Trou du Chandelier
Participants :
Mercredi : Denis, Sophie, Henri, Jean-Luc, Julie
Dimanche : Steve, Dominique, Christelle, Henri, Denis, Laurent
TPST : 8H + 8H
Mercredi, troisième séance pour ouvrir un passage direct vers le puits. Les remblais peuvent enfin être évacués vers le bas et le palier.
En milieu d'après-midi, le plus gros ayant été fait, Henri puis Denis se collent à l'équipement du puits qui nous narguait depuis 10 jours.
Celui-ci confirme nos espérances : à 20m du départ, la verticale débouche au sommet d'une grosse galerie chaotique de 15m par 15m. C'est l'euphorie...
Rapide reconnaissance pour confirmer que ça continue...Et c'est le cas !
C'est décidé, la prochaine journée sera consacrée à de l'exploration. Enfin...
Dimanche, l'équipe chargée de quelques cordes, amarrages et surtout de quoi survivre dans le froid s'engage dans la suite.
Arrivée dans la galerie fossile |
L'amont sort rapidement du chaos rocheux pour tomber sur un sol plat agrémenté de nombreux gours à sec. Au premier rétrécissement (3X3m quand même !), le courant d'air est bien sensible et indique que l'on ne va pas s'arrêter tout de suite...
La galerie prend de très belles proportions, le sol est magnifiquement concrétionné et les vagues d'érosion sur les parois indiquent que nous venons de découvrir ni plus ni moins que l'ancien cours du Blau souterrain, presque parfaitement plat à la cote 680NGF environ.
C'est le délire...
En avant vers l'inconnu des entrailles du plateau de Sault |
marmite perchée à 2m du sol |
Je prends régulièrement les directions : d'abord Sud-Ouest, puis Ouest.
Nous filons exactement sous la vallée sèche du col du Chandelier, en nous éloignant de l'actuel Blau et du chevauchement frontal Nord-Pyrénéen. Plus aucune trace de zone instable, nous sommes en plein massif.
Les centaines de mètres s'enchaînent.
Un premier obstacle nous freine, il s'agit d'une vire à équiper au dessus d'un gour presque à sec. Nous en profitons pour manger
Passage de la vire |
Plage de sable de mondmilch, spécialité locale |
Le collecteur se transforme à présent en grand méandre avec des hauteurs de voûte bien souvent supérieures à 15m.
Le sol alterne entre zones glissantes de fond de gour et zones calcitées. Il semble que l'élévation depuis le point de départ, et donc la pente globale, soit presque nulle, ce qui contraste fortement avec le profil en montagnes russes des galeries du trou du Vent.
Une nouvelle escalade à équiper nous ralentit un instant mais ce n'est qu'une grosse coulée à contourner, le sol redevient plat.
Un insoluble qui sort de la paroi telle une murène (longueur réelle 2m) |
Quelques vieilles coulées barrent partiellement la galerie |
Encore de grandes hauteurs de conduit |
Juste derrière une voûte basse bien planquée concentre le courant d'air sur une vasque faisant des vagues, le passage demande un peu de réflexion mais finalement Denis trouve la solution en se faisant faire la courte échelle.
Ce passage pourrait être potentiellement siphonnant durant les très hautes eaux, un petit aménagement perforant sera sans doute nécessaire.
Derrière ça repart de plus belle avec un sol plat qu'on pourrait parcourir en vélo de ville.
D'après les concrétions, le courant d'air existe depuis longtemps |
Nous nous arrêtons sur une nouvelle escalade. Cette fois nous sommes à court de matériel.
Nous décrétons donc le demi-tour après un bon kilomètre d'une première d'anthologie. Il y a du pain sur la planche...
Le retour est contemplatif, et le cerveau commence à intégrer l'importance de la découverte. Rien ne sera plus jamais pareil sous le plateau de Sault...
Encore des gours... |
Et de belles galeries |
La page qui vient de s'ouvrir promet d'être palpitante. Il y aura un avant et un après, le potentiel ici est immense, presque illimité...
Mais il y a quand même un bémol à toute cette allégresse : lors de la remontée des puits, une réalité moins exaltante nous saute aux yeux : même si le risque de chute de gros blocs depuis la trémie est très fortement réduit, toute la zone de remplissage collé (glaise et petits blocs) en haut de celle-ci se soutire lentement et inexorablement. Et ce phénomène ne devrait faire que s'accentuer avec le retour des pluies d'Automne. La zone des puits étant strictement alignée avec les chutes probables de matières diverses, naturelles ou provoquées par un passage, le secteur reste dangereux, le risque augmentant avec le nombre de spéléos figurants dans le jeu de quilles vertical.
