lion nous permet de voir et de mieux comprendre les écoulements et l activité du réseau (surtout après une crue).
sous son calme apparent , le " fossile" redevient actif .le réseau peut être très engagé voire impraticable ...
l avantage c est que certaine partie monte en charge mais redevienne très vite normal.

masdan a dit…

Et oui, il faut se méfier quand les vieux fossiles se réveillent !! ;-) .Bravo C'est la preuve, s'il le fallait, que vous n'êtes que dans la zone d'entrée de ce réseau énorme, en espérant que derrière ce ne sera pas une ,mais 2 ou 3 rivières que vous trouverez car de tels débits ne sont pas faciles à explorer....

https://youtu.be/Tg0HOcye1YI

David Berto a dit…

Merci pour ce bel article. Et merci encore à toute l'équipe pour votre bienveillance et vos conseils.

Boris a dit…

L'après-midi, avec Denis et Félix nous partons donc explorer cette belle diaclase élargie quelques mètres à l'aval de la cheminée du corbeau.
C'est un secteur de transfert vertical, plusieurs beaux volumes descendants ont déjà été visités mais pas cette étroite fente verticale dans laquelle une petite arrivée d'eau s'infiltre en cascades. Elle est pénétrable tout confort jusqu'à 5 mètres puis ça se resserre brutalement laissant entrevoir du noir.
On se pointe avec du matos, on réfléchit aux encrages pour poser la corde et là, je me rend compte que j'ai laissé la corde au boyau du vent ! Denis : "t'inquiète, on va poser l'échelle avec une sangle sur un ancrage naturel et t'assurer à la dynéma, puis les derniers mètres c'est de la désescalade tranquille." Ouai, admettons, je m'engage prudemment, mais finalement ça se descend bien.
Sous le resserrage, le vide continue sur au moins 10, 12 mètres puis un changement d’orientation empêche de voir plus bas.
Par contre 5 mètres sous le niveau du fossile, la fente se prolonge dans le même axe et reste pénétrable, à condition de quitter le baudrier et de forcer un passage étroit en paroi rugueuse sans vouloir respirer à plein poumons !
Là on débouche dans du large :
- A gauche, une conduite forcée horizontale de 1.5 m de diamètre traverse à la perpendiculaire l'axe du fossile sur quelques mètres et débouche dans un petit volume gras en cône que je n'ai pas osé descendre de peur de me trouver piégé.
- En face, même diamètre de conduite, mais descendant à 45° sur une bonne quinzaine de mètres. Puis une vaste salle à fond gras d'au moins 8 par 8 et une suite verticale que je n'ose approcher sous peine d'y glisser et de ressurgir à Puivert en quelques heures. Un bout de corde est nécessaire pour continuer. De plus une belle lucarne de l'autre coté de la salle laisse entrevoir encore un grand volume.
Denis peut peut-être illustrer avec les quelques photos de sa GoPro, qu'il m'a descendu par la "boite au lettre" au bout d'une sangle.
Peu d'espoir que l'on attaque ce secteur un jour tant les suites sont prometteuses après le boyau du vent, mais au moins on sera allé voir et on sait que ça continue.

masdan a dit…

En fait Étienne et Félix ont mélangé leurs tenues....