lundi 4 août 2025

CDL : Toujours plus loin...

Dimanche 03/08/2025

Réseau du Chant du Loup

Participants : Manu, Suzanne, Christelle, Rowland, Henri, Boris, Laurent

TPST :8h

Nouvelle sortie à haut potentiel de découverte après l'amorçage d'un courant d'air au précédent terminus lors de la dernière séance topo.

La longue progression se fait sans encombres jusqu'à la voûte mouillante qui nous avait arrêtés, il est déjà presque 13h lorsque nous arrivons au chantier (nous avons mangé entretemps dans la salle du Miroir pour s'alléger au max).
Il n'y a presque plus d'eau, à peine quelques centimètres. Ca pourrait passer direct mais on fait rapidement deux trous à la voûte pour confortabiliser.
Le courant d'air n'est plus seulement aspirant mais alternatif avec bouffées de grande longueur d'onde; il faut dire qu'il fait frais sur le massif (20° environ) avec une forte tramontane. Cela doit signifier que l'entrée basse se situe à une altitude à peine inférieure à celle du CDL.

En quelques minutes, l'affaire est réglée et le passage ouvert.
Nous filons un par un dans la suite, une conduite forcée remontante sur une dizaine de mètres, tapissée de sable...
Au milieu du sable il y a deux chauve souris mortes, probablement depuis le printemps (l'une d'elle a des champignons qui lui poussent dessus); et probablement piégées par la montée des eaux de l'autre côté de leur accès : un avertissement sans appel pour qui oserait défier le réseau en des temps climatiques inappropriés !

En haut de la conduite, nous débouchons dans une galerie avec un seuil déversoir; plus aucune trace de mise en charge et un lit de galets formé en écoulement libre : nous sommes bel et bien sortis de l'influence du siphon temporaire.
La galerie reprend sa direction, sa pente et ses dimensions d'avant la zone inondée en hiver.

Nous progressons bien vers l'ouest, avec seulement un ou deux passages à aménager ultérieurement (pose de marche et contournement d'un petit chaos par le haut).

Dans le sédiment de l'ancienne rivière, Boris trouve une grosse dent d'herbivore préhistorique, bien loin de l'entrée pour un tel fossile, et très intéressant pour dater éventuellement la période d'activité de la rivière avant sa capture par l'actif actuel.

Une dent qui ne fait plus mal à son (sa) propriétaire depuis très très longtemps...

En chemin, nous trouvons une première arrivée d'eau pérenne, venant du nord et se perdant rapidement dans la galerie.
Au bout de 200m environ, le lit de rivière s'élargit et prend un peu plus de pente; ça devait débiter pas mal à l'époque vu les stries et cupules dans la roche.

Peu après, une impressionnante résonance se fait entendre droit devant. Nous n'en trouverons pas l'origine aujourd'hui (dans les hauteurs), car soudain, la galerie fait un virage à gauche et plonge dans un toboggan pleine roche du plus bel effet.
Quelque chose se passe ici, après un linéaire de plus de 1500 m en suivant la même faille directrice et la même pente, la morphologie change et le système se complexifie...

En bas du toboggan, que nous pouvons heureusement franchir sans équiper (il faudra poser des marches quand même), nous arrivons à un carrefour : à gauche le lit de rivière continue à plonger mais se rétrécit; à droite une galerie remontante nous tend les bras.

Nous commençons par "l'actif", où plusieurs passages parallèles sont possibles, avec des formes d'érosion remarquables (marmites pleines d'eau translucide) et une autre arrivée d'eau, mais plus loin une zone étroite d'une vingtaine de mètres qui semble s'ennoyer en crue freine la progression.
Cependant elle se franchit sans désob, il y a toujours du courant d'air, et plus loin, nous débouchons dans une faille très haute avec une cascade arrivant du plafond.
Un actif en plein mois d'août, nous sommes probablement sur les premières arrivées d'eau venant de la vallée de St Andrieu...
Ici il y a des motifs géométriques étonnants dans la calcite du sol, en forme de donut ou de pentagone, et surtout il y a une grosse concrétion horizontale dans le vide, où s'écoule une partie de l'eau défiant la gravité. Bizarre...

Il faut passer sous la douche pour aller plus loin, Henri progressera d'une quinzaine de mètres de plus dans le surcreusement étroit de la faille, mais l'intéressant est en haut : on voit très nettement une galerie avec un chenal de voûte et des banquettes une dizaine de mètres au-dessus.
Mais peut-être pourra-t-on y accéder par un autre passage...

