lundi 12 septembre 2016

Moisson d'informations inédites au Blau

Samedi 10 et Dimanche 11/09 2016
Trou du Chandelier et secteur du Blau
Participants : Jean-Luc, Julie, Sébastien, Elodie, Steve, Henri (le samedi) plus Dominique, Denis et Laurent le dimanche
TPST : 6h +8h

 Le samedi, poursuite du décaissage du front de trémie au fond du Chandelier, suite à la purge de l'exercice précédent.
Par chance, à partir d'un certain point, le front de trémie a bénéficié d'un écoulement qui a calcité un pan entier de la zone menaçante. Cela représente une économie d'au moins quatre à cinq mètres cube de vidange potentielle vers la surface. Le travail peut donc se concentrer au fond, entre deux parois dans un remplissage constitué de blocs, de boue (venus de toute évidence de la surface) mais aussi de petits vides par où peut s'infiltrer le courant d'air.

Dimanche l'équipe s'étoffe. Les conditions sont idéales pour tenter l'expérience de mise en pression du réseau souterrain qui me trotte dans la tête depuis un moment : température chaude, pas de vent et étiage exceptionnel sous terre.
La matinée est consacrée à la poursuite de la désob au Chandelier, qui continue de s'approfondir. La journée commence mal : dès les premières gamattes, un bloc d'un kilo se décroche du haut du palier de -7 et vient se fracasser sur mon poignet 8m plus bas. Heureusement pas de fracture, seulement un bel hématome.

Le chantier monte en puissance et possède à présent des proportions assez dingues : il y a deux personnes en bas, une sur le palier de -7, une autre en oppo sous l'entrée pour dévier les gamattes, deux autres font les "mulets" à la poulie anti-retour et une dernière est préposée au vidage et à la rotation incessante des trois bidons. Le SCA dans ses grandes heures...
Les passants sur le sentier de randonnée nous prennent pour une bande de tarés et font souvent des photos...



Après la pause repas, le bourrinage laisse place à un peu de science : pendant les heures chaudes, nous allons totalement obturer le trou du Vent et voir ce qu'il se passe au Chandelier. Nous prenons et calculons  des mesures "intiales" de courant d'air à l'anémomètre dans les deux cavités : 450 l/sec au Chandelier, 3000 au trou du Vent...
L'entrée est bouchée avec une botte de paille et une bâche. Pour fignoler, je me sers encore une fois du mobilier domestique; mousse de transat et autres coussins...c'est devenu une habitude.
Le résultat est satisfaisant, presque hermétique.
Avant de remonter au Chandelier, nous partons repérer les trous ouverts par Olivier en 2010. Le premier est rapidement trouvé mais s'avère peu intéressant avec un courant d'air très faible. Nous ne retrouvons pas le second, mais en élargissant la zone, Elodie tombe sur un porche assez sympa au pied d'une barre.
La grotte développe une quinzaine de mètres et s'arrête sur un bouchon d'argile. Curieusement, il n'y a aucune trace de passage humain dans la glaise et aucune tentative de désob n'a eu lieu. Sans autre information et en toute humilité, ce sera la "grotte des dames".

En repartant, à une quinzaine de mètres de la grotte, Dom met la main dans une alcôve rocheuse et terreuse improbable et me fait signe de venir. Un trou au raz de terre souffle dur et expulse des feuilles ! Une mesure de vitesse à l'anémo donne 2 mètres par seconde !
Comment un tel zef a-t-il pu passer inaperçu jusqu'à aujourd'hui ? (nous aurons la réponse plus tard dans la journée...)

Nous nous regroupons au Chandelier. Je prends une nouvelle mesure de courant d'air pour la forme mais le constat est sans appel : le débit est passé à un mètre cube par seconde, plus du double de tout à l'heure...
Jean Luc, qui est resté au fond, n'en revient pas; la trémie siffle de toute parts !

Nous venons de prouver la relation directe Blau-Chandelier. Comme imaginé il y a plus d'un an, il existe bel et bien une galerie au dessus des zones semi-actives du trou du Vent, qui alimente en courant d'air celui-ci par divers soutirages (faille parkinson, réseau ouest, escalade), et qui aboutit au Chandelier.
Toutefois, la perte de charge est importante entre les deux (nous ne retrouvons pas le débit total ou même corrigé par la différence d'altitude), preuve que le bouchon n'est pas encore totalement éliminé.

Contents de cette réussite, nous repartons pour deux heures de désobstruction au fond. Nous avons gagné à présent 1,5m de profondeur depuis le we précédent. Le courant d'air sort entre blocs et boue sous la trémie calcitée, mais une voûte se dessine à droite. Dans cette direction j'identifie à nouveau le bruit lointain entendu lors des sessions précédentes, mais beaucoup plus nettement cette fois, grâce à notre "boostage artificiel" du zef. En dégageant, j'aperçois le "trou ronfleur" un mètre plus loin. Une énigme de plus est résolue...
Il faudra encore bosser pour y voir plus clair, mais c'est peut être notre porte de sortie. Il serait grand temps...

Vers 17h, je repars seul pour déboucher le trou du Vent pendant que les autres visitent le nouveau fond. L'anémomètre à la main, j'enlève l'obturation et prend une nouvelle mesure : près de cinq mètres cube par seconde !
Nous avons sérieusement augmenté la pression dans le réseau souterrain inconnu, preuve qu'il n'existe pas d'autres entrées basses évidentes sans perte de charge. Ici aussi, le puzzle se met doucement en place.
Il faut deux bonnes minutes pour que le courant d'air se stabilise et reprenne son débit originel à trois mètres cube/seconde.

