mercredi 31 mai 2023

Aven d’Argentière (=Aven de la Planète = Gouffre de Vaissière)

Lundi 29 mai 2023

participants : Gilles, David, Alary, Jean-Michel, Christophe Bès, Félix

TPST : 9h

 Aven d’Argentière (= de la Planète = de la Vaissière), commune de Félines-Minervois (Hérault)

Gilles voulait faire l’aven d’Argentière depuis déjà quelque temps, et était récemment allé repérer l’entrée. On décide donc d’aller le visiter ce lundi.

Jean Claude Gayet, apprenant qu’on allait y faire une visite, me contacte pour me demander si on accepte d’aller placer une sonde de pression (Reefnet) dans le lac au fond de la grotte pour mesurer les variations de niveau d'eau. Ce que j’accepte avec plaisir.

 

On se retrouve donc à 10h à Félines Minervois, pour se regrouper dans 2 voitures pour la piste. Petit arrêt en chemin pour récupérer la sonde, que Jean Claude nous avait planqué sur le chemin.

 

On monte à l'entrée, où on décide de manger avant d'aller sous terre.

Gilles se lance dans l’équipement, et je le suis pour le conseiller. Les autres resteront un peu plus longtemps au soleil, le temps de nous donner un peu d'avance.


Dans le second puits (P38), on trouve de très belles traces de bio-corrosion (ici, c'est surtout le guano des chauves souris qui a dissout la calcite). Le guano est présent à de très nombreux endroits dans ce P38 (incliné).

2 trous creusés dans la coulée de calcite par le guano

En bas du puits, une petite étroiture donne au pied d'une E3, en bas de laquelle on trouve une salamandre tachetée.

salamandre tachetée

 

On arrive ensuite sur 2 petits ressauts : pour le premier, l’équipement est évident.

Ensuite, il y a 2 options : soit partir vers la gauche, en utilisant 2 spits (un peu bas) et en empruntant le second ressaut. Soit partir vers la droite en remontant un peu : on y trouve 2 plaquettes inviolables en inox (comme pour la majorité des amarrages jusqu'à ce point, datant à priori du re-équippement lors du congrès de 2005) : ce coté donnerait sur une descente un peu plus large et plus haute pour arriver au même endroit, sauf qu'on n'a pas trouvé de points pour la tête de puits (juste un trou bien placé mais vide). On utilisera donc la première option.


On débouche alors au sommet du "P28", qui est en fait une descente dans une diaclase (ou faille), et fait je pense plus que 28m de haut (cf fiche d’équipement). Le début de l'équippement est étrange : 1 seul point en début de main courante, et 1 autre en fin de main courante, début de plan incliné (qui peut être vu comme une main courante). On pourrait probablement trouver des ANs dans les blocs et utiliser chacun des points en point intermédiaire de main courante, mais ça nécessiterait 10m de corde en plus. On se décide donc pour un énorme mickey entre ces 2 points, de manière à pouvoir se longer dans la grande oreille comme pseudo main courante.

Le temps d’équiper ce début de corde, le reste de l'équipe nous rejoint. Je commence à avoir légèrement mal à la tête, et Christophe respire pas très bien : par chance, il avait son détecteur de CO2 avec lui, ce qui permet de vérifier : 2.5% de CO2, ce qui confirme nos soupçons. On est à un taux à priori pas dangereux (juste un peu désagréable), mais nécessitant une grande vigilance par rapport à une éventuelle augmentation.

On décide donc que c'est moi qui reprends l’équipement (étant plus à l'aise s'il faut faire demi-tour en vitesse), en prenant toutes les précautions possibles. Je garde le détecteur sur moi (il fait régulièrement 2 bips s'il y a entre 2 et 3% de CO2, et est sensé en faire 3 si on dépasse les 3%, qu'on s'est fixé comme limite max, au delà de laquelle c'est demi-tour immédiat. Je m'arrêtes aussi environ tous les 10m pour vérifier la valeur exacte (qui ne changera pas de plus de 0.1%). Enfin, je pars avec la corde d'inter accrochée sur mon MAVC, et déjà passé dans la micro-traction en haut du puits, pour que les copains puissent me hisser rapidement en cas de pépin.

Au final, tout se passe bien, et le taux de CO2 ne bouge pas, donc tout le monde descend. Au niveau de l’équipement, ça se passe pas comme prévu en revanche : il y a beaucoup plus d’équipement que prévu (j'avais pris une C48 au lieu de la C35 demandée, et même comme ça, j'ai du rabouter la 13m prévue pour le lac : même comme ça, ça a suffit tout juste). Je penses que dans les années 80, la fin se faisait en opposition, mais c'est sacrément engagé.

Je finis par jonctionner avec une corde en fixe pour une remontée. NB : la corde date de 1998 : prévoir de la changer à la prochaine sortie (prendre un C26). Redescente ensuite dans les blocs pour arriver au sommet d'un puits/diaclase, qui à priori est sensé être/contenir le lac. 

J'équipe comme je peux avec le peu de matériel restant et la corde de secours cette descente : la corde de 25m suffit à peine à atteindre le fond, qui est désespérément sec : le lac n'existe plus!

 

Petite analyse :

dès 1-2m en dessous de la tête de puits (ie à une 15ène de mètres du fond), les parois sont bien maculées de boues, avec des traces laissant penser à des mises en charges avec sédimentation de l'argile. Jusque là, on serait cohérent avec un lac.

