jeudi 15 août 2024

Camp Berger 2024 : Gouffre Berger -660


Mardi 06 août 2024

participants : Jean-Michel, Vincent

TPST : 12 h ; Engins / Gouffre Berger (38)


 Il va y avoir comme un léger problème... [cherche l'ami, cherche ! 😉]

Voici la jolie troupe qui aurait dû descendre au Berger la veille, le lundi…

Sauf que c'est sans nous, Jean-Michel et moi, que Félix, Alary et Clément entament leur descente car il s'avère que le descendeur de Jean-Michel n'est pas sur son baudrier [tu avais trouvé,  non ? 😁]… ni d'ailleurs dans le coffre de sa voiture !

C'est donc avec philosophie que nous faisons tous les deux un petit bout de journée de rando depuis la Molière sur les crêtes vers le Pas du Loup. Quel panorama de rêve. (RHÂÂÂ les Ecrins au loin !). S'ensuit un retour en vallée et l'achat d'un nouveau descendeur rougeoyant à souhait pour Jean-Michel chez l'e-x-c-e-l-l-e-n-t Cordo d'en Haut à Méaudre (si vous avez des chaussures à ressemeler, c'est vraiment là qu'il faut les envoyer !). Quant au descendeur, il est fort à parier qu'il a probablement été abandonné nuitamment par Jean-Michel sur le parking de Choranche après Gournier.

Le mardi, nous nous levons de bien bonne heure pour éviter l'engorgement à l'entrée du trou (vu que tout le monde ou presque a mis la même heure sur le tableau d'annonce !) et surtout descendre avant l'impressionnante troupe de spéléos belges qui ont investi le camp Berger et arrivent à la Starky et Hutch sur le parking de la Molière peu après nous… C'est sûr, l'idée de faire la queue dans le méandre ne nous excite pas plus que ça. 

Mais à peine arrivés au parking, nous n'en croyons pas nos yeux : voici qu'apparaît Alary, le premier de nos trois héros du jour qui s'en reviennent au petit jour après avoir touché le fond du Berger. Il est bientôt suivi de ses deux compagnons d'aventure… La fatigue est bien perceptible dans la démarche et sur le visage malgré la banane. Bravo la fine équipe !

Chouette de se retrouver et d'échanger un peu avant de prendre le chemin du Berger.


Cette fois c'est la bonne !

8 h 05 Jean-Michel enfile son descendeur flambant neuf sur la corde… YES !

Les puits d'entrée sont rapidement avalés les uns derrière les autres. Ils nous emmènent jusqu'au long méandre aussi aérien que glissant. Si ce n'était l'absence de mains courantes à des endroits stratégiques, ce serait ludique. Les étranges et rares poutres en travers n'apportant d'ailleurs qu'une aide bien ponctuelle et rarement dans les endroits non équipés.

La première volée de belges qui vise le fond du Berger et qui s'équipait quand nous avons entamé la descente se fait entendre quand j'arrive au puits Garby (je me souviens bien de ce nom maintenant, vous comprendrez pourquoi plus tard).

Nous entamons ensuite la deuxième série de puits après avoir croisé notre premier spéléo parti la veille, remontant, tout seul… l'avant-dernier d'un groupe de 5 tchèques, le dernier, lui, se trouvant encore bien loin derrière (les trois autres étant déjà dehors !). Nous le trouverons exsangue à - 250 m, assis en haut de la grande galerie ("good… good… perfect" nous dit-il !).

Le dernier puits avant d'arriver justement dans cette grande galerie, c'est Aldo, élégamment érodé sur ses 42 mètres.

Les belges arrivent…

L'espace commence à se dévoiler devant… et laisse présager de beaux volumes à venir. Il n'y a plus qu'à marcher droit devant nous maintenant… Facile !

La voilà cette grande galerie qui se dévoile enfin à nous avec ses dimensions maousses. Impressionnante. J'adore. Juste le regret de ne pas avoir vraiment le temps de poser de la lumière ici et là pour faire des photos avec plus de relief.

Arrive le lac Cadoux bien modeste pour un tel patronyme (les mains courantes hors crue laissent deviner qu'il doit parfois mériter ce nom). Puis la cascade du petit général où les 8 belges qui visent le fond nous ont maintenant rejoints. Nous les laissons bien sûr filer devant.

