dimanche 9 mai 2021

Sortie initiatique et premières données en régime estival

Samedi 8 mai 2021

Vieux Lion/Chandelier

Participants : Dom, Laurent (SCA) + 4 spéléos de la section CAF de Quillan

TPST : 8h

 

Continuation des nouvelles observations et travaux en cours sur le réseau. Nous emmenons avec nous quatre nouveaux arrivés dans le milieu de la spéléologie locale, qui sont très motivés pour découvrir le patrimoine souterrain du coin sous tous ses aspects.

Il doit faire assez chaud ce samedi et les niveaux d'eau sont bas. L'idée est donc de commencer la journée par ouvrir la porte du Chandelier pour booster la ventilation souterraine. Ca souffle dur dès le matin...

Ensuite descente par le Vieux Lion pour une salve bien fournie dans les voûtes basses vers -100. Après une initiation au gamattage en règle qui nous amène à 13h30, le groupe part plus loin pour visiter une partie du réseau III. J'en profite pour fouiner un peu partout et tenter d'en comprendre un peu plus sur les écoulements de crue et l'aérologie estivale post-jonction.

Pendant la crue exceptionnelle de janvier 2020, l'extrémité aval du réseau IV s'est mise en eau sur plus de 3m (les voûtes sont heureusement à plus de 15m). Le déversoir était constitué du passage que nous avons ouvert lors de l'explo à travers le bouchon de calcite. Ensuite écoulement libre dans le III jusque dans le chaos de gros blocs qu'il faut escalader pour atteindre le petit lac suspendu. L'eau s'est perdue dans le chaos comme constaté par Etienne. En s'insinuant dans le chaos, un passage ventilé serait à ouvrir, qui donne sur du pénétrable plus bas, entre paroi et gros blocs, le tout décapé par un écoulement assez puissant.

Au retour, visite du méandre étroit qui part plein sud à la charnière du III et du IV. Progression assez rude sur 30m avant un bouchon de calcite (là aussi) qui obstrue tout...sauf...un triangle de 10cm de côté au ras inférieur.

Il en sortait un courant d'air du diable, en pression...Au fond du synclinal et sous les marnes, on se doute de ce que cela signifie : sans doute une sérieuse option vers l'inférieur, mais la désobstruction n'est pas gagnée d'avance vu le peu de place.

Les jeunes se confrontent également à la première partie du boyau du Vent qui porte bien son nom. Une grosse partie du courant d'air du trou en sort, comme avant la jonction. Le petit trou souffleur 50m plus en amont était également bien actif.

Par contre, aucune modification du régime de l'entrée du Vieux Lion, qui aurait plutôt tendance à souffler fort également, même avec la jonction effective et la porte du Chandelier ouverte, et malgré quelques inversions. Bref, tout souffle...

Il existe donc des entrées plus loin et plus haut dans le massif qui impriment le flux d'air dominant dans le réseau jusqu'au Chandelier et au Blau. Nous n'avons pas perturbé grand-chose.

Affaire à suivre donc, les pièces du nouveau puzzle commencent à se mettre en place. Prochain chantier (en l'absence des maigres pour la topo du boyau du Vent) : le grand siphon fossile amont et ses galets de 15kg remontés sur plusieurs mètres par l'ancien courant ascendant...





Jalons bien visibles à mi-hauteur du plus ancien niveau de remplissage







 

17 commentaires:

riton a dit…

Très intéressant tout ça. j’apprends aussi qu'il y aurait une section CAF à Quillan!!Tu n'a peut être pas les noms de ces gars, pour l'Historique?

masdan a dit…

Mais ne serait ce pas l'équipe qui a publié des photos du Bournasset sur le blog de la fédé ? ... Et la vidéo qui devait suivre ? ..gromeleu, je ne la vois toujours pas !!! ;-)

Etienne a dit…

La barrière III IV ferait donc suffisamment de perte de charge pour que les entrées hautes du IV refoule par le VL, plus probablement l'actif inconnu qui refoule dans le IV par le méandre de la barrière et d'autres points à trouver ! Dans le IV non loin de la barrière, deux cheminées balancent plusieurs l/s qui se perdent dans le remplissage au sol de la galerie, faudra voir si du zef en sort par temps chaud. Je soupçonne que c'est l'eau que l'on a entendu dans la barrière la fois où il y avait tant d'eau !

masdan a dit…

Très intéressant , mais à confirmer, le bruit de l'air chassé par la pression de l'eau qui monte, ressemble beaucoup au bruit de l'eau, comme le bruit de l'eau peut ressembler aux sons des voix des copains que tu attends et qui tardent à arriver...

masdan a dit…

Je pense qu'avant d'engager un nouveau chantier pharaonique, il serait intéressant d'envoyer l'équipe des" faxeurs "faire la topo et un peu d'explorations pour voir qu'elle est l'étendue de ce futur chantier...Ou alors le "chef"" engage une sévère cure d'amaigrissement.... ♪♫♪.