Mais les surprises ne sont pas terminées : dès le courant d'air stabilisé au Blau, je file revoir le nouveau trou souffleur situé bien en amont de la partie connue du trou du Vent.
Incroyable, il n'y a presque plus d'air. On en sent encore un petit peu mais l'anémo marque zéro ! Voici pourquoi il y avait des feuilles dans ce trou...
Nous venons d'inventer un nouveau concept qui colle bien avec les initiales du club : la RTSCAAA (Recherche de Trou Souffleur au Courant d'Air Artificiellement Accéléré)
Il s'agit donc d'une nouvelle entrée, plus éloignée et connectée au système Blau-Chandelier, mais avec beaucoup de perte de charge, bouchons et étroitures en prévision...
Néanmoins, il conviendra de surveiller particulièrement le comportement de ce trou lors des débuts et fins de cycle hydrologique, il pourrait fournir de précieuses informations sur l'emplacement des siphons temporaires.

Au final donc, de nouvelles perspectives, une sacrée récolte de données et une redéfinition du contexte de toute la zone du Blau en une seule journée. A poursuivre absolument...

18 commentaires:

riton a dit…

Rien à rajouter...si ce n'est à poursuivre le plus tot possible.Avec tous ce qui voudrons, Club ou pas club....

Denis a dit…

Laurent, j'ai examiné les photos d'Olivier Brieu : le trou de Dom est bien son 2è trou (les parois, le petit fond, la grosse racine à droite, tout concorde).
Dans son blog, il parle bien de "découverte d'un trou souffleur", mais pas de travail. Il l'a caché (2è photo) en mettant un bloc dedans qui est tombé au pied depuis.
Par contre, pas un mot sur la grotte des Dames...

Anonyme a dit…

Club ou pas club. Merci pour l'invit. OK en fct de mes dispo. Faites signe.Gounel

Laurent a dit…

C'est ça qui est étonnant Denis. Mais pourquoi pas, le gros bloc sur la photo d'Olivier a peut être disparu. A vérifier avec lui...

Gounel, si tu veux je te rajoute sur la liste de diffusion interclub qu'on utilise avant chaque sortie.

Denis a dit…

Le bloc était en équilibre un peu plus bas : on l'a fait tomber avec Seb. Et je pense que Dom reconnaîtra la racine qui gênait.

Anonyme a dit…

Ok pour la liste de diffusion. Merci Michel

Laurent a dit…

Enigme résolue alors. C'est tant mieux. Du coup ce trou est situé plus en amont qu'annoncé au départ.
Notre petite expérience aura eu des effets visibles sur des cavités distantes de plus de 450m à vol d'oiseau...

Dom POULAIN a dit…

Mea culpa d un septic
Tres bonne expérience,bravo à Laurent
Et dimanche sympathique.
Le réseau du blau commence à donner des infos .
On attend plus que la course dans les galeries.

masdan a dit…

Bravo pour ces deux cavités trouvées ou retrouvées, de nouveaux chantiers ? Dommage que l'été n'a pas été utilisé pour faitre les escalades du blau. Belle dynamique.

Etienne a dit…

Henri, remets toi à l'escalade !

riton a dit…

Si fait mon seigneur...pas plus tard que cette semaine...entre deux orages. Si possible dès demain avec Lionel!

Andre Tarrisse a dit…

Bonjour à TOUS-
FELICITATIONS LAURENT pour cette TRES BELLE " Manip Aéro- Spéléologique ",...certes " Rustique ",..mais qui fonctionne à merveille !! - Bien Amicalement - André -
..( Pour la Montagne,.. prévois une " Clé de Portage " adaptée pour transporter la "Balle de Paille " ou de "Foin " !!).

riton a dit…

Je viens d'avoir à l'instant Thierry. Cette "entrée des dames" était déja connue (désolé Elodie!),mais le trou avant ne soufflait pas quand il l'avait vu...De plus Albert de la SSP, aurait commencé à ouvrir un autre trou souffleur plus en aval dans le talweg.Par contre, intérrét très moyen théorique par rapport au Chandelier, ou nous sommes plus au niveau d'un étage fossile.

Thierry bonnel a dit…

Je ne voyais pas l'entree de la grotte de ce cote(sarrat du milieu)mais plutot vers l'entree du blau d'apres le descriptif.il s'agit de la suite theorique du trop plein des graviers dont le fond se situe sous le sommet du sarrat.la grotte en serait un niveau fossile et le trou souffleur met en evidence(inedie)une continuation au dela des amonts connus du blau pres des contacts marneux.tres instructif...

Thierry bonnel a dit…

Je ne voyais pas l'entree de la grotte de ce cote(sarrat du milieu)mais plutot vers l'entree du blau d'apres le descriptif.il s'agit de la suite theorique du trop plein des graviers dont le fond se situe sous le sommet du sarrat.la grotte en serait un niveau fossile et le trou souffleur met en evidence(inedie)une continuation au dela des amonts connus du blau pres des contacts marneux.tres instructif...

Thierry bonnel a dit…

Desole pour le doublon

Thierry bonnel a dit…

Desole pour le doublon

Thierry bonnel a dit…

Desole pour le doublon