La "rivière sans étoiles" qui nous accompagne depuis déjà longtemps continue à dérouler son tapis scintillant sous le faisceau des frontales… Quel joli nom. Bien plus poétique que la source dite "le vagin" qui s'écoule du plafond un peu plus loin.  La "fontaine céleste" serait tellement plus raccord, non ?!

Puis c'est le grand éboulis, bien plus facile à passer qu'on nous l'a dit. A près de -500 m, le camp s'annonce déjà par une odeur d’ammoniac bien marquée. Il est certain que passer plus de 24 h sous terre entraîne forcément ce genre de désagrément, pas seulement pour nos narines, mais aussi pour la cavité, bien marquée par les passages par milliers. Je me prends souvent à imaginer comment elle pouvait être la première fois que les yeux de Joseph Berger et de ses compagnons s'y sont posés. A une époque où la lumière sous terre n'était pas celle d'aujourd'hui.

En tous cas, le camp est un endroit bien aménagé au sec et sans terre… Plusieurs personnes y sont d'ailleurs allongées quand nous passons.

En contrebas, la salle des treize se dévoile. Majestueuse malgré le passage répété sur les gours. Comment progresser sans rajouter des atteintes… That is the question… ? Les massives stalagmites qui les dominent ici et là m'impressionnent. Quelle beauté.

 

Plus bas, nous "sautons" le Balcon et débouchons sur la fameuse "fontaine céleste".

Nous poursuivons par la salle du Saint-Mathieu qui descend puis remonte brutalement… Nous rencontrons sur son chemin retour un spéléo solitaire et non causant qui cavale. Nous apprendrons plus tard qu'il fait partie de l'équipe technique du camp et qu'il est allé changer une corde plus loin.

Puis nous voici au Vestiaire, objectif que nous avions inscrit la veille sur la feuille de sortie. Ce jour, avec un optimisme avoué, nous avons fixé un objectif de 750 m dans le réseau des cascades pour nous permettre d'aller plus loin que le vestiaire si jamais ! 

Etant en forme l'un et l'autre, nous poursuivons. Une jolie coulée calcitée humide nous emmène plus bas. Est-ce la cascade Abelle ? Puis la salle des Coufinades (enfin je crois) se dévoile.

Passant sous un gros bloc où s'engouffre la rivière, nous glissons un œil vers la suite qui s'ouvre en dessous. 

Et nous sentons bien que les choses sérieuses commencent là. Il est 13 h 40. Nous avons mis 5 h 35 pour arriver là sans nous presser ni traîner mais au-delà, c'est certain, la progression n'est plus la même.

Il n'y a qu'à voir le temps mis par les autres équipes dont nos amis et l'état de ceux que nous avons croisés jusqu'à présent pour mesurer l'aspect sportif de la suite du parcours.

Nous décidons donc de faire demi tour d'un commun accord.

Nous croisons au Vestiaire la plus grosse partie du club des étudiants belges qui souhaitent eux aussi jeter un œil un peu plus bas.

Nous faisons un stop à la "Fontaine Céleste" pour faire le plein d'eau avec la gourde filtrante que j'avais emportée. C'est sport de remplir par deux fois 65 cl avec un tel débit sans faire don à la grotte de ladite gourde.

Au final, heureusement que je n'ai pas pris plus d'eau que pour une sortie montagne car cela aurait été du poids pour rien. D'autant que ce ravitaillement au milieu du parcours est une aubaine. 

Arrivés sous le balcon je reconnais Didier, dit "Boulon", un belge bavard et sympa (qui te passe le bonjour Laurent !!). Il emmène avec lui un acolyte qui ne semble pas très à l'aise dans la remontée sur corde du balcon. Il traîne un gros kit bien (trop) rempli pour une sortie limitée à la fontaine céleste… et n'a pas de pantin (car il n'en a encore jamais utilisé dixit Boulon !).

Nous poursuivons notre chemin tranquillement sans plus rencontrer quiconque. 

Mais qui a remis une couche de savon sur les pas du méandre ? La progression m'y semble plus pénible et tendue que lors de la descente. Jean-Michel, s'en tire bien, lui.