Nous revenons au dernier carrefour en bas du toboggan pleine roche et prenons la galerie de droite : il s'agit d'une conduite forcée tapissée de galets qui semble être la branche remontante d'un ancien siphon, actif avant le creusement de la partie que nous venons d'explorer...

Nous regagnons la dénivellation perdue avec le toboggan et passons un seuil. Dans cette branche aussi il y a un bon courant d'air (aspirant au moment de l'explo).
Les sédiments montrent qu'il s'agit d'un aval fossile. Après le seuil, ça redescend et ça s'élargit; plus loin, la galerie prend un profil de grande faille. 
Pour accéder à la suite, il faudra soit équiper une main courante, soit éliminer un gros bloc pour éviter la pose d'un agrès.
Est-ce la même galerie que celle aperçue depuis la "douche" de la branche de gauche ?
Est-ce qu'il y a un rapport avec la grande résonance entendue avant le toboggan ?

Etant donné l'éloignement qui se fait bien sentir, et la complexification, on décide d'en rester là pour aujourd'hui, la priorité est clairement à la topographie avant d'aller plus loin...
Bilan de la journée, entre 300 et 400m de nouvelles galeries, et rien n'indique que ça va s'arrêter tout de suite.
On n'a toujours pas changé de roche malgré le décalage vers l'ouest, ça veut donc dire que la carte géol est fausse à cet endroit, vu que le dévonien supérieur est censé affleurer sur le plateau, on devrait se situer dans les calcaires du dévonien moyen à notre profondeur (plus solubles); or nous sommes encore dans les dolomies inférieures. Jusqu'à quand ?
NB : Pas de photos/vidéos sur le vif malheureusement, toujours pas retrouvé ma Gopro... 

Il nous faudra trois heures de progression pour regagner la surface. 
Gros coup de chapeau à Suzanne et à Manu, qui ont assuré mentalement et physiquement tout au long de leur première journée d'exploration que l'on peut qualifier d'engagée, dans ce système sauvage et inconnu où aucun faux pas n'est permis...


mercredi 30 juillet 2025

Dans la rivière du Raymonde... P133 GRANDIOSE !!

Mardi 29 juillet 2025

Participants : Andréa, Gégé (SSAPO), Gilles

TPST : 11h / Duplessis et rivière du Raymonde (Coume Ouarnède, 31)

Le gouffre Raymonde est l'un des plus célèbre du massif de la Coume Ouarnède (du nom de la fille de Norbert Casteret) et sa rivière est souvent visitée... jusqu'au sommet du puits Delteil, un colosse de 133 mètres. Évidemment, on se devait d'y faire un tour.

On choisit rentrer de par le gouffre du Duplessis et de rejoindre la rivière du Raymonde par le réseau pourri, car il jonctionne précisément au puits Delteil. Trois avantages : moins de marche, moins d'équipement (le Duplessis se descend par un P48 et deux P20) et surtout il n'y a pas la longue rivière à parcourir.

Nous nous rejoignons à 9h à Arbas pour le traditionnel café, puis prenons la direction du parking de la fontaine de l'Ours. La marche d'approche est rapide, d'autant plus que Gégé connaît parfaitement l'itinéraire. 
Andréa équipe le Duplessis, l'équipement débute sur un bel arbre surplombant le trou.


Premier frac du P48

Nous parcourons le réseau pourri avec quelques hésitations, heureusement, c'est bien balisé. Nous mangeons juste avant la rivière, loin du bruit et de l'humidité.

Nous arrivons à la zone humide, j'enfile mon kway au cas où ça mouille, et c'est parti ! 

Un petit R3 le long d'une joli cascade, puis la main courante du P133. Il faut traverser une plateforme métallique qui servait autrefois lorsque la descente se faisait au treuil.
La rivière coule bien, on pensait que ce serait plus sec que ça vu les alentours.

Le R3

(vidéo faite à la remontée)

La plateforme métallique depuis le haut du R3


La tête de puits est très confortable, la descente est tout de suite interrompue par un premier frac un mètre sous le premier.

Tête de puits du P133. Des artistes sont passés par là !


Le topo décrit une descente d'une trentaine de mètres avant un "méandre fossile". J'amorce la descente, cherche à me décaler sur la droite avec une dév sur AN pour m'éloigner de l'eau. J'ai beau éclairer de toutes mes forces, je ne vois rien qui ressemble à courte échéance à un méandre, si ce n'est une galerie de l'autre côté du puits, mais il faudrait traverser tout le puits, cela me semble un peu compliqué avec ses 20 mètres de diamètre !! 😁
L'ambiance est impressionnante entre la taille du puits et le bruit de l'eau.

