lundi 9 mars 2020

Tourisme Tropikarst, première accidentelle, congrès...

CUBA

Février 2020
Marine, Etienne

Secteur Vinales, joli karst, bien évolué sur sa partie amont.



Nous repérons plusieurs points dont une grotte parfaitement horizontale qui traverse un mogote et offre un point de vue sympathique.



Le secteur est très touristique et il y a plusieurs grottes aménagées :

Cueva del indio rivière souterraine touristique en bateau à moteur (heureusement les moteurs sont peu bruyants et ne fument pas trop). De quoi faire pâlir de jalousie Padirac !



Cueva San Miguel mini traversée étroite mais avec des grands porches à chaque extrémité. Il y a un petit spectacle qui raconte ''l'histoire des origines''. Nous n'avons pas bien compris mais il se pourrait bien qu'il y ait des vestiges archéo sur ce site ce qui expliquerait son exploitation touristique alors que géologiquement il y a mieux à chaque coin de rue.

Détails de connexions électriques :


Les diverses utilisations des cavités :

WC
Salle de resto

Il y a de super spots d'escalade et on a fait suivre le matos !





Santo Tomas et école de spéléo.
Santo Tomas est un des gros réseau de l’île avec plus de 40 km de réseau sur 7 étages. Il y a un circuit touristique à 15 € par tête sans électrification ni piste (+10 de taxi depuis le village à coté). Nous sommes 26 dans le groupe. Le tour dure 1h15 (même en Europe ils n'ont pas osé ;-). Les dimensions sont à la hauteur de nos espérances. 



En revanche, on rentre et ressort plusieurs fois de dolines en conduits et ne sommes donc jamais loin d'une entrée ni profond sous la surface. En conséquence les concrétionnements sont riches en moonmilk et souvent altérés.

Il y a une école de spéléo à proximité. Malgré plusieurs tentatives il nous a été impossible de rentrer en contact avec eux. Nous décidons de nous rendre sur place. L'accueil est glacial et on nous fait bien comprendre qu'il n'y a rien à faire avec eux. On nous donne même une fausse information selon laquelle le congrès international est complet et que ce n'est pas la peine de s'y rendre !
On se retrouve donc dans une zone où des milliers de conduits nous tendent les bras avec pour info : vous estes des touristes, les touristes ne vont pas dans d'autres grottes que les sites aménagés !
L'on finira donc la journée à grimper et observer la sortie de milliers de chauves-souris au crépuscule.




04/02 TPST : 10min Finalement on se dit que l'on est assez grand pour se promener tout seul et voir à quoi ressemble le karst tropical de Vinales. On part avec un pique-nique et une frontale. Après une heure et demie à prospecter et visiter plusieurs petits trous,




je prends un peu de hauteur et aperçois au fond d'un cirque une tache marron qui semble correspondre au remplissage d'un conduit de grande dimension. Les remplissages ayant souvent de bonnes infos à livrer on s'en rapproche. J'aperçois en hauteur sur le coté du remplissage un petit trou de 1,50m de diamètre. On se garde cela pour après la pause pique-nique. Une escalade de 2 – 3 m 


et hurlements, sous mes yeux un tuyau d'au moins 15 m de diamètre et 60 m de long ! Marine crois que je lui fais une blague. Elle me rejoint et nous avançons en essayant de voir s'il y a des traces. A environ 80 m de l'entrée une barrière stalagmitique nous arrête. 



Petit farfouillage, escalade de 5 – 6 m, 2 m à 4 pattes, désescalade, la barrière est franchie, j'avance une cinquantaine de mètres seul, arrêt sur rien, je rejoins Marine, au vu de notre équipement c'est suffisant pour aujourd'hui. On décide de faire le tour du mogote ce qui va nous occuper plusieurs heures sous une chaleur accablante. On rencontre du monde qui nous confirme qu'il y a quelques pertes sur le massif d'en face, mais ça on verra plus tard, on sait comment s'occuper demain !

05/02 TPST : 6 h On a tout le matos sauf topo. On se contentera d'un croquis et de distances estimés ce qui n'est pas mon fort ! Explo et croquis à l'aller, photos au retour. A part la première salle la calcite est magnifique. 


C'est tout droit sur le même accident jusqu'à une salle chaotique où la rencontre de plusieurs accidents sème le trouble. 


Les indices karsto changent du tout au tout, on passe d'une belle galerie avec son lot d'encoches et d'indices fluviatiles 



à un chaos avec des indices d'altérations et au sommet de la salle une climato très sèche, avec des minéraux bizarres (épsomite ?). 





Je désescalade un obstacle de plus, aperçois une suite en hauteur, nécessitant une petite escalade pour atteindre un petit conduit de 3 m diamètre. Vu l'heure et l'envie de photographier on décide d’arrêter là l'explo.
Un recoin de la salle avait attiré mon attention à l'aller, une petite escalade de plus permet de découvrir une annexe couverte de dépôts aérosols noirs, un courant d'air est bien présent ainsi que de belles cristallisations et quelques trouvailles qui vont nous poser problème pendant quelques jours.












En sortant on discute avec le propriétaire du champ juste sous la grotte qui est en train de labourer avec un attelage de deux bœufs. Il est né là et nous garanti qu'il n'y a pas de grotte. En effet, il n'y avait aucune traces ! On lui montre les photos, il n'en revient pas !









Disque très mince




Sur le même secteur on ira voir aussi les deux pertes pressentie morphologiquement et confirmés par les locaux. Il y en a une qui ferai 14 km. 


Dans l'autre des guides locaux amènent des touristes se baigner dans le réseaux par une entrée supérieure. 