Nous profitons du fait que les puits sont équipés en double pour progresser de concert. L'une des deux cordes étant plein pot et l'autre fractionnée pour permettre que les remontées des groupes soient plus fluides.

Jean-Michel préfère la plein-pot… je me dévoue pour prendre celle avec les fracs. 

Arrivé presque en haut du puits Garby, au troisième frac, soudain, je me mets à redescendre… pas très vite mais suffisamment (un bon mètre) pour faire disjoncter mon cerveau. Mon Basic est en bon état car quasi neuf et propre en plus… le croll est OK. Je vois incrédule ce qui se déroule devant mes yeux : la gaine de la corde se déshabille sous ma poignée et laisse apparaître l'âme de la corde… et je glisse avec la gaine.

Je sers fébrilement les 5 brins (c'est pas beaucoup 5 ! 😳) de ma main gauche et comme par bonheur le col de cygne sous le frac me tendant les bras (si je puis dire), je me longe dedans. Ouf… je suis "sauvé" (Félix me dira le lendemain que je ne risquais rien…).

Et comme mon Ange Gardien (Jean-Michel) était à la tête de puits… 👼


Cette corde était neuve 19 jours plus tôt !

Je n'imagine pas isoler une tonche pareille (le col de cygne du frac dessous serait avalé, non ?). Comme il y a une deuxième corde en place, nous prenons la décision de couper la corde tonchée (Euhhhh… pas se tromper, la tête de puits relie les deux cordes ensemble ! 😝). Elle tombe en sifflant et frappe la paroi, pendant en dessous du deuxième frac.

La suite de la remontée des puits se passe sans souci. Sauf que… les gaines étant abimées sur la plupart des cordes fractionnées, suite au passage répété jour et nuit de zombies shootés de fatigue qui doivent remonter bourrin… je serre donc les fesses en me tenant à la deuxième corde au cas où 😅 !!!

Jean-Michel m'annonce qu'il voit le jour… je crois que c'est une blague. Je pensais qu'on avait encore une chiée de puits à remonter et que le soleil était couché depuis longtemps.

En fait, à 20 h 03 je suis dehors. Incredible !


Cool, c'est l'heure du dîner… au chaud, en plus !

Jean-Michel prend le chemin du retour avant moi et préviens Rémy Limagne pour la corde. De mon côté j'envoie un texto à toute l'équipe technique, texto qui n'arrive à partir qu'en arrivant au parking ou presque.

La corde sera remplacée en début de nuit. Belle réactivité. Bravo !!

Une douche que j'aurais aimé chaude et un bon dodo dessus… une sortie presque ordinaire au final !

Mais l'année prochaine j'aimerais bien y descendre tout en bas… Y passer le temps qu'il faut pour aller me faire caresser par le souffle grisant de l'Ouragan et plus si affinité… Mais avec de quoi me poser pour dormir vraiment à la remontée. Qui est partant pour un dodo en bas ????

En tous cas, cette année je te lance un grand merci Jean-Michel pour avoir été mon équipier !



8 commentaires:

Alary a dit…

Bien joué ! Que d'aventures !

Gilles a dit…

Bravo à vous deux.

Laurent a dit…

La corde qui dégaine, ça fait des souvenirs...
Super que vous ayez croisé Boulon ! Le monde spéléo est décidément bien petit...

Vincent G a dit…

Hehe ! Il m'a dit qu'il va te recontacter et probablement faire un tour vers chez toi. (-:))))
Il doit se faire poser une autre prothèse à l'autre genou. Comme si une ne suffisait pas déjà ! C'est pas banal de descendre au Berger avec un genou mécanique.

Anonyme a dit…

Le mont blanc de la spéléo!

Jean-Michel L a dit…

Merci Vincent pour ce superbe compte-rendu !

Jean-Michel L a dit…

Et chapeau bas pour le choix des mots "fontaine céleste" qui est bien plus élégant que le terme usuel de cette superbe arrivée d'eau en plafond. Bravo Vincent pour cette belle idée, qui s'inscrit de plus dans la continuité de l'élégant "rivière sans étoile".

Anonyme a dit…

Bravo et félicitations pour cette merveilleuse aventure 👍 une belle épreuve exemplaire à la hauteur des speudo records des " JO 2024", madaille d'or bien méritée à vous 🏅🏅🏅 Mes amitiés 💪🤩😘