lundi 28 novembre 2022

Escalades, piscines et courants d'air mystérieux

Dimanche 27/11/22

Vieux Lion/Chandelier

Participants : Félix, Etienne, Laurent

TPST : 8h

Les premières vraies pluies de la saison ont copieusement arrosé le massif durant la semaine. Etienne me propose d'aller tenter, par le Chandelier cette fois, une belle escalade évidente au début du réseau II avant que tous les bassins nous obligent à la néoprène pour le reste de l'hiver.
On est 3, chiffre idéal pour l'escalade, donc banco !

Arrivés à l'entrée, malgré le froid matinal, on constate que le trou souffle un fort courant d'air chaud. Incompréhensible pour une entrée basse bien affirmée de massif !
J'avais déjà observé une fois ce phénomène, pendant une forte crue, et bien avant que nous ayons relié le Chandelier avec la haute surface du plateau de Sault.

Cette fois c'est différent, le Blau s'est remis à couler mais à peine, et on sait qu'il n'y a aucun obstacle au courant d'air thermique habituel. On aurait dû se méfier...

Après quelques centaines de mètres de progression, on commence à trouver des grands bassins en eau. Nous utilisons tous les moyens, y compris la technique de Tarzan avec jeté de corde sur amarrage naturel, pour tenter de ne pas se mouiller pour le reste de la journée.
Heureusement la zone médiane du réseau I, où la hauteur d'eau dépasse 2m en hautes eaux, n'est pas encore pleine.

Par contre, plus loin, ça coule de partout et tout est en train de se remplir par une multitude d'actifs. Le courant d'air soufflant est encore présent à la chatière de la Murène, où un ruisseau coule. nous en déduisons que le souffle est provoqué par l'air chassé des réseaux inférieurs inconnus, suffisamment fortement pour contrarier un thermique, et doit provenir de cette fameuse jonction que nous cherchons depuis longtemps.

Plus loin tout est presque plein et nous maudissons les "mains courantes", qu'on devrait plutôt appeler les "culs trempés" bien trop basses. Certaines sont retendues mais d'autres devront être rééquipées.


Modification de main courante au-dessus des bassins

Par miracle, nous arrivons à la boite aux lettres sans être mouillés. Et là patatras, on se rend compte qu'on s'est cassé la tête pour rien : c'est tellement plein qu'il faut obligatoirement passer dans l'eau. De plus il n'y a presque pas de courant d'air dans le passage, ce qui semble confirmer qu'il existe bien une arrivée d'air des inférieurs dans le tronçon Murène - boite aux lettres (voir post sur les expériences aérologiques de cet été).

Instants d'hésitation, puis on se lance...
Nous arrivons au pied de l'escalade vers midi et Etienne, pour qui l'escalade est une seconde nature, entre en action telle une araignée.

Préparatifs

C'est parti...


Ca a une gueule terrible de galerie fossile et on a du mal à se croire dans l'Aude tellement c'est grand. Etienne s'élève de 30 m pour arriver dans un volume sans suite. Il s'agit d'une coupole décomprimée située sur un croisement de faille. Dommage mais il fallait aller voir...

Le plan de faille à l'origine du volume décomprimé est bien visible au premier tiers de la photo en partant de la gauche

Pendant ce temps on s'est bien caillé à l'assurance avec Félix. La tisane chaude est d'un grand réconfort.

Il nous reste du temps et nous repérons plusieurs passages qu'il faudra vérifier plus tard. Nous consacrons le reste de l'après-midi à chercher tous les points faibles entre la boite aux lettres et la Murène.

Plusieurs petites escalades ne permettent pas de retrouver le courant d'air. On se rendra finalement compte au retour que ce dernier s'est presque arrêté pendant l'après-midi, pas de bol !
le jeu de cache-cache devra reprendre avec des conditions plus stables...