L'eau est tout proche

Ambiance !! 

Un frottement allant intervenir assez rapidement et ne sachant pas où je vais, je décide de fractionner sur un AN (note pour les futurs visiteurs : une dév suffit, il y a un spit 1,5 mètres à droite de cet AN, je ne l'ai pas vu à la descente).

L'AN irratable

(vidéo faite à la remontée)

Les traces de câbles dans la roche sont profondes.


Je continue à descendre, cherche désespérément un méandre. Je finis par apercevoir un grand palier accessible par un pendule, je décide de me poser là, j'arrive déjà au bout de ma C50 débutée en tête de puits. Un peu longue la prétendue descente de 30 mètres ! Je raboute avec une C97, le passage de nœud est indolore, on a des pieds, on peut même quitter la corde. Je scrute des spits pour un début de main courante à cet endroit, que dalle. Est-ce bien là qu'il faut aller ? Je m'approche un peu plus au bord du vide et aperçoit enfin les spits du prochain jet. Youpi, c'est ici ! Un AN fera l'affaire pour le début de main courante.

Le topo annonce une descente plein pot de 90 mètres. En coup d'œil à ce qu'il y a en dessous me laisser imaginer que c'est probablement faux, ce n'est pas plein vide. Je descends 20 mètres et arrive à une cassure, il y a probablement un frac par là... Oui, deux spits, trop bien ! À partir de là en effet, la descente peut se faire en un seul jet, on est parfaitement dans le vide, mais relativement proche de la paroi. J'ai pris le perfo pour fractionner. J'aperçois le lac en bas, mais c'est très difficile d'évaluer la hauteur.

Je continue ma descente et lorsque je vois que l'éloignement de la paroi va augmenter, je cherche un éventuel spit là où j'avais envie de fractionner. Bingo ! Il n'y a plus qu'à le doubler avec un AF. Mon perfo neuf fera des siennes, il ne percute pas. J'aurais peut-être dû l'essayer avant de l'amener sous terre... Heureusement une lunule providentielle permet de doubler ce point moyennant une conversion vu qu'elle est située deux mètres au-dessus du spit.

Frac avant le grand jet

À présent c'est parti, grand jet en plein vide (54 mètres), la seule question qui se pose c'est : à quelle hauteur aura lieu le passage de nœud ? Car il est certain que la C97 ne suffira pas à atteindre le sol. Finalement ce sera à quelques mètres du sol. 


Bas du P133

Une petite vidéo en bas du puits.


Nous suivons le courant, et après une opposition un peu exposée au-dessus d'une vasque, j'attaque l'équipement du P8. 


Je trouve quelques spits, mais pas la tête de puits, je joue du perfo pour faire des AF. On a un peu l'impression d'être en première niveau équipement !

Le premier P8 et son nouvel équipement

Le second P8 est cocasse aussi. Il y a deux spits de début de main courante mais ensuite ?? J'entreprends une escalade dans les voûtes pour  descendre plus loin que la cascade. Je rajoute deux AF pour me sécuriser au fur et à mesure et parvient enfin à un unique spit de tête de puits que j'arrive à doubler... juste avant que la batterie de rende déjà l'âme. Un second spit en-dessous permet de faire une timide déviation pour se mouiller un peu moins... mais j'aurais apprécié que le spit soit bien plus à gauche !

Le second P8, un équipement à revoir

Finalement nous arrivons en haut d'un morceau de choix, le puits Claude, un P57 décrit comme "arrosé". Je m'approche du bord, oula, ça fait peur !  Beaucoup plus sinistre que le P133, parfaitement vertical, et l'eau qui fait un vacarme terrible. La tête de puits est plein vide, puis deux mètres en dessous un autre frac permet de se décaler un peu de l'eau et d'être plus près de la paroi. Je cherche des AN pour me dévier. Un premier me fait gagner deux mètres, aidé par Andréa qui secoue la corde pour me faire balancer. J'en trouve un deuxième un peu plus bas pour me décaler encore, mais après ça ?? 
Je cherche désespérément un frac sur le beau caillou à ma droite, en doutant fortement qu'il existe car quasiment impossible à atteindre. Je continue à descendre, m'éloigne inexorablement de la paroi, ce n'est plus possible de lutter contre la gravité. L'eau rebondit et une immense gerbe arrose tout le puits, c'est la DOUCHE !!!!!! J'accélère la descente, en espérant que la C71 soit assez longue pour m'éviter un passage de nœud dans ces conditions. 
Andréa est Gégé m'ayant vu traverser la gerbe d'eau (il paraît que vu d'en haut avec l'éclairage c'était superbe 😎) renoncent à descendre. Si près du siphon ??
Tant pis, je remonte, en ayant pris soin de fermer toute les écoutilles, et de ranger les lunettes dans le mini-kit. Je remonte une vingtaine de mètres sous la douche puis rechausse mes bésicles à la recherche d'un autre équipement. Mais à la réflexion, la gerbe d'eau traverse le puits, il est donc impossible d'arriver en bas sans se mouiller. 
La descente du Claude se fait donc en k-way, un point c'est tout, ou alors on reste à la maison !

