lundi 1 janvier 2024

Taper le fond du Mariolle à 3, c'est pas de la tarte !

Samedi 30 décembre 2023

participants : Alary, Félix, Gilles

TPST : 13h30 / Le Mariolle

Après le succès de l'expédition au SP4, nous voilà repartis dans les grands trous audois avec comme objectif d'atteindre la côte de -232 m du Mariolle.
Sur le papier, c'est beaucoup plus simple que le SP4 : beaucoup moins d'obstacles et des grandes verticales, une fiche d'équipement, certes vieillotte, mais qui a le mérite d'exister. 
L'équipement jusqu'au pied du P62 devrait être en bon état puisque le trou a fait l'objet d'un exercice du SSF il y a quelques semaines. Au-delà c'est l'inconnue, perfo, tamponnoir et Dyneema à profusion feront partie du voyage.


Ci-dessous le tableau de travail de la sortie réalisé par Félix. Au programme 400 mètres de corde et 88 amarrages.


Sur le papier, on arrive à 5 kits. Cela tombe bien, nous sommes 5 sur la sortie !

Félix m'ayant confié son matériel, je prépare la veille.



Mais vendredi midi, coup de fil de Paco : il ne peut pas venir, il est malade. Par conséquent Vladimir ne viendra pas non plus pour des problèmes de transport, on se retrouve à 3 !
Après concertation d'une demi-seconde, on maintient la sortie, on ne devrait pas traîner deux kits par personne trop longtemps.

Samedi matin départ 7h20 de Villeneuve, je récupère Alary à Carcassonne, Félix à Couiza et nous voilà à près de 1000 mètres d'altitude perdus dans la forêt des Fanges,  après une demi-heure de piste forestière (en très bon état).
Le portage des kits se réduit à une centaine de mètres, le trou est au bord de la piste, quelle chance !

Dépose des kits

À 10h15 nous somme devant le trou, petite photo souvenir (floue), et je commence à équiper le P56.


Du matériel et peu de porteurs, la remontée s'annonce sportive

C'est parti !

L'équipement est un mix entre spits, plaquettes en fixe sur goujon de 12 et goujons de 8. Encore une fois je me dis que j'aurais dû prendre des plaquettes sans vis, je déteste les démonter au-dessus du vide ! Et quelques écrous de 8 en cas de maladresse...
Un toboggan glaiseux et "impurgeable" nous oblige à nous regrouper dans un mouchoir de poche au sommet de la grande verticale. Juste avant Félix s'était retrouvé pendu dans la main courante que j'avais retendue avec un demi-cabestan en pensant avoir fait un cabestan... Faut bien rajouter un peu de piment.😁
Après un frac sur une magnifique lunule en plein du milieu du puits et un second sur spits, nous voilà au pied du P56.
Félix reprend l'équipement, ça devient nettement plus étroit. Première sortie du perfo pour améliorer le confort et éviter de se barrer le passage avec un AS.

Des p'tits trous...

Arrivé en bas du P35 après un joli passage de nœud plein gaz, je reprends l'équipement, n'étant pas très à l'aise dans les grandes verticales je préfère y aller en premier. On est sommet du P62, il n'y a pas de doutes vu le trou béant.

Je cherche à faire un grand Y au-dessus du puits, mais je ne vois aucun spit sur l'une des parois, à part un récent (du spéléo secours), qui est très haut et que je n'ai pas très envie d'aller chercher... Mais bon sang, comment descendaient-ils ?? Vient alors l'idée de la dév. On vérifie sur la fiche d'équipement, oui c'est bien cela, une dév à -2 ! Sachant que la tirée fait 44 mètres, on le double, on n'a pas très envie d'attendre au fond du trou qu'on vienne nous chercher si elle venait à lâcher à la montée...

Départ du P62

Le frac à -44 permet un changement de corde pour atteindre le fond du puits 17 mètres plus bas. 

Nous voilà à -158, et à partir de maintenant, on aborde la partie peu (jamais ?) fréquentée. Cela commence par un passage bas déclive qui s'annonce merdique à la remontée... mais n'y pensons pas, le fond est encore loin.