Laurent a dit…

Il vaut mieux une cure d'agrandissement du passage s'il s'avère qu'il n'y a pas de shunt possible, car à moins de perdre plusieurs os...

Sur l'aval du IV, les actifs saturent les soutirages dans le remplissage en cas de forte crue. Il y a une recharge de camping gaz coincée dans un alcôve à 3m du sol pour preuve, à moins d'une plaisanterie...
Les traces montrent également que l'eau a pu monter plus haut à une époque, à cause de l'énorme barrage de calcite formé à la charnière III-IV.Cela démontre qu'il y a eu une longue période de fossilisation avant une reprise d'activité.

Sur l'actif qui disparait dans le chaos du III, je pense de plus en plus qu'il s'agit d'un sous-écoulement indépendant du Blau, qui correspond à l'actif qui réapparait dans le II (une centaine de mètres de première en solo là dedans lors de l'explo). C'est trop au nord de la structure. Il faut se concentrer sur l'ouest et le sud.

masdan a dit…

La vidéo sur le Bournasset :https://www.youtube.com/watch?v=HcGlX6Z2w6c

masdan a dit…

Laurent, je veux bien passer une semaine en bas avec deux ou trois collègues, le problème étant la recharge des batteries, et puis, il me faudra bien 3 jours pour remonter ♪♫♪.( une manoeuvre secours ? )


Laurent a dit…

Le bivouac est déjà prêt, le coin est sympa, il y a une source permanente à proximité et le chauffage au camping gaz.
Bref, de quoi survivre quelques temps. Pour la manoeuvre secours de remontée, on peut prévoir ça en 2022 ;-)

Etienne a dit…

3 m du sol ! Il faut voir où, je n'ai pas vu mais si c'est plus haut en Z que le déversoir de la désob pour franchir la barrière du III IV alors oui je verrais bien une plaisanterie. Même si les gravats de la désob III IV sont étalés dans le III par un courant conséquent l'escalade dans la barrière pour sortir dans le IV n'a pas l'air d'avoir fonctionné en déversoir ou pas au point de saturer ! C'est très surprenant.

''Cela démontre qu'il y a eu une longue période de fossilisation avant une reprise d'activité.'' Oui ou une concurrence synchrone entre remplissage chimique et creusement (ce pourquoi le pied des barrières stalagmitiques grade toujours un petit passage ouvert, si fermeture complète et réouverture je verrais des déversoirs en hauteur ou latéral et des galeries comblés de sédiments en amont de la barrière ce qui est un petit peu le cas pour III IV (je saupoudrerais d'un peu de tectonique pour l'expliquer (III IV) plus perte latérale intra barrière) mais différant pour les autres barrières)...

Pour les semi-actifs je verrais bien simplement que le niveau fossile draine horizontalement sur quelques dizaines (voir centaines) de mètres la collection des infiltrations avant de rencontrer une faiblesse permettant à l'écoulement de rejoindre des niveaux plus jeunes et que ce phénomène se répète tout le long du fossile. Sinon où fais-tu passer le blau sur le tronçon de la perte du III à la réapparition dans le II ? (Réapparition c'est un peu en amont du choc des titans ?)

riton a dit…

Et la "concurrence synchrone" existe t'elle entre spéléos?
Je pense plutôt une concurrence souterraine (!) et non verbalisée, mais qui résurge parfois en éclaboussant le collectif!!Hi Hi...

Laurent a dit…

La cartouche se situe à la cote du déversoir mais quelques dizaines de mètres en amont. Si c'est une plaisanterie elle est bien réfléchie ou c'est un coup de bol.
Le déversoir n'a jamais saturé et fonctionnait en régime torrentiel, de gros blocs de la désob ont bien été transportés en aval. Par contre pas d'écoulement provenant du méandre horizontal plein sud dans la barrière avec le trou souffleur au fond.

