samedi 20 décembre 2025

Prospection fructueuse sur les hauteurs de Bessède-de-Sault !

Jeudi 18 décembre 2025

Participants : Philippe M., Daniel C., Alary

TPST: 1h15 / Trou de la Devèse 1 et 2 ; TPES: 6h / Forêt de la Devèse (Bessède-de-Sault)

Il est l'heure d'aller fouiller au plus profond de ses mémoires pour faire ressurgir des souvenirs et tirer un historique de ce secteur de la haute vallée de l'Aude ! Vers 9h45 nous retrouvons Philippe à Mijanès, sa voiture étant tombée en panne quelques jours avant. Descente pour rejoindre Gesse et remonter direction Bessède-de-Sault. Sur la route, Philippe nous présente les trous et l'historique du secteur. Plus nous montons, plus la météo et les paysages s'annoncent sublimes ! Nous traversons Bessède et continuons vers le Col de Pradel, puis vers le Col de Dent (route vers Le Clat), où nous bifurquons sur une piste forestière. Dans le virage précédent, une table d'orientation nomme les sommets enneigés qui se présentent devant nous. Vue imprenable sur le petit et le grand plateau de Sault, avec bien caché entre les deux, le Rebenty, presque invisible si on ne sait pas qu'il est là.

   
Certains bien connus des spéléo...

La piste forestière à flanc de montagne est en bon état, et surplombe magnifiquement le petit plateau baigné de soleil où Le Clat s'est installé. Nous passons le Pas de l'Ours et rejoignons le Sarrat de Canada, culminant à 1334m d'altitude. Le bois est exploité par des forestiers espagnols, suivant des manières qui respectent le sous-bois et ses micro habitats !

   
Le Clat et la forêt exploitée du Sarrat de Canada
Philippe était venu repérer quelque temps avant et avait réussi à relocaliser celui que nous appellerons, en référence à la Forêt de la Devèse dans laquelle il se trouve, le Trou de la Devèse 1. Nous le trouvons rapidement et nous mettons au travail. Pas de grand chantier, juste dégager le sol, des feuilles et quelques cailloux.
   
L'entrée, le plat, et le dessert... Hein ? Quoi ?
D'entrée, le trou souffle et aspire grandement. Le terrain autour prend de fortes pentes, parfois dans des escarpements rocheux... on espère que ce n'est pas un bête tube à vent, mais dehors, il n'y a pas un pet de vent, et il fait près de 10°C. Je passe la première marche et détecte presque dans mon dos la suite ouverte. On enlève quelques seaux de feuilles, je sonde avec des cailloux, ça descend bien ! Je me jette dans la suite, mes camarades ne peuvent me suivre. Ça descend de 4m entre les blocs et touche un pallier plein de feuilles. Jusqu'là, pas de traces de passage, et Philippe ne croit pas avoir eu écho d'explo dans ce trou... Mais surprise ! Car en face de moi, une étroiture a été ouverte, la trace du perçage en 8mm y est gravée à jamais... Bon, ce n'est pas une première, mais ce n'est pas non plus un boulevard. Il n'y a aucune trace de passage répété... De l'autre côté ça plonge d'au moins 5m, les prises sont sur les murs. Je me mets dedans assez haut, sinon je passe pas. La gravité fait le reste du boulot (j'ai vérifié que je pouvais en sortir bien sûr). Et hop, que j'envoie un caillou vers le fond, ça descend, il y a du vide ! Sans trop y voir, je me faufile léger entre les blocs, et apparais au-dessus d'un joli vide de 6m environ, il y a une vraie salle dessous ! Analyse faite, il me faut voyager un peu en lévitation pour rejoindre un espace plus large, puis descendre en opposition. L'idée d'y renoncer ne me traverse même pas l'esprit, je désescalade. Ça se fait bien quand on a l'option grandes jambes...

