lundi 4 août 2025

CDL : Toujours plus loin...

Dimanche 03/08/2025

Réseau du Chant du Loup

Participants : Manu, Suzanne, Christelle, Rowland, Henri, Boris, Laurent

TPST :8h

Nouvelle sortie à haut potentiel de découverte après l'amorçage d'un courant d'air au précédent terminus lors de la dernière séance topo.

La longue progression se fait sans encombres jusqu'à la voûte mouillante qui nous avait arrêtés, il est déjà presque 13h lorsque nous arrivons au chantier (nous avons mangé entretemps dans la salle du Miroir pour s'alléger au max).
Il n'y a presque plus d'eau, à peine quelques centimètres. Ca pourrait passer direct mais on fait rapidement deux trous à la voûte pour confortabiliser.
Le courant d'air n'est plus seulement aspirant mais alternatif avec bouffées de grande longueur d'onde; il faut dire qu'il fait frais sur le massif (20° environ) avec une forte tramontane. Cela doit signifier que l'entrée basse se situe à une altitude à peine inférieure à celle du CDL.

En quelques minutes, l'affaire est réglée et le passage ouvert.
Nous filons un par un dans la suite, une conduite forcée remontante sur une dizaine de mètres, tapissée de sable...
Au milieu du sable il y a deux chauve souris mortes, probablement depuis le printemps (l'une d'elle a des champignons qui lui poussent dessus); et probablement piégées par la montée des eaux de l'autre côté de leur accès : un avertissement sans appel pour qui oserait défier le réseau en des temps climatiques inappropriés !

En haut de la conduite, nous débouchons dans une galerie avec un seuil déversoir; plus aucune trace de mise en charge et un lit de galets formé en écoulement libre : nous sommes bel et bien sortis de l'influence du siphon temporaire.
La galerie reprend sa direction, sa pente et ses dimensions d'avant la zone inondée en hiver.

Nous progressons bien vers l'ouest, avec seulement un ou deux passages à aménager ultérieurement (pose de marche et contournement d'un petit chaos par le haut).

Dans le sédiment de l'ancienne rivière, Boris trouve une grosse dent d'herbivore préhistorique, bien loin de l'entrée pour un tel fossile, et très intéressant pour dater éventuellement la période d'activité de la rivière avant sa capture par l'actif actuel.

Une dent qui ne fait plus mal à son (sa) propriétaire depuis très très longtemps...

En chemin, nous trouvons une première arrivée d'eau pérenne, venant du nord et se perdant rapidement dans la galerie.
Au bout de 200m environ, le lit de rivière s'élargit et prend un peu plus de pente; ça devait débiter pas mal à l'époque vu les stries et cupules dans la roche.

Peu après, une impressionnante résonance se fait entendre droit devant. Nous n'en trouverons pas l'origine aujourd'hui (dans les hauteurs), car soudain, la galerie fait un virage à gauche et plonge dans un toboggan pleine roche du plus bel effet.
Quelque chose se passe ici, après un linéaire de plus de 1500 m en suivant la même faille directrice et la même pente, la morphologie change et le système se complexifie...

En bas du toboggan, que nous pouvons heureusement franchir sans équiper (il faudra poser des marches quand même), nous arrivons à un carrefour : à gauche le lit de rivière continue à plonger mais se rétrécit; à droite une galerie remontante nous tend les bras.

Nous commençons par "l'actif", où plusieurs passages parallèles sont possibles, avec des formes d'érosion remarquables (marmites pleines d'eau translucide) et une autre arrivée d'eau, mais plus loin une zone étroite d'une vingtaine de mètres qui semble s'ennoyer en crue freine la progression.
Cependant elle se franchit sans désob, il y a toujours du courant d'air, et plus loin, nous débouchons dans une faille très haute avec une cascade arrivant du plafond.
Un actif en plein mois d'août, nous sommes probablement sur les premières arrivées d'eau venant de la vallée de St Andrieu...
Ici il y a des motifs géométriques étonnants dans la calcite du sol, en forme de donut ou de pentagone, et surtout il y a une grosse concrétion horizontale dans le vide, où s'écoule une partie de l'eau défiant la gravité. Bizarre...

