mardi 18 juin 2024

Le mystère est levé ! (presque)

Lundi 17 juin 2024

Participants : Daniel.M, Daniel.C, Jean-Michel.E, Alary

TPST: 5h15 / Vallée de Saint Pancrasse "Trou du piège"


Retour à Saint Pancrasse ! (ça faisait longtemps). À 10h nous attaquons le boyau du fond et dégageons un beau chenal pour la navigation des gemattes. L'objectif: accéder au volume suivant. Le boyau un peu étroit est décaissé sur 40cm, dessous, le sol argileux est très compact, mais en 2 heures, le moment est venu d'essayer de passer. Le conduit tourne à 80° sur la gauche, et remonte immédiatement de 1m, je passe le haut du corps, mais les jambes ne passent pas, alors, on creuse davantage un peu partout, et on enlève quelques blocs. Pendent ce temps dehors, ça prépare la grillade ! Et puis, il est possible de passer. 

Boyau décaisser
Passage remontant
On arrive alors dans une salle de 2m de haut sur 4m de large, très originalement ornée. Nous trouvons quelques très vielles stalactites, et surtout, une sorte de plancher enrobé dessus et dessous de ce qui semble être, de gros cristaux de calcite.
Plancher
Ces cristaux sont plus ou moins translucides, et arborent en leur sein, de jolies couleurs.
(fer?)
Avec de la lumière
Sur les murs sombres, se détachent des formes plus ou moins triangulaires blanches (certaines noires). À certains endroits, des cristaux fins, longs et au chapeau pointu sont coupés dans la longueur. Je n'avais jamais vu tout cela. 
Encore plus beau en vrai
Et... c'est quoi au fait ?
Image de la salle d'arrivée. Derrière Daniel, la sale salle.
Après cette petite pièce, on accède à une seconde de taille similaire. À la différence que cette dernière a été chiée dedans par des générations de blaireaux. Le sol, spongieux est un horrible mélange d'excrément et de terre, certains étrons sont encore bien visibles. L'insalubrité absolue est probablement l'une des causes de l'abandon du trou par les blaireaux (rien que d'y penser, j'ai encore l'odeur...). L'odeur d'ailleurs, n'était au départ, pas si horrible, mais la suite m'obligera à changer ça... 
Nous explorons alors un peu toutes les possibilités, en guettant la suite du courant d'air, bien présent au rétrécissement entre les deux pièces, et venant donc de la salle du fond (celle pleine de m****). Puis finalement, je reste un moment tout seul dedans, j'entends un goutte à goutte ponctué d'irrégularité venir du fond. Dans le fond d'ailleurs, il y a deux passages étroits.
Au fond à droite de la salle, les deux passages.
Je reprends mon tour pour localiser l'air, et je finis par trouver. Les deux passages du fond sont ceux d'où provient l'air. Celui le plus au fond (à gauche sur l'image au dessus), est de petite taille, et s'ouvre en contrebas d'un joli creusement, sur lequel quelques petits galets de rivières sont encore collés.
Graviers collés, passage en dessous. C'est le bas de l'image "Encore plus beau en vrai
"
L'autre passage, sur la droite, fait 50cm de haut pour 20/25 de large pleine roche. Ce dernier est suivi d'un élargissement, et d'un boyau qui décent fortement (reprenant la morphologie des conduits précédemment excavés). Nous voyons sur 2.5m. Et c'est d'ici que sort le gros du courant d'air.
Boyau en question
J'essaie ensuite de regarder dans le passage bas coté gauche, mais ce dernier est surmonté d'une banquette d'argile solide où gisent horriblement deux belles caguades moles et putrides. Et pour se pencher davantage, il faut enlever ça... Alors j'y vais à l'aide d'un outil, et c'est à ce moment là, qu'une odeur étrangement gazéifiée se répand de partout... Après un peu d'apnée, je parviens à jeter un œil là dedans, je vois sur 30cm, c'est à moitié bouché et ça part en direction du boyau soufflant de droite. Le potentiel est donc concentré sur le plus grand des deux passages.

Quelques vidéos visites et contexte (prises après avoir retourné la chierie...) :

Très instinctivement, nous sommes tombés d'accord pour nommer cette salle, la "salle de la caguade" (toute autre proposition sera écartée !!!). L'air circulant, à rameuter les effluences jusque dans le boyau d'entrée... il est grand temps de sortir, et de se débarbouiller un peu !

Vidéo de Daniel qui illustre bien ce que nous avons vu : 
Dehors, le repas concocter par Jean-Michel est prêt, au menu, mergez et boudin noir. Pendant que j'étais encore au fond, Daniel.M a entrepris de creuser le sol au départ du petit conduit où à eu lieu l'injection de fluo. Et Daniel.C est tombé sur un autre départ de méandre pénétrable, situé entre le trou du piège et la perte dans le ruisseau sous le moulin. Le chantier principal étant empesté nous allons devoir trouver d'autres occupations ! Certains creusent alors le conduit de l'injection, et d'autres travaillent le méandre pénétrable. 
Entrée du méandre
Dedans, la suite
Ce départ en méandre au plafond plat souffle étonnamment fort, plus que ce que nous avions au fond du trou du piège. Alors avec Daniel, nous vidons tout ce que nous pouvons. Rapidement, des blocs sont atteignables, ça avance vite. Dans ce petit volume, on observe de haut en bas une grande fissure légèrement inclinée, une petite poche est également présente à 1m au dessus (impénétrable). Une fois le bas bien dégagé, il est possible de voir la suite, qui s'horizontalise, et file droit devant sur 2m, avant de remonter légèrement. Cette fissure, s'élargit très largement vers le bas, il suffit de creuser le sol pour passer. Entre temps, Jean-Michel débarque en pro de la massette, et agrandi remarquablement l'entrée, une gamatte peut maintenant s'y faufiler !
Entrée élargie
Dedans, j'ai sorti énormément de blocs, il reste quasiment que la terre (avec quelques cailloux) avant d'accéder à l'élargissement bas de la fissure. Entre temps, Daniel.M, concentré sur le boyau de l'injection butte sur des racines. Et avec la condensation, des gouttes vertes fluo font leur apparition.
Les vertes...
Vers 16h, nous levons le camp, direction un décalaminage corporel obligatoire !

