jeudi 16 août 2018

Chandelier IV...

Mercredi 15 Août 2018
Trou du Chandelier
Participants : Seb, Dom, Denis, Laurent
TPST : 13h

CHAPITRE I : Le pire

Nous entrons bien chargés pour la désobstruction "lourde". Progression à un bon rythme jusqu'au terminus du III en un peu moins de 3h, délai désormais incompressible.
Première déconvenue : il y a de l'eau dans le passage désobstrué lors de la dernière séance (orages de la semaine ?). Ca ne pourra pas rester en l'état dans le futur. Ca passe quand même.
Démarrage du chantier derrière et première salve musclée dans la pleine roche : ça fonctionne : je parviens à passer juste dans la suite...
Seulement 2m...coude à 90°, et nouveau diaphragme. L'air y vrombit comme un moteur. Il faut travailler sans pause pour ne pas crever de froid en quelques minutes.
Deuxième salve et rétro-percage de confort. On se relaye souvent. On ne voit toujours rien à cause de l'angle.
Je finis l'accu un peu au pif sur la direction de la suite, le dernier trou permis par l'autonomie semble traverser sur les derniers centimètres...

Seb retourne sur les lieux : "ça va passer !". Coup de poker réussi après presque cinq heures de boulot...
Il descend, c'est étroit. Il atterrit dans la flotte (il afflottit donc...). Je suis juste derrière et demande : -"C'est affreux ?"
-"Oui !"
Le ton est donné. J'élargis un peu et effectue le franchissement, suivi par Denis et Dom. Il s'agit d'un pseudo-siphon très court . On sort de là bien embougnaflés et on aboutit ensuite sur un méandre type "alpin", juste pénétrable.
Progression de profil sur 30 à 40m. L'inquiétude gagne : si c'est ça le Chandelier IV, les candidats ne risquent pas de se bousculer...

Ca devient impénétrable. Pas de courant d'air...
Le bon côté, c'est que ça veut dire qu'on a loupé un truc. Dans ces cas-là, le plan B c'est toujours le chenal de voûte. Il est situé 6m au dessus.
Une étroiture verticale hyper sélective en défend l'accès à l'aplomb du pseudo-siphon. Denis parvient à monter : "Je sens du courant d'air. Il y a une lucarne !"


CHAPITRE II : Le meilleur

Un cri retentit, suivi par d'autres...
Nous parvenons tous à monter, non sans mal...
La lucarne aboutit sur du vide. On sort par un petit toboggan dans une grande galerie haute de 15m, juste de l'autre côté d'une énorme coulée de calcite, la même sans doute qui nous avait barré la route en haut de l'escalade terminale du III il y a plusieurs semaines...
Finalement, l'affluent minable que nous maudissions quelques minutes auparavant aura permis de laisser ouvert un passage pour l'air à la base de la coulée. Sans lui, point de salut...

Le "vrai" Chandelier IV est là, c'est reparti, et la suite est toujours aussi belle, grande, facile et plate.
Après 250m environ, le plafond s'abaisse brusquement et pour la première fois la pente s'inverse : ça devait arriver à l'approche du coeur du synclinal.
Un grand siphon fossile comblé de sédiments fins et secs barre la route. Il fait dans les dix mètres de large et la charge sédimentaire accumulée côté aval est impressionnante : des blocs roulés et remontés de plus de 10kg !
Sur la largeur ça donne un paléo-débit qui donne le vertige...
Il y a aussi une faille polie et cristallisée à la voûte, d'où pendent des stalactites rouges.
L'endroit est idéal et confortable pour monter un point chaud ou même un bivouac si nécessaire, et il y a là une désob à tenter si besoin.

Mais pas pour l'instant, car une conduite annexe permet de poursuivre l'exploration en canalisant l'air.
Nous suivons à présent une conduite forçée à taille plus humaine avec de très belles morphos, toujours plate. Plus loin ça se rétrécit, il faut ramper sur une quinzaine de mètres. Ca s'agrandit à nouveau, en profil de méandre mais confortable cette fois.
Le gros creusement a disparu, la pente s'accentue et on s'inquiète d'être simplement dans un autre affluent...

Pourtant au dessus de nous c'est tout noir...
A la première occasion, Denis monte en oppo et aboutit dans une grande galerie au sol surcreusé de plus de dix mètres. Je monte par un autre endroit pour contempler la bête : c'est magnifique, type conduite forçée de 8X6m, mais ça doit être sécurisé par des mains courantes...
Impossible de savoir si on est dans la suite du réseau principal ou dans un autre système : seule la topo pourra nous éclairer.
Vers le SO le surcreusement semble disparaître. Denis et moi montons un dernier cran d'escalade un peu surplombant qu'il faudra équiper. Nous aboutissons dans une galerie fossile concrétionnée avec d''anciens planchers de galets calcités. C'est vraiment beau et grand (10X4m), et aussi sec. On s'avance un peu pour être sûrs : ça continue !
Il est tard et l'accès au fossile est engagé sans matos. On décide d'en laisser pour les copains. Un superbe arrêt sur Rien.....