En revanche, les plaquettes inox des 2 fractios intermédiaires (de 2012) sont propres. Arrivé au fond, je trouve, à 1-1.5m de hauteur, 2 inscriptions de clubs (GSR, ASB) qui ont été écrites d'en l'argile en grattant l'argile jusqu'à la paroi (et d'autres juste tracées au doigt dans l'argile sur moins de profondeur). Donc sauf si ce trou est bien plus fréquenté qu'on ne le suspecte, ça fait probablement de longues années que le lac n'existe plus, sinon les écritures auraient déjà été effacées.

Le sol, lui, est constitué de sable fin bien propre, sans la moindre trace de pas avant notre passage. À gauche, il semble y avoir un conduit plongeant dans le sable. Devant, une barrière de calcite (type bordure de gour) constitue un déversoir, à environ 30cm du fond du "gour". Sur les parois du gour, on trouve des "concrétions" d'argile (traces de stagnation). Derrière ce gour, une petite bulle impénétrable marque le point bas de ma cavité. Il n'y a pas une goutte d'eau

Mon hypothèse est donc que le lac évoqué dans les années 80 n'existe plus depuis longtemps (soit par assèchement général, soit parce que le bouchon qui l'expliquait n'existe plus), et que désormais, il n'y a qu'un petit ruissellement en "crue", qui apporte le sable et rempli le gourd, qui doit probablement ensuite se vidanger lentement à travers le sable.

écritures : couche d'argile enlevée. Hauteur 1-1.5m

écritures : couche d'argile enlevée. Hauteur 1-1.5m



les concrétions d'argiles (niveaux max bien visible) et le sable au sol

le passage plongeant dans le sable

le déversoir en premier plan, la bulle derrière

dépots d'argiles à 1.5m de hauteur

Photo de groupe


Comme convenu, on ne laisse donc pas la sonde (la consigné était de la remonter s'il n'y avait pas assez d'eau pour l’immerger complètement).


On remonte, Gilles s'occupant du déséquippement. Il est donc le dernier ressorti, vers 21h30. Ensuite, retour aux voitures, rangement du matériel, piste en sens inverse, puis on se sépare à Félines à 23h.

rangement du matos



En bonus : la fiche d’équipement mise à jour :


P7 : C15 :

AN(arbre) → MC3 (protège corde ou kit utile) → 2B↓7


P38 : C75 (probablement un peu moins, une C93 a suffit pour P7+P38 avec 4m de rab) :

2AN → MC4 → 1B+1S → MC4 → 2B↓9 2B ↓3 1dev/AN ↓7 2B↓20 1AS+1B → MC2 → 2S↓ ? 2B ↓5 2B↓5


E4 (noté R2.5 sur la description) + R9 (R4+R4.5) : C30

↑4 1B+1AN →MC4→ 2B↓5 1S+1AS↓5


« P28 » : C65 ou C75 (si on veut éviter le départ de MC sur monopoint). On peut aussi prendre une C110 pour E4+R9+P38. Nb : en considérant la corde en fixe toujours en place : sinon ajouter 25m.

1B (planter un spit, ou prevoir C75 pour pouvoir aller chercher un AN en plus)→ MC3 → 1B (idéalement planter un spit en plus) ↘ MC4 ↘ 2S↓6 1B+1S↓7 2B↓12 2B↓5 2B↓6 2B→MC2 1B* ↑E2 2B ↑E3 2B → MC2 → 2B

* sur cette broche, on raccordera la corde en fixe (de 1998 : à changer!) : le reste de l’itinéraire correspond à la corde fixe. À noter que la broche de fin de la MC2 (marqué *) est un monopoint : dans l’état actuel, il est possible d’utiliser le rab de la corde en fixe pour doubler ce point avec le fractio en haut de l’E2 (nécessite environ 4m de corde et 1 mousqueton). Idéalement, il faudrait planter un spit pour doubler cette broche


Descente vers le « lac » à sec : C22 à C40 selon le niveau de sécurité souhaité :

raccord CP (facultatif) → MC4 → 2B (facultatif)↘ 1B + 1 mauvais AN (planter un spit?) → MC3 → 2B↓5 2B↓5 2B↓10


NB : B (pour broche) est utilisé dans le sens générique : seul le P7 est équippé avec de vrai broches, les autres « B » désignent soit des plaquettes inviolables, soit des goujons de 10/12 avec des plaquettes inox en fixe.


Cordes utilisées lors de la sortie :

P7+P38 : C94 (reste 4m)

E4 : C12 (rabout à la tête du R9)

R9 : C21 (un peu de rab)

P28 : C48 + C13 (a suffi de justesse, ne suffit pas pour aller chercher un AN en plus en tête du C28)

descente vers le lac : C25 (reste 3-4m) : en commençant sur le mauvais AN et la broche. Prévoir au moins une C28 pour aller chercher en plus un bon AN (ou C23 et planter un spit à la place du mauvais AN), ou une C35 pour commencer la corde dès les premières broches (pas de MC), ou C40 pour avoir une MC depuis la corde en fixe


1 commentaire:

masdan a dit…

En fait le CO2 doit être la règle, sauf dans les cavités ventilées...