Retour vers la surface, Gégé déséquipe. J'en profite pour faire quelques vidéos et profite de ce puits grandiose. 

La base du P133 vu de deux hauteurs différentes depuis la corde :



La remontée se fait sans encombres, ponctués de quelques petits passages marrants comme celui-ci. 😁


Sortie à 21h, ravi d'avoir mené cette sortie à bien ! Je ne comprends pas que cette cavité soit si peu visitée, d'autant plus que le Delteil est totalement hors crue. 

Fiche d'équipement (avec les longueurs mesurées au dékitage pour le P133)

R3 + P133
2S → 1 m, 2S ↓ 3 m, 2S → 3 m (passage dans l’armature métallique), 2S ↓ 1 m, 2S ↓ 18 m, 1 AN + 1S (ou 1 dév/S) ↓ 20 m, arrivée sur un palier. 1 AN → 2 m, 2S ↓ 18 m, 2S (1,5 m à droite, à la cassure) ↓ 18 m, 1S + 1AN (1 m à gauche, frac facultatif) ↓ 54 m.
C17 pour R3 + tête de puits du P133, C60 jusqu’au bout du palier (une C50 suffit pour arriver sur le palier), C100 pour la seconde verticale (une vraie C100, partir avec une C10 de rab au cas où).

P8
1S + 1 AN (dans les voûtes après l’opposition au-dessus de la vasque) → 1 m, 1S → 3 m, 1 AN → 2 m, 1 AF + 1S ↓ 8 m (on arrive sur la petite banquette orange au bord de l’eau). 
C20 (main courante de 9 m en 8 mm préférable).

P8
2S → 3 m, 1 AF (sur la banquette) → 2 m, 1 AF (au-dessus de la cascade) ↓ 1 m, 1 AF + 1S ↓ 2 m, 1 dév/S ↓ 3 m.
C20, plutôt en 8 mm…

P57
2S → 3 m, 2S ↓ 2 m, 2S ↓ 55 m plein pot. 
Des AN pour se décaler en dév à droite (avec l’aide du second pour la première), mais à un moment il faut de toutes façons traverser la gerbe d’eau… 
C70

mardi 29 juillet 2025

Un peu de nouveau au trou du Moulin

Mardi 29/07/2025

Trou du Moulin (Bouisse)

Participants : Jean-Michel, Jean-Noël, André, Henri, Laurent (après-midi) + Daniel M et Daniel C (en surface)

TPST : 6h 

Multiples équipes et cinquième sortie sur cet objectif qui pourrait donner accès au système inconnu de la source de Montjoi.

Les deux Daniel font les porteurs d'eau pour amener plusieurs centaines de litres à l'entrée du trou et simuler une mini-crue afin de voir où part l'actif au fond...
Pendant ce temps, André et Jean-Noël reprennent méthodiquement tous les passages encore serrés sur le parcours jusqu'au fond actuel (environ 80m de progression) afin de les rendre plus confort.

Au fond, éliminations de multiples blocs plus ou moins stables à l'ancien terminus. Vers 16h, un ressaut de 3m s'ouvre, et cette fois c'est du neuf...
En bas, à nouveau de gros blocs au milieu du passage, mais on voit assez loin, 5 à 6m droit devant, et jusqu'à 10m à droite à travers un laminoir étroit. Le courant d'air est bien présent.
On est clairement dans le passage de l'eau en hiver, tout est propre, décapé et anguleux. Pourtant on ne verra pas la moindre goutte d'eau arriver depuis la surface après le déversement du stock d'eau des Daniel...

Deux nouvelles négociations musclées avec la roche plus loin, on s'aperçoit qu'un pilier est resté en place et est donc en compression. Ca signifie que le plafond n'est pas stable...
J Michel finira la journée sur un effondrement provoqué au pied de biche, assez impressionnant; effectivement le plafond n'était pas stable !

On laisse tout ça reposer jusqu'à la prochaine séance... on pourra peut-être passer au-dessus de l'ancien plafond...

