Samedi 7 et dimanche 8 juin 2025
Participants : Félix, Pascal, Gilles
Aven de la Capitelle (Hérault)
Voilà un trou que nous avions prévu de visiter avec Félix depuis un moment. Il s'agit du plus profond de l'Hérault (-395 m et -407 m dans le siphon).
J'avais fait en stage les puits d'entrée jusque quasiment au sommet du P110, je n'en avais pas gardé un souvenir affreux, mais tous les spéléos que j'ai rencontrés et qui l'ont fait m'ont dit qu'ils n'y reviendraient pas de sitôt (voire jamais), on était prévenus !!
Le trou souffre d'un équipement assez léger (notamment dans le P90), alors nous avions pris le perfo en plus des 5 kits de corde contenant 700 mètres de corde, 68 plaquettes, 75 mousquetons, 63 dyneema, 22 AS et bien sûr de l'eau, deux repas, k-way pour le puits du robinet...
L'idée initiale était de faire sur trois jours : premier jour on va jusqu'où on peut raisonnablement, deuxième jour le fond et déséquipement avec un kit chacun à la remontée voire davantage si on est en forme et troisième jour fin du déséquipement si besoin.
Samedi 7 juin - TPST 14h
Je rejoins Pascal à Béziers, puis nous filons retrouver Félix à l'entrée du trou vers 9h30. Nous finalisons les kits, et vers 10h45 Félix attaque l'équipement.
Je le suis avec Pascal, chargés de deux kits chacun. Le passage d'un boyau étroit nous occupe un moment ainsi chargés.
Les têtes de puits sont étroites, plus on avance plus on se dit que la remontée va être très rude... Je relaie Félix à l'équipement à la fin du premier kit, mais rapidement je m'agace, j'ai l'impression qu'on se traîne alors je redonne la main à Félix. La lecture de l'itinéraire n'est pas toujours évidente, on est pas trop de deux. À l'arrière on peaufine, installe de petite dév et joue du perfo quand c'est nécessaire.
Arrivé au sommet du P22 Félix ne parvient pas à trouver la suite, je le rejoins sur une seconde corde et trouve les spits salvateurs, ouf ! Je reprends la tête et arrive à la zone nous nous étions arrêtés en stage faute d'avoir trouvé les spits (et l'heure tournant). J'ouvre grand les yeux, mais ne voit rien à part un AF. Je fais une tentative d'équipement en AN, ça passe mais c'est très inconfortable. Le perfo sera d'une grande utilité pour ce puits.
Félix repasse devant, nous rampons encore et débouchons dans un vaste espace duquel démarre le P6 qui s'enchaîne avec le P110.
Mais le P110 ne se laisse pas vaincre facilement, Félix suit une première ligne qui ne donne rien, la seconde tentative sera la bonne. Enfin de l'espace ! Une première longueur d'une vingtaine de mètres amène sur une grande terrasse confortable avant d'attaquer environ 90 mètres coupée en trois longueurs d'environ 30 m, 50 m et 10 m. Félix double le deuxième frac avec un AF, et nous nous retrouvons tous en bas vers 19 h.
On fait quoi maintenant ? Première idée, Félix par seul équiper le puits du robinet, car une fois mouillé la remontée lui permettra de ne pas se geler, et pendant ce temps je fractionne la tirée de 50 m.
Félix s'engage dans l'étroiture, mais gros doute sur ses capacités à la franchir en montée, il a de grands os ! J'y vais en éclaireur, ça descend et monte sans soucis.
De fil en aiguille nous décidons de ne pas aller plus loin pour aujourd'hui, et nous remontons.
Félix part en premier dans le grand puits, dans le but de fractionner la grande tirée à la montée. Malheureusement le fractionnement en seulement deux longueurs n'est pas possible, ça créerait du frottement. Il faudrait le fractionner davantage mais c'est un boulot assez long, nous laissons tomber.
Une fois remontée le P110, nous arrivons dans la zone que nous pourrions qualifier "des puits d'entrée" : putain mais c'est vraiment de la merde ce trou, on va crever !!! 😁 Voilà le résumé de ma pensée pendant la remontée, c'est interminable. Comment n'en ai-je pas gardé un mauvais souvenir lors de ma précédente visite ??