Le constat est sans appel : il va falloir tout grillager et stabiliser en priorité avant de poursuivre.
Etant donné le travail déjà engagé et l'enjeu hors normes que constitue la suite des explorations, l'accès mérite une protection optimale, ce que nous avons décidé d'entreprendre au plus vite.
36 commentaires:
Bravo les gars!magnifique première historique que vous avez fait...
Il me tarde de voir tout ça et où cela va-t-il nous mener....
Bravo, je ne croyais pas à cette galerie!!!!Bon choix pour la sécurisation de l'entrée.
Magnifique, félicitation, vous l'avez mérité !
Zones concrétionnées = balisage de suite, tirons les leçons du passé !
Pour l'entrée, la configuration ne permettrait-elle pas la pose d'une grosse gaine annelée, ou autre système à base de tubes de gros diamètres ?
ou un dynamitage étagé,du bas vers le haut,ban ban ban(à l'anglaise, puisque tout doit descendre en bas....
http://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-65888-FR.pdf
Bravo à toute l'équipe, pour cette découverte... Stupéfaction vraiment, j'arrive pas à le croire. Bonnes explos, c'est vraiment exceptionnel et probablement hors norme la suite.
Christophe (un ancien du club)
Alléluia, enfin une découverte importante. Cela a l'air autrement plus imposant que Nitable ?
SUPER,
Découverte mérité pour toute l'équipe.
Pour Christophe l'ancien du clubs ça te dirais pas de te remettre un peu dans le bain avec quelques sorties?
Amitié...
Bravo les gars! Ça me fait bien plaisir pour vous et pour la spel du plateau!!
Moi aussi, un ancien, je me réjouis et m'enthousiasme.
Je suis toujours vos aventures sur le blog, et là, chapeau pour le courage et les travaux énormes qui ont été nécessaires. Mais quelle récompense !
... Ah, si je n'avais pas été obligé d'arrêter!
Pour Patrick, un grand bisou , tu as été le king.
Salut les "anciens". Beaucoup de souvenirs...
Ca fait plaisir de voir la passion toujours intacte après toutes ces années !
Super, Génial, Fantastique !!! Enfin ce fameux réseau du Blau semble s'ouvrir. Depuis le temps qu'on l'attendait ! Bravo à tous de la part de tous les membres du SCM.
Salut Laurent.
Un chandelier comme cela à mille bougies, c'est comme la nuit des étoiles qui nous en met plein les yeux.
Que c'est blau !
Mille bravos aux désobeurs de la nuit.
Mais pensez un peu aux autres.
Quand vous comptez vos premières en milliers de mètres, nous en Gardèche,
on compte les mètres en milliers de gamates remontées.
Mais qu'est ce que je fous en Gardèche ???????
Patrick.
Je regarde régulièrement vos explos, et là, c'est du lourd.
Bravo, pour cette impressionnante désob, a cette équipe qui n'a jamais baissé les bras.
Quelle belle récompense que de cheminer dans ce Blau inconnu .
Un spéléo du 66, qui vous félicite.
Et nos amis américains ,ils ont eu les News ...
On vous attend avec impatience !
Bravo les copains !!! Enfin, les secrets du Blau semble se dévoiler ! Je vous souhaites de belles premières sans fin :-)
Super ! A voir vos photos je me voyais revivre quelques unes de nos cthulhuesque premières.
J'espère que vous en trouverez au moins autant que nous : 20 km... Avec les risques de crues en moins !
Salut Patrick le poète. Comme tu vois le record de première faite en une seule journée à Vignevieille tient toujours. Mais le Blau c'est de la progression quatre étoiles en comparaison pour le moment...
C'est sûr, tes capacités devenues légendaires de désobeur fou en Gardèche seraient bien utiles dans le coin...
Et merci à tous les commentateurs. Cette énergie positive chauffe le coeur de toute l'équipe.
C est super bon courage pour la suite
Le record de première en une seule fois était au Bournasset, s'en était écœurant (presque 4 km !!! )..pour l'aude bien entendu, et peut être plus au Picos !
Pour Bernard, appelé aussi l'ours,je crois que le chandelier, c'est l'amont du Chtulu(démoniaque), oui, mais il y a très longtemps...:-)
Tu n'y es pas. En fait il existe un seul réseau : le Cthulhu Démoniaque, le chandelier est un appendice... ������
De toute façon on va bientôt jonctionner !
Un record aussi de...commentaires, preuve qu'il y a beaucoup de monde qui nous lis!
Bernard, l'autre jour quand je progressait dans ces sections avec ce courant d'air de dingue...j'ai tout de suite fait la comparaison avec le Cthulhu! Depuis, je n'avais rien vu d'équivalent!!!