 

dimanche 27 juillet 2025

Nouvel exemple de coopération entre spéléos et archéos dans une grotte audoise

Mercredi 23 juillet 2025

Participants : -Archéologues : Cédric, Cyril, Julie ; -Spéléologues : Laurent, Daniel C., Daniel M., Victor.

TPST : 3h30

Avertissement : si vous reconnaissez cette grotte, merci de ne pas en diffuser le nom dans les commentaires, afin de garantir l’intégrité du site.

Ce mercredi, nous avons accompagné Cédric (archéologue) dans la grotte où nous l’avions mené une première fois, dans l’objectif d’étudier les ossements d’animaux qui y séjournent. Une demande d’autorisation de sondage a été déposée auprès de la DRAC Occitanie cet hiver et a été accordée. Le but de l’expédition était de placer des repères et d’effectuer quelques premiers prélèvements, avant une fouille plus approfondie qui sera menée cet automne.

En chemin, Laurent nous présente la géologie du massif sur lequel nous évoluons. Puis, une fois arrivés à l’emplacement de la grotte, Daniel C. installe une échelle 10m (optionnelle) afin de faciliter l’accès, avant que nous mangions tous ensemble. Daniel M. nous passe un décamètre afin de mesurer la profondeur de la cavité, ainsi qu’un appareil de mesure de Co2.

Les deux Daniel nous attendent à l’entrée de la cavité, tandis que Laurent ouvre la marche et déroule le décamètre à travers la grotte. Les archéologues passent derrière lui, pendant que je ferme la marche.

Julie, qui n’est pas habituée à explorer ce genre de grottes, bloque dans une étroiture verticale et remonte à la surface pour rejoindre les Daniel. Puis, Laurent, Cyril, Cédric et moi continuons la progression jusqu’au point le plus bas de la cavité. Je relève un taux maximum de 0,8% de Co2 dans cette partie de la grotte, avec l’appareil prêté par Daniel M.

Ici, Laurent nous présente la géologie particulière de la cavité, avant que Cédric et Cyril effectuent quelques prélèvements préliminaires et placent des repères.

Des morceaux de quartz sont également récoltés afin d’être datés par isotope cosmogénique en laboratoire.

Une fois cette partie de la grotte explorée, nous remontons de quelques mètres pour continuer les prélèvements et repérages. Les restes fauniques rencontrés concernent des espèces variées : lapins, oiseaux, ours des cavernes, sangliers, bovins, lion des cavernes, glouton, entre autres.

Tandis que Cyril et Laurent remontent quelque peu en direction de la surface, Cédric effectue un dernier repérage dans la petite salle où trône le crâne de lynx. Il place le moulage d’un crâne de lynx moderne près du crâne de la grotte, afin de les comparer. Les différences de dimensions sont frappantes.

À présent que le kit est bien gonflé et alourdi par les petits blocs de quartz et quelques ossements, Cédric et moi rejoignons Laurent et Cyril. Le passage du kit est bien plus difficile qu’à l’aller, notamment dans les étroitures verticales, ce qui nous donne beaucoup de fil à retordre.

Finalement, nous parvenons tous à remonter à la surface, non sans mal, après 3h30 passés sous terre. Pendant tout ce temps, les Daniel et Julie en ont profité pour se balader dans les environs et explorer les grottes les plus proches. Une fois réunis, nous faisons un dernier debriefing avant de nous quitter.

Voilà donc un parfait exemple de coopération et de complémentarité entre spéléologues et archéologues !


Rappel : si vous reconnaissez cette grotte, merci de ne pas en diffuser le nom dans les commentaires, afin de garantir l’intégrité du site.

vendredi 25 juillet 2025

Gouffre Jean-Denis (Coume Ouarnède)

Mercredi 23 juillet 2025

Participants : Andréa (SSAPO), Gilles

TPST : 13h / Gouffre Jean-Denis (massif de la Coume Ouarnède, Haute-Garonne)

Retour sur la Coume. Initialement c'est le fond de la rivière de Raymonde qui était prévu, mais avec les pluies annoncées nous nous rabattons sur un trou qui ne craint pas l'eau, qui plus pas très loin de la voiture pour la marche retour sous la pluie : le Jean-Denis. Un gouffre découvert en 1986 et qui jonctionne avec le célèbre Pierre.