A noter la découverte d'un site supérieur avec suies fossilisées dans la calcite et traces d'occupations ancestrales de chauve souris (signes de bio-corrosion et de guano dégradé). Quelques actuelles également (un grand murin tout seul dans les voûtes et un peu de guano frais). Elles ont pu arriver par les grandes cheminées inexplorées au début du réseau II.

La brèche-limite, niveau géologique repère dans toutes les Pyrénées

Film de bio-corrosion ancienne

Guano récent

Suies fossilisées découvertes dans un niveau supérieur du réseau I

Sortie sans encombres à 18h30, avec un courant d'air presque nul à l'entrée. Les vêtements secs sont un régal après cette journée caloriphage.

La suite des recherches devra se faire pour les prochains mois dans les zones fossiles...

6 commentaires:

riton a dit…

C'est tout à fait sûr. Ce qui est appelé "affluent de la murène", c'est ce boyau bas proche du Blau?Pourtant peu ou pas ventilé....

masdan a dit…

Encore bravo les rudes.Quant à moi, je suis allé seul au trou des feuilles pour voir venir..et je n'ai pas été déçu..Cela faisait environ 33 ans qu'on avaient abandonné ce truc avec du Co2. Daniel Constans baignant dans le bonheur familial, il m'a fallu le remplacer, maladroitement, d'où la vidéo .Depuis le temps de l'explo, il y a eu, au moins 3 cataclysmes climatiques avec forces inondations et pertes humaines...Le n'ai pas reconnu le trou ! Des monceaux de blocs ont étés roulés vers le bas avec tronc et feuilles, jusqu'à faire un barrage de matériaux variés qui touchait le plafond pourtant en bougeant quelques blocs, j'ai vu que le passage était libre derrière. J'ai également pris les dimensions pour créer un sas a travers desquels passeront 2 tuyaux de 30 cm de diamètre alimentés par 2 aérateurs : force de frappe de 7 mères cubes seconde...
Prochaine sortie : remettre le passage vers le bas au gabarit, et commencer à installer le sas. Il y a eu 0.6,0.7 0.4 pour cent se Co2 au lieu de 0.04 pour cent pour la normale.Les chauves souris n'en dorment que mieux....


https://youtu.be/ZyHW1JL0g_c

riton a dit…

Je croyais que les "aérateurs "étaient inefficaces pour évacuer des gaz!!!
Puis s'il n'y pas d'air, c'est que ce trou doit donner sur du noyé. Avec avant, des montagnes de feuilles en décomposition...
Celui qui est intéressant c'est la "porte des étoiles": courant d'air monstrueux et grande proximité théorique avec l'actif des Tourtes. Dans la faille du fond on y avait travaillé à la perceuse thermique avec François Montoya tellement s'était ventilé!On y avait même sentis une tornade d'air après plusieurs jours de pluie!Mais là c'est le problème du stockage qui se pose....

masdan a dit…

Qui t'a dit que les aérateurs étaient inefficaces ? !! Chacun souffle ou aspire 3690 mètres cubes par heures.....Le trou des étoiles, le Caoussé, la Mandre sont parcourus par de bon courants d'air tous issus de la même faille effroyablement brisée.Ceci étant,sur ce secteur de Karst couvert, on n'a prospecté que les ruisseaux , il faudrait aller voir le plateau au dessus de ces cavités.Le trou des feuilles est une formidable perte qui se trouve environ à 75 m plus haut en altitude et environ à 1 km de la source des Tourtes.Nous nous étions arrêté sur rien, et peut être qu'un peu plus bas une simple dune de sable arrête le courant d'air.De toutes façons cette grotte devrait retrouver un banc calcaire sous-jacent .. De plus il y a plein de pistes que les forestiers qui exploitent les arbres ont ouvert:autant de raisons pour reprendre les prospections sur cette jolie région.

masdan a dit…

Non, j'ai fais de la dyslexie les aérateurs dont je dispose font 3960 mètres cubes heures ce qui fait , pour les deux 2 mètres cubes par seconde...

masdan a dit…

Et l'assemblée générale ? le bureau est maintenu ? mais vous avez changé de secrétaire ?...