Me voilà dans une salle, tout content, j'en fais un très rapide tour. Environ 5m sous plafond, 3m de large, du soutirage vers un point bas, des blocs sous lesquels peut-être descendre... Cela me suffit amplement, je remonte donner des nouvelles ! Je récupère au passage mon téléphone pour filmer le tout et redescends, pensant remonter dans 15 minutes... Daniels fera au passage une brave tentative pour essayer de descendre le premier ressaut, qu'il mesurera trop étroit. Seulement arrivé en bas, surprise de nouveau ! Je ne l'avais pas vu, mais un passage entre les blocs mène à une belle suite, qui s'agrandit, avec les murs, le sol et le plafond recouverts par la calcite. Un caillou me guide encore plus en profondeur, la prudence est de mise, je préfère marcher sur les murs plutôt que sur ce sol effondré et tout creux. La zone est tectonisée. Au plafond de grosses dalles, dont certaines ont laissé des traces là où je me trouve. Dessous, 4 à 5m de vide. En face, sur 1m de large et 15m de long en visu, le volume s'étire. Je m'arrête là, car bien que la suite me paraisse franchissable en opposition, je suis tout seul. Demi-tour, en farfouillant encore un peu, mais il me faut remonter. Je perds évidemment le courant d'air dans ce bazar, et me décide un peu tardivement pendant ma remontée à prendre l'azimut, cap sud-est (je crois...), soit en direction des dolines du Sarrat, et pas vers le flanc du versant. J'estime en terme de profondeur avoir atteint les -30.

Très belle surprise donc ! Il nous faudra revenir aménager un peu pour que tout le monde puisse passer et descendre. Puis lever une topo et continuer à fouiller. Cependant une question demeure sans réponse. Qui a fait cette explo ? Et quand ? À vos souvenirs !

Juste là, une petite visite. Si ces images peuvent rappeler des trucs à certains :

Suite à ce succès, nous prenons le repas sous ce soleil anormalement chaud de décembre, puis partons essayer de retrouver un trou oublié en contrebas du trou de la Devèse 1. Formation râteau oblige pour ratisser (haha) le secteur que Philippe a déterminé. Première passe cap nord-est avec environ 6m d'écart entre nous, la visibilité est correcte. On prospecte le moindre rocher, mais on sort de la zone. On fait pareil légèrement plus bas, cap sud-ouest, et ça paye. Philippe tombe dessus, malgré l'entrée bien camouflée. Ici, pas d'air, je descends de 6m environ, ça se rétrécit et ça bute sur un tout petit passage dans le rocher, avec des petits blocs facilement enlevables au sol. Ce sera le Trou de la Devèse 2. Dans l'entrée, caché sous la mousse, un ancien marquage à la peinture rouge réapparait, mais illisible.

Une autre petite visite, on sait jamais : 

Nous reprenons ensuite la prospection, cherchant une ancienne tire forestière avec un trou devant se trouver dedans. Même cap que précédemment. En avançant, j'ai vu plus bas sur une ancienne piste forestière abandonnée (aucune trace de passage de véhicule), et en me retournant, je distingue au-dessus une coulée dépourvue d'arbre en son centre. C'est la tire forestière ! Philippe la remonte, Daniels et moi continuons vers de grandes barres rocheuses, sans rien y trouver. À force de remonter, Philippe finit par tomber à quelques mètres seulement de la tire, sur le Trou de la Devèse 1... Il est fort probable que ce soit ce trou, qui avait été localisé dans les années 90 par le forestier de l'ONF, comme étant dans la tire. Il est presque 16h, nous avons trouvé ce que nous cherchions, donc nous décidons tranquillement de prendre la route vers Mijanès, en s'arrêtant ici et là pour profiter des paysages.
   
Vue depuis le Pas de l'Ours, en contrebas la Couillade de Camzas, le rocher des Trois Trous (tiens, tiens tiens...)
et le rocher du Pas en Toulouse. Ces trois là surplombant eux-mêmes l'Aude.
Petit point étape chez Philippe, où nous sont montrées les coulisses des travaux en cours et à venir. Entre temps, la nuit a refermé le jour, laissant le froid alentour. Le moment pour nous de repartir, bienheureux de cette superbe journée nourrissant le souvenir.

3 commentaires:

Daniel Constans a dit…

Toujours un excellent compte rendu, plus qu'à revenir y travailler...

guilhem henri a dit…

Excellent CR. Tu vois, être grand en spéléo ça aide....sauf dans les étroitures en coude! Je serais bien venu, si ce foutu dos m'avais laissé la paix!Il est gros à parier que ce soit le SCM qui ai fait ces explos. On en saura peut être un peu plus avec le Stoche....

guilhem henri a dit…

Au vue des vidéos....très tectonique tout ça. Certainement trop perchés et loin des zones de creusement en régime noyé....