Quelques spits sont très bons, en revanche d'autres sont introuvables malgré nos 3 paires d'yeux, et d'autres pourris en plus de faire un frac monopoint. Félix s'en donne à cœur joie, fracs sur amarrages naturels et forés à profusion, à tel point que la batterie du perfo clignote rouge ; vu que je n'ai pris qu'une batterie je vois arriver le moment où on l'on n'arrivera pas au fond à cause de cela... heureusement la suite est meilleure.


Perfo dans le P15

Ça y est, Félix et Alary sont arrivés au pied du P16, le fond n'est pas loin ! La fiche d'équipement annonce un P5 puis un R3 sur amarrages naturels. Devant l'attente, la discussion sur la suite et le fait qu'il n'y en qu'un seul qui puisse quitter la corde, j'installe une corde de rab et descend le P16.
Effectivement, rien n'est évident pour équiper le P5. Les zones où l'on pourrait faire des forés n'inspirent pas confiance, et a-t-on envie de cramer deux spits pour patauger dans la boue ?
Alors revient la question pour la deuxième fois : mais diable comment sont-ils descendus il y a 30 ans ? Félix émet l'hypothèse qu'ils aient fait le tour d'une lucarne avec une très grande sangle. Une très sangle ? Mais il nous reste encore une dizaine de Dyneema, raboutons tout ça ! Finalement 3 longues Dyneema suffiront à faire le tour de la lucarne et dans une fainéantise absolue, le second tour sera fait avec la fin de la corde de rab sur la laquelle je suis descendu, ça passe tout juste. Et comble de chance, la corde du P16 permet d'arriver au bas du P5 après l'installation du frac. 
On est très fiers de notre bricolage ! 😁

On arrive maintenant dans le dur... une étroiture à passer sur le côté pour atteindre le sommet du R3. Alary y va en premier. Bonne nouvelle, une grosse concrétion fait un bel AN pour descendre le R3. Je lui jette tout ce qu'il faut en matériel et passe à mon tour cette saloperie.
J'invite Félix à attendre car il n'y a de la place que pour deux. Alary descend, la tête de puits est très étroite ! Je lui emboîte le pas et passe au moins une minute à lutter avec mon descendeur stop. La poignée repose contre la paroi, je n'ai aucune liberté de mouvement avec la main gauche pour le déverrouiller. Petit à petit avec la main droite je parviens à l'ouvrir, ouf ! Note pour la prochaine fois dans cette configuration exceptionnelle : mettre le descendeur à l'envers pour avoir la poignée du côté où il y a de la place...
Pendant ce temps-là Félix galère fortement dans l'étroiture. Je l'informe que c'est libre et je rejoins Alary quelques mètres plus loin après un passage bas. Le ruisseau des gorets, le bien nommé, coule. On se dégueulasse à vitesse grand V, comme dit Alary : "on ne peut pas leur en vouloir de ne pas avoir creusé par ici 😂". 

Le ruisseau des gorets

Ne voyant pas Félix arriver, je lui demande s'il a fait demi-tour dans l'étroiture. Il s'avère qu'il est coincé ! Je remonte le plus vite possible ce fameux R3 pour voir comment l'aider. Heureusement il parvient à s'extirper entre temps.

Alary à la montée du R3

Idem, mais en vidéo

Félix n'est pas en forme du tout et est pris de nausée, ça ressemble à une intoxication alimentaire. Il n'a même pas réussi à manger plus d'une bouchée de son sandwich Brie / tapenade, c'est dire !! Le sandwich ne sera pas perdu pour tout le monde, je suis un peu court en vivres... 
Il est 19h15, on a traîné 3 kits et 3 mini-kits jusqu'en bas, on réfléchit à l'ordre des kits en fonction de leur contenu pour optimiser leur remplissage en prenant en compte les longueurs des cordes à déséquiper. 
On allège Félix qui remonte en premier le plus possible, Alary déséquipe jusqu'au sommet P62. 

Déséquipement du P62

À partir de maintenant, Félix remonte avec un kit plein, avec Alary on se partagera les 3 mini-kits et les 4 kits, ça promet de grands moments. Je reprends le déséquipement. Pour le moment je suis léger j'ai deux mini-kits et deux kits vides, c'est Alary le premier qui entame sa session sportive en partant avec les deux kits pleins du fond et son mini-kit ! 
C'est dans ce moment-là qu'une équipe qui tourne est importante pour franchir les étroitures...