Il faut passer sous la douche pour aller plus loin, Henri progressera d'une quinzaine de mètres de plus dans le surcreusement étroit de la faille, mais l'intéressant est en haut : on voit très nettement une galerie avec un chenal de voûte et des banquettes une dizaine de mètres au-dessus.
Mais peut-être pourra-t-on y accéder par un autre passage...

Nous revenons au dernier carrefour en bas du toboggan pleine roche et prenons la galerie de droite : il s'agit d'une conduite forcée tapissée de galets qui semble être la branche remontante d'un ancien siphon, actif avant le creusement de la partie que nous venons d'explorer...

Nous regagnons la dénivellation perdue avec le toboggan et passons un seuil. Dans cette branche aussi il y a un bon courant d'air (aspirant au moment de l'explo).
Les sédiments montrent qu'il s'agit d'un aval fossile. Après le seuil, ça redescend et ça s'élargit; plus loin, la galerie prend un profil de grande faille. 
Pour accéder à la suite, il faudra soit équiper une main courante, soit éliminer un gros bloc pour éviter la pose d'un agrès.
Est-ce la même galerie que celle aperçue depuis la "douche" de la branche de gauche ?
Est-ce qu'il y a un rapport avec la grande résonance entendue avant le toboggan ?

Etant donné l'éloignement qui se fait bien sentir, et la complexification, on décide d'en rester là pour aujourd'hui, la priorité est clairement à la topographie avant d'aller plus loin...
Bilan de la journée, entre 300 et 400m de nouvelles galeries, et rien n'indique que ça va s'arrêter tout de suite.
On n'a toujours pas changé de roche malgré le décalage vers l'ouest, ça veut donc dire que la carte géol est fausse à cet endroit, vu que le dévonien supérieur est censé affleurer sur le plateau, on devrait se situer dans les calcaires du dévonien moyen à notre profondeur (plus solubles); or nous sommes encore dans les dolomies inférieures. Jusqu'à quand ?
NB : Pas de photos/vidéos sur le vif malheureusement, toujours pas retrouvé ma Gopro... 

Il nous faudra trois heures de progression pour regagner la surface. 
Gros coup de chapeau à Suzanne et à Manu, qui ont assuré mentalement et physiquement tout au long de leur première journée d'exploration que l'on peut qualifier d'engagée, dans ce système sauvage et inconnu où aucun faux pas n'est permis...


8 commentaires:

Dom POULAIN a dit…

Bravo!
Et début de la perte d andrieu👍🏻

masdan a dit…

Boff, la routine, 400m par ci, 400m par là... ;-)

riton a dit…

Premier commentaire: chapeau bas à la petite Susanne et à "'l'ancienne" ( mon Age!) Manuelle, qui n'avaient jamais fait d'explo engagée!!

Alary a dit…

Je n'ai pas les mots !

Jean-Michel L a dit…

Bravo ! Et en plus ça continue...

Boris a dit…

Quand le loup mangeait du rhinocéros !
D'après Cédric, notre archéozoologue préféré, la dent appartenait à un rhinocéros, probablement laineux. La bestiole arpentait le secteur entre 150 000 et 12 000 ans avant notre ère.

Laurent a dit…

Fantastique !
Encore une explo qui fait avancer plusieurs disciplines en même temps.
Selon les précisions que pourra apporter Cédric, faudra sérieusement éventualiser de la dater.
Le C14 est pas trop cher, mais limité à -50 000 ans, donc à suivre...

riton a dit…

Je n'aurais qu'un Mot: de la GRANDE SPELEO!!
Et même en aménagent le Chant du Loup ne sera jamais un trou à touristes!