Samedi 25 janvier 2025
Participants : Pascal, Gilles
TPST : 12h30 / Aven des Patates (Causse Noir, Aveyron)
Voilà un moment que je voulais faire ce trou sur le Causse Noir. La première fois que j'en ai entendu parler, c'est par Jean-Michel lors de son stage sur les Causses au printemps 2024. Un P65 plein pot, forcément... une sorte de syndrome de Stockholm de ma part ! Tout le monde s'était fait doucher dans ce puits, il faut dire qu'un ruisselet discret s'y jette...
Le projet était resté en stand-by jusqu'à ce que j'apprenne début janvier que le trou est équipé en fixe dans sa totalité. Je contacte alors celui qui a équipé, Fredo Aragon, c'est un plongeur local qui a effectué une nouvelle plongée fin 2024.
Les puits d'entrée sont déséquipés, tout le reste est en fixe, youpi !
Mardi je commence à rassembler les cordes. Je fais un mix entre les deux vieilles fiches d'équipement que j'ai pu trouver sur le net, l'une sur le site du CDS12 et l'autre sur Grottocenter. Cela fait 355 mètres de corde avec le rab, mais avec une majorité de 6 mm, on est légers.
V'là t'y pas que jeudi soir j'apprends que le trou est finalement broché. Je refais alors les kits, en me débarrassant d'une bonne quantité des plaquettes et AS.
Samedi matin je rejoins Pascal à Béziers, puis nous covoiturons jusqu'au trou. À 9h50 nous sommes garés, la marche d'approche est de l'ordre de la minute, c'est parfait !
Pascal a plein de matos neuf à étrenner : baudrier, torse, basic, descendeur, mini-kit. Un beau trou pour l'occasion.
À 10h20 nous entrons dans le trou. On se fait passer les trois kits sur le premier ressaut équipé de marchons et nous arrivons au premier obstacle. Le trou est facile à équiper, forcément, c'est broché... Je rajoute de temps en temps des points car les débuts de mains courantes sont systématiquement sur une seule broche. Le plus sera long d'équiper un petit ressaut dans le méandre qui certes pourrait se passer en libre mais avec les kits à faire passer ce n'est pas la meilleur des idées. Nous parcourons le méandre et arrivons enfin à la main courante du P65. Les choses sérieuses commencent !
Je fais ma main courante avec un bout de 8 mm, raboute ma C71 en 6 mm dans nœud de chaise double à la tête de puits et... c'est parti ! La première partie du puits (28 mètres) se fait dans un diamètre raisonnable (8 à 10 mètres), mais on est loin des bords. Le puits peut se descendre en un jet, mais le problème est qu'on se rapproche inéluctablement du ruisselet qui démarre à la fin du méandre, jusqu'à être sous l'eau.
Fredo a alors eu une belle idée : juste avant le plafond de la grande salle, il a tendu une corde dans un coin du puits, une fois celle-ci attrapée, elle aide à faire un pendule d'environ 4 mètres et à équiper un frac pour terminer la descente hors crue (pour l'anecdote, Fredo m'a raconté qu'il avait dû faire deux fracs provisoires sur Pulse pour installer ladite corde).
Lorsque j'arrive au niveau de la corde (à environ deux mètres de moi), je ne parviens pas à me balancer suffisamment, même avec l'aide de Pascal qui secoue la corde en haut. J'improvise alors un lasso constitué d'une Dyneema lesté de ferraille à son extrémité. Avec un peu de chance ça va suffire... et ça marche au premier coup ! Me voilà au frac, une plaquettes en fixe sur goujon est un peu branlante, mais ça fera l'affaire. Deux tisserands, et c'est reparti... je suis au plafond de la salle, c'est le noir total où que je regarde. Moi qui déteste les descentes en fil d'araignée, je me demande ce que je fais là... j'ai mis la lumière au minimum et je donne le mou dans la demi-clé en attendant patiemment que ça passe. Mais bon sang que c'est long !! Ça y est, je commence à apercevoir le sol, ouf, ça va se terminer un jour. Je pose enfin les pieds et au sol et crie un "libre" aussi bien à l'attention de Pascal qui poireaute au frac que pour moi-même, enfin libre de cette épouvantable descente. 😁
Les 35 mètres les plus longs de ma vie...