Je suis moyennement motivé à l'idée de me baigner dans l'eau d'une perte. De plus, la descente qui mène à la flotte est tapissée de guano. Je progresse en oppo au dessus de l'eau sans voir la profondeur jusqu'à un élargissement qui rend l'oppo impossible ! Au retour un poisson chat d'1m tout blanc me passe entre les jambes en arrivant de derrière moi, sensations garanties ! 



On ressort et essayons de trouver la perte. On a bien fait de ne pas se baigner.



Chaque promenade hors sentiers classiques nous vaut de ramasser un tas de tiques locales, bien plus petites que les nôtres. Difficilement visibles à l’œil nu, mais avec la frontale et un peu d'expérience on finit par les trouver. Je détiens le record avec 28 tiques à retirer le même jour !

À cinq heures de là on visite la baie des cochons pour la qualité de ses environnements marins (plongée et PMT). Tout le secteur est karstique, gavé de cenotes.

Cénote


Dans le village il y a une émergence non explorée spéléologiquement. On est en basses eaux ! 



Un peu plus loin une Discothèque dans une grotte.



21-22-23/02 Congrès international de spéléologie pour les 80 ans de la SEC (sociédad espéléologia de Cuba)
Conférences et rencontres.



Bloqueur basique

Les Français et un organisateur bien sympa

Une excursion dans le parc national de Caguanes. avec les 2 seuls autres Français présents sur le congrès (Bernard Chirol et Paule sa compagne) et 2 Portugais.

Encore et toujours des petits volumes.



Des cristallisations.



Des informations très intéressantes sur la biocorrosion.



Et des réponses à une questions posée quelques temps plus tôt...




Un peu d'art parietal, c'est plutôt complet...


18 commentaires:

masdan a dit…

Super voyage !!! Au moins chez nous ,on n'a pas de poissons chats....

riton a dit…

Le SCA à l'international!Et encore de la première à la clef apparament!
Par contre, mais ou est donc la "bougnafle"sans laquelle la spéléo n'est pas la spéléo!?Et le climat, supportable?

Laurent a dit…

Rien que de lire ce CR et de voir les photos, ça me fait oublier le froid et l'humidité pénétrants jusqu'aux os ressentis hier...

Boris a dit…

Merci pour ce beau reportage, on a l'impression d'y être.
Pour info, l'espèce de bestiole bien sympathique qui se fait passer pour une araignée n'en est pas une, c'est un amblypyge (ordre), de la classe des arachnides qui compte également l'ordre des araignées, des scorpions, etc... C'est tropical, peu de chance donc d'en croiser chez nous. A bientôt.

Etienne a dit…

24°C sous terre. Même sans combi le moindre effort te fait surchauffer !
Sympa la bestiole avec ses pattes antenniformes, mais la première fois que tu la vois tu te contentes de la photographier, d'autant que sa détalle à toute vitesse...

masdan a dit…

Moi, je trouve que c'est bien quand ça détalle à toute vitesse, Kétal ?....

masdan a dit…

Je pense qu'une pontonnière sous un bleu de travail ça pourrait faire l'affaire au vieux lion...

masdan a dit…

Je vois que Fidel est toujours fidèle à son poste...

Gardèch'ti a dit…

Epsomite, epsomite !
Faut pas nous la faire que c'est naturel.
C'est encore un coup des chinois de la "Star Grace Mining Co" qui l'exporte par container entier à Cuba.
En tout cas bravo pour cette merveilleuse première que vous nous faites découvrir.
Mais c'est quoi ces choux-fleurs-coraux près de la pince de crabe ?
J'en pâlis de jalousie: on a pas cela chez nous...
Il faut reconnaître: ils sont forts les gars du SCA.

Etienne a dit…

Il y avait pas mal de variétés : cabus, de bruxelles, romanesco...
Ils sont tous là :

https://www.dropbox.com/sh/dzf1ap8s49ul2t9/AAAGvduimWYzSkKRHRIrRhELa?dl=0

C'est bien de l'avoir vu mais ce n'est pas ce qui pose le plus de problème, mais c'est dans le même secteur...

Jean Paul a dit…

Splendide
probablement des aragonites choux-fleur en couche polycristallines orientés par des bactéries pas étonnant par cette chaleur

Anonyme a dit…

Étienne, tu as une petite idée sur l'ancienneté du dessin à chevrons et ce que cela peut représenter ?

Etienne a dit…

https://www.dropbox.com/sh/sld7um9w9oo1n2l/AACrNerW91M95chvpbmfDnJ9a?dl=0

Je dirais aragonite puis calcite (il faut zoomer) ? Pour les facteurs qui orientent la croissance, la bio oui mais probablement pas que... Je les ai trouvé sympa à cause du noir, mais il y en a partout et dans beaucoup de grottes. Tu te rappelles de la diaclase des boulettes, ça croustille !

Pour les gribouillis ;-) c'est précolombien, ils parlaient de formes de feuilles, c'est une catégorie/forme qui revient souvent. Vu l'efficacité de la condensation-corrosion/bio-corrosion je serai très surpris que cela ait plus de disons 2 ou 3 000 ans. Bien sûr ça n'engage que moi. Il y a un Cubain qui a bossé sur les grottes en question : Antonio Núñez Jiménez.

masdan a dit…

J'ai trouvé ça sur spéléo retro (il est partout celui là) http://speleoretro.canalblog.com/archives/2020/01/28/37978327.html

masdan a dit…

L'Art des commencements: peintures et gravures rupestres

Jean Paul a dit…

c'est peut-être le dépôt noir qui à induit la diagénèse aragonite/calcite.
calcitation périphérique en blanc autour d'un produit plutôt gras noir

masdan a dit…

Jean Paul, tu m'épates ...

masdan a dit…

https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10219272317492785&set=gm.3095105747168888&type=3&theater