Pour l'emplacement du Blau, je le verrais bien couper le IV par dessous puis continuer vers l'est - sud-est pour aller chercher et suivre le contact des marnes (si c'est le cas il devrait y avoir du volume). Cette circulation au contact devait déjà être active (en noyé) à l'époque où le Chandelier fonctionnait en rivière car c'est un point de convergence dans la structure.

Le débit absorbé dans le III en crue semble correspondre à celui restitué dans le II (c'est bien la résurgence en amont du choc des titans). De plus c'est dans la grande boucle que fait le réseau vers le nord (le plus loin du Blau théorique) et ça donnerait du sens à cette résurgence inexplicable dans le II à une cote supérieure de 90m à la source du Blau et même au-dessus de la cote d'entrée du trou du Vent.

Etienne a dit…

Ok la barrière n'a donc pas saturée, là ça colle... Je n'ai pas visité le méandre dans la barrière, juste mis le nez dans le chenal la fois du bruit. Tu le vois comme un amont ? Vu du départ je pensais à un aval et à cause du bruit j'imaginais que ça draine le IV vers des niveaux plus jeunes. Ta description du courant d'air soutenait cette idée, il faut que je le visite la prochaine fois !
Pour le § 2 je comprends rien à la structure ! Mais si je conçois le fonctionnement dans un bloc homogène le chandelier et le blau seraient plus proches en z à l'amont qu'à l'aval. C'est peut-être ce qui explique que le point chaud ait pris l'eau (à moins d'un amont qui fait sont chemin indépendamment)... Et probablement que les différents amonts chandelier blau ne font encore qu'un (ne sont pas étagés), au moins en amont des captures fontmaure, fontestorbes...
Il y a donc une perte super intéressante en amont de la salle des titans, car je ne crois pas que l'on retrouve ce débit en aval de la salle malgré la grosse marche à descendre en aval de cette salle ? C'est justement en amont de la salle des titans que la fois de la pluie nous avions observé les glou-pschitt sous pression ! Il me manque des gros tronçons en mémoire. Je ne vois pas où est la résurg mais ça n'apparaît pas sur un long tronçon il me semble... Et sa se perd en partie dans le chaos de la salle et un peu en amont dans le glou-pschitt ?
Donc vers le bas deux trémies et le méandre de la barrière ? Et les gaz se sont dilués dans le réseau ou l'odeur disparaît/apparaît en un point précis ?

Laurent a dit…

Le méandre en trou de serrure de la barrière est parfaitement horizontal et a pu potentiellement fonctionner à l'origine dans les deux sens, mais le surcreusement semble avoir fonctionné comme un amont. Toutefois on a du mal à imaginer un affluent venant du sud dans ce secteur car le réseau n'a pas encore franchi le fond du synclinal qui est plus au sud. L'emplacement est donc très intéressant pour recouper quelque chose, et il y a l'air...

Sur la capture de l'actif temporaire dans la salle des titans, ça ressort dans un inférieur en bas du puits suivant vers l'aval, sous la calcite (il y a un siphon). Rien à attendre à mon avis dans ce coin, il faut se concentrer sur le secteur du synclinal où Blau et Chandelier se croisent forcément.

On a pu suivre l'odeur jusqu'à la barrière du IV à l'aller. On l'a retrouvée dans le III très diluée au retour (normal vu le volume...) mais plus rien dans le IV

Etienne a dit…

Bon cette barrière III IV revient toujours ! La section et profil de galerie change radicalement elle aussi du III au IV.
Je vois très bien le siphon que tu évoques mais pour moi les formes de creusement ne sont pas au RDV à l'aval de la salle du chaos. Pour toi si ? Faut faire la traversée avec les nouveaux, nettoyer le matos, balisage et observer plus finement tout ça ! Il y a une petite escalade dans le II qui me titille aussi...

masdan a dit…

Je trouve que ces discussions sont vivifiantes, elles font parties d'un des grands fondements de la spéléologie: Observation, spéculations, rêves et explorations .Merci les d'jeunes , j'aime ce blog.

riton a dit…

Par intuition et non raisonnement scientifique, je pressent une suite à la jonction 3 et 4. Car comme le dis Étienne, il y a vraiment un changement de profil entre les 2 réseaux. Risque aussi d'avoir de l'étroit derrière ce méandre. Le siphon du point chaud est peut être bien colmaté, mais les creusements doivent être au RDV. Les galets sur les parois sont impressionnants!