Départ mardi 14h de Villeneuve, direction le siège du CSRO à Balma pour récupérer la fin de la commande groupée, pause courses sur la route et arrivée vers 18h au parking de la fontaine de l'Ours à 1200 mètres d'altitude. Envolé les 29 degrés de Toulouse, il fait 18 degrés, temps couvert, c'est parfait. 
Sur la route j'ai eu Félix au téléphone qui m'informe qu'il a fait une partie de ce gouffre le 14 juillet en vu de sa préparation au moniteur et qu'ils ont passé 1h20 pour trouver ce fichu trou pourtant annoncé à 15 minutes du parking.
J'installe le bivouac, Andréa arrive quelques instants plus tard. 

On est pas bien là ?

Au programme 16 cordes, 472 mètres de cordes, 75 amarrages, j'ai même dû taper dans la quincaillerie inox, j'étais en dèche de plaquettes !
C'est l'occasion d'étrenner les mousquetons Edelrid Nineteen (qui pèsent 19 grammes comme leur nom l'indique) que je viens de récupérer à Balma.
Il ne s'agit pas de mousquetons porte-clés trouvé chez Gifi, mais bien de mousquetons normés CE et ayant une résistance de 20 kN dans la longueur (7 kN dans le sens de largeur, 7 kN doigt ouvert).

Edelrid Nineteen vs Camp Nano 22, déjà pas bien gros

Tout notre barda rentre dans 3 kits, avec la bouffe, 2 litres d'eau, le thermos de tisane, on est pas mal !

Tout ça pour deux ?

Coupe du Jean-Denis

Une fois les kits terminés, nous prenons la direction du trou avec un kit chacun, histoire de partir légers le lendemain et de ne pas perdre une heure à chercher le trou. Nous suivons les indications du topo, la trace GPS disponible sur le site de la Coume, puis arrive le moment où comme Félix ça merde. 
Grâce à la mémoire visuelle exceptionnelle de Félix, nous trouvons le trou en cinq minutes parfaitement guidés au téléphone ! Il s'avère que la trace est correcte, mais avec les couvertures végétale et nuageuse, le GPS manque fortement de précision.

Nous déposons les kits et regagnons le parking en effectivement un quart d'heure. Repas de luxe, puis dodo, le lever est prévu pour 6h15. Andréa étrenne la nuit dans le Duster, a priori concluante.

Il ne manque qu'une table

La nuit a été claire, mais la brume se lève en même que nous ! Petit-déjeuner, repli du bazar et direction le trou. À 7h40 nous attaquons. L'entrée est intimiste et débouche sur une salle confortable, qui enchaîne tout de suite sur "la chatière assise" qui dans l'Aude aurait pris un ou deux tirs de plus. 
Andréa déroule le premier kit, ça commence par un P7, puis encore une étroiture, puis un petit boyau se terminant sur R3 qui se fait en désescalade à l'aveugle jusqu'à trouver des pieds. 
Pour la première fois de la journée, mais pas la dernière, nous nous retrouvons dans un méandre débouchant au sommet d'un très beau P24 plein pot, "les Atonfs".

Main courante d'accès au P24

Une petite escalade, un méandre un peu plus serré que le précédent et nous voici au sommet des puits Abraham Ibdili et Inch-Allah. Un frac très peu facile d'accès donne du fil à retordre à Andréa, il est très loin en pendule et c'est difficile de visser le premier spit quand on fait moins de 1,80m. 

Frac difficile d'accès

Le premier kit se termine, je reprends l'équipement. Trois petits puits entrecoupés d'un passage étroit et aussi dans passage dans la boue liquide, on s'amuse bien ! Arrive le beau P46 dont la fin n'est pas évidente à équiper, il me faut aller chercher un AN à perpette pour faire une dév, mais ça passe ! Il est rapidement suivi d'un P32 dont la tête de puits est bien étroite. Vers le bas, il ne faut pas rater le pendule pour être déposé un frac plus tard et 10 mètres plus bas dans la salle Mac Donald, la bien nommée car c'est là que nous mangeons.

La suite, annoncée comme "la partie la plus étroite de la cavité" est un méandre de 3 mètres sacrément étroit ! Il faut bien se placer et ramper avec le vide en dessous, c'est le casque qui a le plus de mal à passer, un grand moment.
Une escalade en fixe de 6 mètres nous conduit au début du méandre du Mollah Immolé. Il n'est pas bien large par endroit, mais rien d'extrême. Le kit 2 est vide, Andréa reprend l'équipement. Nous arrivons assez rapidement à la jonction avec le gouffre Pierre via un P11 qui nous dépose sur la vire contournement les "pots de chambre" de la rivière du Pierre.
14h30, nous somme en bas. C'est archi-sec ! Nous nous attendions à une rivière active, mais que nenni. Heureusement les pots de chambre sont remplis, c'est joli.