Départ du P35 bien lesté pour Alary

Une fois la C53 et la C20 enkitées, je défais les nœuds sur la C93 dans l'espoir de la tirer depuis le sommet de la grande verticale du P56, soit une soixantaine de mètres de corde. La mission sera réussie avec l'aide d'Alary. 
Je continue à déséquiper quand tout à coup... je vois le kit qui part dans le plan incliné glaiseux !!! Punaise, il n'est pas longé à moi ! Par chance il s'immobilise. Si je descends en crabe sur la corde j'ai peur qu'il parte, je demande à Alary de sortir une corde pour que je descende délicatement à côté pour le récupérer. Nos cerveaux embrumés arrivent à la conclusion qu'en réalité le kit est longé au frac que je viens de démonter, et donc par conséquent qu'il est longé à la corde... Je tire la corde, la théorie était bonne, ouf ! On s'évite de redescendre le P56 et potentiellement de mettre au rebut des mousquetons...

Félix propose à Alary une corde pour sortir les kits de la dernière étroiture verticale, il refuse l'assistance. Je la refuse aussi, on va essayer de passer en force. Un kit longé court, un kit longé long, deux mini-kits, si ça passe c'est un miracle... et le miracle se produit. 😁

Ouf !

À minuit pile nous voilà tous les trois dehors. Le brouillard est présent, on n'y voit pas à trois mètres, sacrée ambiance ! Retour à la voiture, Félix reprend du poil de la bête après avoir soulagé sa nausée, tant mieux parce qu'il y a beaucoup de virages pour rentrer.

On n'a pas très envie de dékiter ce soir, ça m'occupera le lendemain. 

Le tas d'amarrage utilisé

Le même après nettoyage manuel...

... et passage en machine

Et pour finir, on se fait les bras

Encore une belle sortie, finalement, on peut faire de sacrés trous à trois, mais il faut être bien motivés quand même.

Fiche d'équipement

P56
2G ↓ 1 m, 2B ↓ 5 m, 1 S (dév) ↓ 4 m, 1B + 1S ↓ 8 m, 2S ↓ 5 m, 2G main courante sur pente argileuse instable ↓ 2 m, 1B + 1S (grand Y, prévoir tire-point sur B et mousqueton de confort car il faut s’y regrouper à plusieurs) ↓ 10 m, 1 AN (grosse lunule, 2 dyneema), ↓ 5 m, 1S + 1B ↓ 15 m, AF (1 dév) ↓ 8 m.

R5
1 AN (2 dyneema) ↓ 2 m, 1 AN ↓ 2 m, 1B + 1 AF → 1 m, 1B + 1S ↓ 5 m.

P35
1 AN (2 dyneema) → 1 m, 1B + 1S ↓ 3 m, 2B ↓ 23 m, 1 AN (dév) ↓ 7 m, 2S ↓  3 m. 
C140 pour P56 + R5 + P35

P62
CP (corde précédente), 1B + 1G, ↓ 2 m, 1B + 1S (dév sur 2 points) ↓ 42 m, 2B ↓ 18 m. 
C70

Boyau
1 AF (avant R1.5 non topo), facultatif, se fait en escalade. 

Ressauts + P15
2S ↓ 3 m, 2S ↓ 6 m, 2 AF sur gauche ↓ 6 m.
C35 pour boyau + ressauts + P15 (C30 suffit pour ressauts + P15)

P19
2S ↓ 5 m, 1 AN sur bloc (2 dyneema) ↓ 10 m, 1S (dév) ↓ 5 m. 

P16
1S → 1 m, 2S ↓ 9 m, 1 AN (dév) ↓ 7 m. 

P5
1 AN (faire le tour par la grosse lucarne, sangle d’environ 6 m à doubler) ↓ 5 m.
C53 pour P19 + P16 + P5

R3
1 AN ↓ 3 m.
C5

Note : Les broches (B) sont en fait des plaquettes en fixe sur goujons de 12 mm. Les goujons (G) sont des goujons de 8 mm, écrous en place.

1 commentaire:

Victor P a dit…

Sacrée expédition !
Heureusement que Félix n'a pas soulagé sa nausée pendant la remontée des puits ! :-D
Il y en aurait eu pour tout le monde en-dessous !
Bon rétablissement à lui et à Paco.

Bonne année 2024 :-)