Nous sortons vers minuit et vu notre fatigue trois options s'envisagent pour le lendemain :
- continuer l'équipement jusqu'au pied du P90, puis déséquiper le maximum possible et terminer le lundi (il était déjà acquis qu'on laissait tomber le fond, qui a une réputation aussi boueuse qu'étroite) ;
- déséquiper à partir de notre point d'arrêt et sortir un kit chacun ce qui impliquerait d'y retourner le lundi ;
- déséquiper à partir de notre point d'arrêt et tout sortir.
Le vent est apparu, la galère pour mettre la tente en place, et pour couronner le tout j'ai oublié mes boules Quiès, ça promet...
Dimanche 8 juin - TPST 9h
"Réveil" venté, à l'image de la nuit, Pascal et moi sommes éclatés, Félix lui a passé une bonne nuit dans sa voiture de facteur. La décision est vite prise : on sort le matos du trou et on se débrouille pour ne plus avoir à foutre les pieds là-dedans une troisième fois !
Seuls au monde...
Vers 9h nous entrons dans le trou et parvenons au bas du P110 en 1h40. On reconditionne tout le bazar laissé en vrac la veille, et j'attaque la remontée avec le kit 5 intact prévu pour le fond. Pascal me suit avec le kit 4 à moitié plein et récupère le perfo laissé en plein milieu du puits. Félix déséquipe et nous nous retrouvons au sommet du P6 avant la première étroiture. Je passe en premier avec un kit pour voir comment faire, ça passe sans aide. Pour la suite une petite corde pour tirer les kits un par un sera bien utile.
Pause repas (et sieste pour moi) au pied du P22, et nous inversons les postes : Pascal en premier, Félix en deuxième qui rajoutera quelques AF pour les prochains et moi au déséquipement. Nous progressons lentement, je trouve la remontée moins fatigante que la veille alors que nous étions à vide. Lorsque le quatrième kit est plein, je repasse devant et organise la logistique pour le convoi. Malgré l'étroitesse du trou, on trouve toujours de quoi à caser les 4 kits en tête de puits, et même au milieu du boyau d'entrée. Mais de quoi se plaint-on ?
Ça y est, la lumière du jour apparaît au bas du P12. Dernière mission, poser une dév (qui terminera en frac) dans ce P12. Empêcher le frottement était possible la veille à vide, mais avec deux kits au cul ça deviendrait difficile.
À 19h nous sommes la voiture, on a survécu !
Paradoxalement cette deuxième journée était moins fatigante que la première, pourtant nous étions chargés. Sans doute le temps que le corps s'habitue. 😁
En tout cas c'est un trou qui apprend l'humilité, ça tabasse quand même. La prochaine fois, objectif -338 m !
Ci-dessous, notre base de travail pour préparer la sortie.
7 commentaires:
En 1985, j'ai participé au déséquipement aprés la première , depuis le fond . Je garde le souvenir de beaux gros puits , le reste je l'ai oublié.
Découverte et explo du club de Cournonterral
La différence entre la classique et l'explo. Ceux qui l'on ouvert devaient y aller souvent...et le trouver moins dur!La spéléo est proche de la grimpe: même une voie baston n'est pas la même "flash "ou quand on la refait!!Et oui la Poste utile de bons "abris"!!
Ça transpire la difficulté, bravo !! C'est un premier jet pour un jour tenter le -338. Tant pis pour le fond, si c'est que des étroitures avec de la boue...
Tu as bien fait d'oublier le reste. 😁
Quand est-ce que tu reviens ? Tu serais sorti de là frais comme un gardon toi. 💪
Début septembre ! Pour le Marcou du coup. Je suis revenu cette première semaine de juin mais c'était pour faire le tour de l'Aude à vélo, même si j'avais mais affaires de spel on sait jamais 😆
Club de Cournonterral ? Non... Groupe Spéléo de Montpeyroux. Dans le P110 il y a un beau pendule à faire (avec beaucoup de gaz), si vous ne l'avez pas vu, vous n'avez pas vu la suite de l'équipement.
Enregistrer un commentaire