Satisfaits de notre timing, nous voulons poursuivre jusqu'au lac Hélin, vers l'aval de la rivière. Nous mettons un certain temps à trouver le passage dans les voûtes, puis suivons les rubalises... Au bout de 35 minutes nous nous retrouvons au pied d'un immense puits, sans suite. Qu'avons-nous raté ? 

Cul-de-sac !

On n'en sait rien, de plus le plan PDF que j'ai sur mon vieux téléphone d'il y a dix ans (celui avec lequel ont été prises les photos sous terre...) ne s'ouvre pas de façon lisible. Nous faisons demi-tour... et soudainement nous arrivons dans une partie humide où nous n'étions pas passés à l'aller. Petit coup de flip, je repasse devant et essaie de reconnaître ce que nous avons fait à l'aller. On retrouve le passage clé que j'avais heureusement noté comme étant à se souvenir au retour. Ouf !!! On aurait pu nous chercher un moment là-dedans...

De retour au pied des cordes, Andréa déséquipe entièrement la cavité, je me contenterai de faire le sherpa. Nous maudissons le fameux méandre le plus étroit de la cavité, non pas pour nous, mais pour les kits ! J'arrache une bretelle du kit tellement je tire dessus, saloperie !
La fin de la remontée est un peu plus fastidieuse avec deux kits et pour les trois étroitures du haut nous réussirons à nous faire passer les kits.

Dehors à 21h, sous un crachin local.

mardi 22 juillet 2025

Lundi 21 Juillet 2025: Quatrième excellente séance au trou du Moulinde Bouisse. Et ces modestes -25M. En tout, si je ne me trompe pas, 6 salves de pailles par Jean Michel Escande. Que je rejoins après 9H30 ainsi que Stoche Bès et Jean Noel Dubois. Donc un inter-club à majorité SCM. Calibrage de confort et 2 salves au fond ou j'ai localisé l'arrivée du souffle (qui vas augmanter avec l'arrivée de la chaleur) sous une alcove déja connue et dans le sol. LA Grosse question sans réponse pour l'instant: est ce ça le terminus de Daniel M (absent à ce jour) dans les années 90?En tout cas ça ressemble fort à sa description. Arrivée en haut d'une petite verticale, qui a l'époque calanisait les écoulements. Un empilement menaçant semble avoir résisté à la dernière salve...donc pour le prochain coup tous les espoirs sont permis... Au paravent étayage au pieds droit d'un passage descendant plus en amont. L'on a la grande chance d'avoir ici de multiples poches de stokage. Par contre le prochain coup nécessitera 4 participants pour l'évacuation. ça commence à sentir bon, méme si a mon gout l'accès au fond demandera encore a mon gout bon nombre de calibrages. Pour nos os de Dinosaures, et surtout le transport de kits. Très sympathique discution avec l'habitant cultivant son (beau) jardin juste avant le trou, et le gendre d'Yves Bermudès ami éleveur de Missègre et découvreur de l'Aven du méme nom. Le monde des hautes Corbières est vraiment petit.Il est très curieux sur nos activités...et l'on vas peut étre un de ces jours le voir avec nous! A la fin sympathique discution aussi avec une dame installée depuis peu. Une Belle journée. TPST:6H.

Gouffre Blagnac, 110 m plein pot ! (Coume Ouarnède)

Vendredi 20 juin 2025

Participants : Mathieu, Paul (SSAPO), Vincent, Gilles

TPST : 7h / Gouffre Blagnac (Coume Ouarnède)

Félix et moi avions commandé 100 mètres de 6 mm chacun, qui a été livrée en un seul morceau de 200 mètres. Quoi de mieux pour l'étrenner qu'un grand puits dont je n'avais pas la profondeur exacte ? 

200 mètres de cordes... Environ 4,6 kg !

C'est donc sur la Coume Ouarnède que je jette mon dévolu et le Gouffre Blagnac, découvert en 1992. Me suivent dans l'aventure Mathieu, Paul et Vincent.

Une fiche d'équipement demande prendre une C190 pour le P134 et une autre une C170. Vu le poids dérisoire de la 6 mm, j'en prends 185 mètres, ça me semble bien suffisant vu la coupe.
Toutes les autres sont en 8 mm, on est suffisamment nombreux pour porter.


Nous nous retrouvons vendredi matin sur le parking de la fontaine de l'Ours. Je me suis occupé des kits la veille. La marche d'approche est rapide, mais nous sommes bien chargés entre les cordes, les affaires persos et la lourde glacière remplie de bières et autre bouteille de vin jusqu'à l'entrée du trou, histoire d'optimiser la réfrigération pour le soir !