Le plus surprenant est le profil horizontal du drain bien linéaire complètement à l'opposé de ce que l'on pourrait trouver dans ce type de massif ou les semis-actifs prédominent en montagne russe...
Serions nous pas déjà dans la gouttière du synclinal du col du chandelier?
Une comparaison altitudinale avec les drains fossiles du sp4 nous donne un décalage d'à peine 15 à 20M de dénivelé qui correspond à la côte de -230m preuve d'une formation contemporaine malgré la très grande distance qui les sépares...
De toute évidence cette fameuse cote providentielle de 670-680m correspond à une suffisamment longue période de stabilisation du niveau de base pour qu'ait pu s'établir ce drainage karstique horizontal inattendu.
Ici, on ne peut pas attribuer l'horizontalité à la structure géologique, qui, bien que synclinale, est très profondément enracinée (pas de substratum étanche à proximité mais seulement du Jurassique calcaire...)
Cette révélation change la façon de concevoir l'évolution tectonique et karstique du pays de Sault dans le temps.
Etudier les remplissages karstique piégés et dater les plus vieux spéléothèmes pourrait être un bon début d'une aventure également scientifique (j'ai mon idée sur les premiers sites de prélèvement).
J'espère vraiment pouvoir remonter jusqu'à l'origine de la diffluence Blau actuel (semi-actif en montagnes russes)-Chandelier pour mieux comprendre comment tout cela a pu s'agencer dans le temps.
Quant à la diffluence avec Font Maure, n'en parlons pas encore...
Je compare la cavité à la grotte de la diau 74. Certes fossiles,mais vu le massif ancien rien d étonnant.
Avez vous vu l'étude hydrogéologique du plateau que j'ai mis ici et sur spéléo rétro, Le Blau intrigue, géologie 3D jusqu'à 2000m de profondeur et + 1000m de relief... J'ai retenu qu'il y avait une couche massive d'Urgonien masquée protégée(ou pas ?) de toute karstification....
Laurent, je me demande comment as tu pu affirmer qu'il y avait une galerie fossile , l'altitude top avant de l'avoir retrouvé...!!!!
N'oubliez pas de tirer la topo en avançant avant d'être débordé ! Et vous ressortirez peut être par le SP4 ! Biz. Nico
Daniel, les CDS 11 et 09 sont partenaires de l'étude que tu cites et qui n'est pas terminée. Je fais partie du comité de suivi ainsi que Christophe et Nicole du 09, et les derniers traçages sur le massif ont eu lieu dans ce cadre.
Quant au "ciblage" théorique de ce collecteur fossile avant sa découverte, ça s'est fait en plusieurs temps.
Je suis parti du principe que le trou du Vent et le résurgence actuelle du Blau étaient des conduits jeunes : la morphologie est non aboutie, la pente est forte avant la résurgence ("rattrapage" d'un abaissement brusque du niveau de base peut être en lien avec l'effondrement de la clue de Puivert).
De plus, l'immense reculée du Blau n'avait pu être créée par ces conduits. D'après la structure synclinale, l'ancien collecteur devait forcément se trouver à l'Ouest et au dessus des galeries du trou du Vent (les différents courants d'air du TDV arrivent de l'Ouest, comme autant de "fuites" d'un drain parallèle).
Lors de la découverte du nouveau réseau (escalade) l'an dernier, nous avons été stoppés à la cote 650, bien à l'Ouest, et l'air arrivant encore de plus haut par une faille. Cela réduisait déjà le champ des possibilités.
Là dessus découverte du trou des Feuilles avec sa galerie fossile à la cote 670 mettant en évidence un ancien niveau de base bien marqué,percé de puits de soutirage verticaux vers le Blau actuel, et cohérent également en altitude avec les anciens drains du fond du SP4.
Dès lors, tous les indices convergeaient. Restait à prouver la théorie...
Lorsque nous avons trouvé le puits au Chandelier et calculé l'altitude du fond de celui-ci avec la résonance associée, j'étais certain que nous étions sur l'ancien collecteur recherché...
Wahou, chapeau bas,quant à la diffluence vers le Font Maure... tu as raison, n'en parlons pas... As tu pu visualiser la géologie en 3 D ? Je ne trouve plus le lien vers le cd de données, je trouve ça fascinant !
Ceci étant il y a 2 colorations directes( environ 25 km) avec de la détermination.....
Ah, oui, on a hate de voir ou tout cela nous menera! Belle decouverte!! Bravo a tous pour cette belle desob!
Jolie découverte. Vous récoltez le fruit de votre labeur. J imagine l émotion que vous avez du ressentir.
Ah,oui elodie et seb il nous tarde que vous soyez de retour parmi nous car vous avez oeuvré activement à cette réussite collective...
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