Pascal descend doucement, mais pour d'autres raisons. Tout d'abord parce que je lui ai demandé, pour ne pas fumer la gaine de la corde, mais aussi parce qu'en S avec deux tours de poulie du bas (comme il est de coutume sur de la 6 mm), la corde se bloque dans son descendeur. C'est donc en S simple qu'il descend, en m'avouant qu'il fallait tenir la corde un peu fort. On n'a pas la même appréhension du vide, c'est certain !!
On devine le frac pendulaire avant l'arrivée en plafond
Il est 13h30, on quitte la zone peu confortable au pied de la corde et nous nous dirigeons vers le lac aux Sept Échos. La corde du P40 est en fixe, on a juste à la laisser glisser depuis le haut du puits. On passe de la 6 mm à la 10 mm gonflée par le temps, le grand écart ! Le lac est superbe, l'eau transparente, la hauteur de la salle est vertigineuse.
Tout est gigantesque, à maintes reprises on a l'impression d'être à l'extérieur en pleine nuit, mais que nenni, un coup de phare laisse bien apparaître un plafond.
Nous traversons une première grande salle avant l'arriver au sommet du grand toboggan.
C'est ici que commencent 100 mètres de vire permettant de franchir deux grandes volumes comme sur la photo ci-dessous en restant sur les hauteurs.
La vire est à droite et permet de rester sur les hauteurs
Seconde partie de la vire, un canyon sous nos pieds !
La suite de la progression est aidée par quelques rubalises judicieusement disposées. Nous descendons le P12, traversons encore une grande salle, empruntons la E15 et nous retrouvons à la "salle au Monts".
Au bas de cette salle, un P15 nous amène un peu plus près de l'eau. Une main courante au-dessus du canyon nous le fait traverser deux fois, et après une désescalade de quelques mètres, nous sommes enfin dans la rivière ! Nous n'irons pas jusqu'au siphon, il faut se mouiller copieusement pour y parvenir. Il est 17h.
Terminus !
Nous entamons le chemin retour et en profitons pour faire quelques photos à la salle au Monts.
De retour en haut du toboggan, on avale le deuxième repas avant la montée. Je remonte le P65 en premier, Pascal reste à distance pour tenter quelques photos. Je profite cette fois du vide en prenant des pauses pour les photos et en utilisant les divers éclairages sur moi.
Pascal déséquipe le P65, pour sa deuxième fois au déséquipement je le gâte, après le P54 de Castanviels. 😁
Une fois dans le méandre je prends un peu d'avance jusqu'au P10. Je commence à monter, passe la dév et attend Pascal sur la corde. Ne voyant personne arriver, je fais une conversion et trouve Pascal englué dans une escalade sur de l'argile liquide. "Il y avait des traces de pas" qu'il dit 😂 Tout est pourri, les gants, le kit, le pantin, les lunettes de Pascal... On passe un moment à faire du ménage et on reprend la montée. Peu de temps après je reprends le déséquipement. Le trou est large, avoir deux kits ne pose pas de souci.
Nous mettons le nez dehors à 23h, il n'y a ni pluie, ni vent, contrairement à ce que la météo annonçait. C'est tant mieux, il fait 3 degrés.
Je conduis jusqu'à l'A75 et ensuite Pascal reprend le volant sur l'autoroute pendant que je fais une sieste. Je reprends ma voiture à 1h à Béziers, il me reste une heure de route.
Le dimanche sera consacré au lavage du matériel. Une boue rouge a tout recouvert...
Tout propre !
5 commentaires:
Eh bien, vous voyez du pays, bravo.
Bravo Gilles et Pascal pour cette belle sortie. Effectivement je pense que ça m'aurait bien plu ce beau P65, ce lac… et toute cette boue rouge ! :-D
Impressionnant !!
De la boue sur du...6mm...aie aie!!!
La coupe fait un penser au trou des Oeillets. Avec une belle eau visible et sans la "fosse aux varans"ou mon descendeur ce baisait vers le bas sur de la 10.5!!!!!
On avait de l'eau pour nettoyer les bloqueurs et j'avais pris la brosse à dents.
En effet ça ressemble aux Œillets ces grands volumes, par contre je ne connais pas la partie aquatique.
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