Il va falloir que l'on fasse un point sur ce que l'on priorise, car d'une part, la salle caguade continue, mais nécessite de travailler dans des conditions (pour l'instant) très désagréables. Et d'une autre part, nous avons ce début de méandre fort soufflant et placé entre nos deux chantiers... Que faire ???

16 commentaires:

riton a dit…

Méandre soufflant...sans hésiter! Tous ces trous au même endroit ne peuvent que signaler du GROS là dessous!!A titre d'info j'ai stocké de la paille pour le jardin, et ça peut être une solution pour la merdasse. J'ai eu Daniel C au télé et il me préviens quand vous y retournez. Des fois je peut me libérer en semaine.

riton a dit…

Excellente la dernière vidéo. Je confirme aussi que je n'ai jamais vu des cristaux pareil!!De véritables œuvres d'art!!

masdan a dit…

Il y a deux oublis dans ton très bon compte rendu. Tout d'abord, avant de manger, tu t'es dépoilé pour te décrotter dans la rivière, ensuite avant de partir, on a commencé à faire des tests de fumées dans la barre à 30m du trou du piège. Les tests ont été, en général négatifs, sauf sur le dernier trou constitué par un joli méandre impénétrable en hauteur communicant, au bas de la barre avec un trou de blaireau qui sera facilement ouvert . Là pas besoin de test: un fort courant d'air sort des deux trous et couche l'herbe devant le terrier. Bref, tout cela fait beaucoup de courants d'air.

Laurent a dit…

Bravo pour cette première avancée qui en appelle d'autres...
Tout ça confirme l'intérêt de la zone et la richesse géologique de ce karst !
Probable genèse hydrothermale pour le filon mégacristallisé, ça colle avec la structure géole qui plonge à plus de 1000m et la température élevée de la résurgence du massif encore aujourd'hui (anomalie +4 à +6°C selon la période). Il se pourrait donc qu'il y ait d'autres surprises à l'avenir...

Le méandre attaqué dans l'après-midi est la première cavité que j'avais découvert sur ce massif il y a bien longtemps (Henri doit avoir ça dans les CR d'avant les années 2000). Arrêt à l'époque sur habitant poilu récalcitrant dans la faille soufflante qui se prolonge à l'horizontale.

A ce niveau on se rapproche de la perte principale (une trentaine de mètres en plan et en profondeur) où le courant d'air est maximal (lorsqu'il n'y a pas d'eau). Ces trous sont différents maillons d'un même système qui reste à explorer...

masdan a dit…

Les formes rappellent, avec peu de doutes, une origine hydrothermale, hyper bouffé, ramifié, et pas un seul coup de gouge. De plus, si dans les parties terreuses et paillées, il peut y avoir un doute sur la patine des parois, la couleur noire du plafond des salles doit être du manganèse, les drôles de concrétions font penser aussi à une origine thermale. Ceci étant, il y a quelques strates composées de brèches reminéralisées.

masdan a dit…

Voilà un article intéressant, il y a les mêmes concrétions que dans le trou du piège...

http://cds06.free.fr/commissions/com-scientifique/Rapport%20stage%202006.pdf

Alary a dit…

Si son hôte n'est plus là, alors on peut peut être tenter un truc dans ce méandre.

Merci pour ces quelques précisions et complément au cr !

masdan a dit…

Il faut tout mettre dans des sacs plastic et tout ressortir.

riton a dit…

Donc potentiellement un réseau karstique "hydro-thermal"?
Ave des méga concrétions??

masdan a dit…

Réseau hydrothermal avec des mégas galeries, recoupées il n'y a pas longtemps par le rencreusement de la rivière ..Ouhmf ( peut être)...

Alary a dit…

Ce n'est pas une caguade monumentale qui va nous arrêter 🤣

riton a dit…

Vous pourriez l'appeler le....trou de la courante...!!!!

Ours a dit…

Le moins que l'on puisse dire c'est que vous avez du nez. Prévoir du boudin noir lors de la découverte de la salle de la caguade il fallait oser, on est là dans un syncrétisme rarissime entre la gastronomie et la toponymie spéléologique. Le professeur Chabert doit se retourner dans sa tombe.
Bravo.

JPP a dit…

Le problème est que vous aurez fait partir les blaireaux. Dans quinze jours/3 semaines, ce sont les puces affamées qui vont vous faire fuir....Pour être tranquille, il faut attendre ce délais avant d'y revenir. Elles seront mortes de faim, à moins que vous vouliez servir de repas avant.

masdan a dit…

Seul Daniel Constans a eu une puce. Les cagadous ainsi que les litières semblent anciennes. J'ai prévu un stock de sacs d'engrais (ex André Capdeville) pour conditionner le plus gênant. On fermera ça avec des ligatures métalliques.

Jean Michel a dit…

La prochaine fois j'amènerais des boudins blancs.
Espérons que cette histoire ne se termine pas en jus de boudin!!!