Au retour Denis et Seb trouvent un départ de puits depuis le fossile aval. Ca semble partir en bas...
Un peu plus loin je trouve un départ étroit avec pas mal de courant d'air. Seb parvient à passer, ça continue là aussi.
Difficile de comprendre comment tout cela s'agence pour le moment, beaucoup de travail en perspective, au moins 500 ou 600m d'explo de plus aujourd'hui.
Pas de photos car l'appareil est resté de l'autre côté du pseudo-siphon, mais Seb a pris des images qui valent de l'or...

Reste maintenant à trouver une solution pour l'accès sans devoir passer ce pseudo-siphon qui peut potentiellement nous coincer en cas de gros orage. Une topo des deux côtés de la grande coulée est envisagée, pour estimer l'épaisseur du bouchon dans le cours principal et tenter une désobstruction.

Nous sortons à 23h, des images et des émotions plein le cerveau une nouvelle fois, mais la sensation d'éloignement et d'engagement encore croissante...De la grande spéléo !
Vu les directions prises, et malgré la sinuosité du réseau I, on peut déjà dire que le Chandelier entre dans la cour des grands (top 5 de l'Aude) avec une extension en ligne droite dépassant maintenant les 2km comme à Cabrespine, au TM et à Vignevieille.





19 commentaires:

riton a dit…

D'après ce texte et la discution avec Laurent l'on peut affirmer: que le tourisme est fini!!D'ou l'importance des aménagement déja faits...et restant a faire!Avis aux amateurs. Dans ma prochaine descente je continue tranquilement ce que j'ai encore à aménager (marches, changement de cordes...ect...)

masdan a dit…

C'est vraiment grandiose +++ !!! _________yes.

Dom POULAIN a dit…

Un grand moment. ..matin rude pour le boulot

masdan a dit…

Vous êtes jeunes profitez, c'est mémorable dans une vie de spéléo . Invitez nominativement d'autres spéléos d'autres clubs qui méritent et qui ont la forme . Ce trou sera rugueux, je le craints, comme Vignevieille... Olé!

Denis a dit…

Une sortie extraordinaire : de la désob, des étroitures dans l'eau, de l'escalade dans des méandres étroits sculptés, des grandes galeries parfois superposées sur plus de 20m de haut ... pour finir sur rien : un fossile concrétionné dans un supérieur qui nous attend.
Bref, un bel anniversaire pour les presque 1 an du Chandelier (on a accédé à la galerie le 23/08/2017) avec une super équipe d'acharnés, et l'ivresse de l'explo.
Il en reste pour les copains, et Daniel pour info : la liste de diffusion est ouverte aux clubs du département, quelques uns sont déjà venus.

masdan a dit…

Oui,guigui, mais michel Noel ? etc... en fait,mis à part le puits ,vous avez trouvé un autre fossile 20m plus haut ? !!! Ce chandelier auquel je ne croyais pas ,va développer 40 ou 50 km !!!

masdan a dit…

Sous quelle forme cette liste ? des noms des non....des noms...

Laurent a dit…

Très simple et c'est l'occasion de le redire : il suffit aux spéléos intéressés de le faire savoir au club pour recevoir les avis de sortie par mail. Déjà 22 personnes sur la liste de diffusion.
Sachant bien sûr qu'il faut avoir un minimum d'endurance selon les objectifs...

Quant à cette nouvelle grande galerie, est-ce la suite du cours principal avec un changement de morphologie, ou bien un fossile indépendant, l'avenir nous le dira certainement...

Thierry bonnel a dit…

Bravo pour cette première bien méritée!!si je comprend bien finit la facilité dans ce changement de morphologie...on s'en doutait quand même un peu car il faudra tout de même redescendre pour se connecter aux semi-actifs...
Est-ce que vous avez estimé à peu près le dénivelé négatif pris dans la suite ?
J'espère en tout cas que la progression pourra être améliorée par le shunt de ce siphon ne serait-ce que par sécurité ...

masdan a dit…

Dénivelé positif...

Laurent a dit…

En fait la progression reste facile dans le IV si on excepte le passage glauque sous la coulée entre III et IV.
Dans le cours principal de la suite, on ne perd que quelques mètres jusqu'au grand siphon fossile. C'est anecdotique car ensuite on doit reprendre une quinzaine de mètres jusqu'à la grande galerie fossile.

La pente globale reste donc faiblement positive pour le moment : 1% dans le I, 2% dans le II, 1% dans le III et début du IV.

Ours a dit…

Encore une fois... le travail paye.
Bravo !

Anonyme a dit…

Salut à tous!
Puisque l'accès est ouvert à tous, je candidate pour une visite des lieux!
Vivre de telles émotions à travers la simple lecture a ses limites...
Bravo à tous ceux qui ont oeuvrés pour cette magnifique découverte.
Sylvain

Laurent a dit…

OK Sylvain. Bienvenue dans la suite de l'aventure

masdan a dit…

Super Sylvain, l'aventure ne vaut que si elle est partagée ;-)

Anonyme a dit…

n'abimez pas trop Sylvain. Il a maintenant de grandes responsabilités professionnelles.....

masdan a dit…

In vino véritas...

Etienne a dit…

J'espère bien être de la partie pour veiller sur Sylvain ;-)

masdan a dit…

Bon, prochaine sortie, de vaillants explorateurs du scm et de Gruissan Caramba....E3t Plantaurel .... non di dious, que ça gicle.....