La discrète entrée nous prend quelques minutes à trouver, mais à 4 on ratisse vite la zone.


Mathieu se lance dans l'équipement du P32 puis je m'aperçois qu'un kit a été oublié... Paul et Vincent se tape un aller-retour rapide au parking, heureusement qu'on n'était pas sur une entrée haute de la Coume ! Le kit attendait gentiment son propriétaire au cul de la voiture... Ils nous rejoignent alors que nous arrivons en bas du P32, de vrais traileurs.

Je relaie Mathieu pour équiper le P4 puis le P33 qui me donnera bien du fil à retordre pour le rendre confortable ! 
Paul s'occupe ensuite du P32 ; la tête de puits est épique et implique une d'installer une dév très rapidement sur un AN d'où elle peut facilement sauter, un spit aurait bien été nécessaire ; pas de doute on est à la Coume ! Ce puits s'enchaîne avec le P25 qui nous dépose dans une petite salle confortable.

Bon ben... à moi de jouer, le P134 est tout proche !

Deux spits, une main courante confortable de 5 ou 6 mètres qui donne sur une petite ouverture au sol insignifiante, surplombée par deux spits dont l'un est en plafond, ça tombe bien j'ai une plaquette coudée sous la main !

J'installe la corde dans le descendeur avec deux tours sur la poulie du bas, moi qui en fait toujours un seul... Peut-être parce que je m'apprête à partir pour 100 mètres en fil d'araignée alors que je déteste cette sensation et que la corde neuve file beaucoup ?? 
Je m'assois dans le vide et commence la descente... au bout de deux mètres j'aperçois le vide infini sous mes pieds. La descente est laborieuse, la corde ne file pas, les brins finissent par se chevaucher et je ne descends plus ! Je mets la poignée en mode conversion, et installe la corde avec un seul tour de poulie. Mais qu'est-ce que je fous là ?? L'idée de remonter me traverse l'esprit, je sens que la descente va être interminable. Mais non, pas maintenant, je l'ai voulu !

Je descends lentement à la demi-clé, frôle la paroi et y aperçois un spit. J'installe une dév en me disant que c'est peut-être pour choper un frac plus bas. Mais que nenni, la descente s'effectue sans fractionnement, le fond reste longtemps insondable. Impressionnant ! Je m'arrête tous les 20 mètres pour balancer un peu de corde dans le vide car elle sort assez mal du kit. 

Finalement je commence à deviner le palier, ouf !!! Il est confortable et deux spits permettent de démarrer le second jet. Il faut crier très fort "libre" pour se faire entendre, d'autant plus que ça fait facilement un quart d'heure que je suis parti. 

Paul, Mathieu puis Vincent se lance. Vincent arrivera en bas fatigué car lui aussi aura eu des problèmes avec les deux tours de poulie.

Nous visitons le petit actif du fond et nous organisons pour la montée. Nous convenons de crier "départ" lorsque nous serons au milieu de la grande tirée de façon à ce que le suivant ne reste pas pendu dix minutes au frac intermédiaire. 

Si la 6 mm n'est pas très agréable à descendre, en revanche c'est un vrai plaisir à remonter. En un pompage et demi, l'élasticité de la grande tirée est avalée. Nous nous arrivons tous en haut étonnamment frais. Mathieu remonte en dernier, il a le pris le soin de stocker le kit sur le palier intermédiaire, ainsi aidés de la Micro Traxion nous tirons la corde puis le haut, en cinq minutes le puits est déséquipé. 
Paul déséquipe le reste de la cavité. 
À 17h30, tout le monde est dehors. La glacière nous attend, tout est bien frais.

Nous dékitons sur le parking, je mesure la longueur de la grande tirée : 110 mètres ! La suite c'est apéro et repas bien mérités.

jeudi 17 juillet 2025

Point d'étape topographique et perspectives


Après la dernière explo/topo au CDL, voici un petit bilan intermédiaire de ce que nous révèlent les données :

La cavité atteint 2100 m topographiés pour environ 2400m de développement provisoire.
L'extension linéaire dépasse à présent les 700m, ce qui est hors normes sur ce massif très difficilement pénétrable, où l'échec était jusqu'à présent la règle malgré un potentiel extraordinaire.
La cavité continue de se rapprocher de la vallée de St Andrieu, et la confluence avec cette perte emblématique du massif ne fait désormais plus guère de doutes, les 3/4 du chemin ayant été faits. Il ne reste donc que 260m à faire pour arriver à l'aplomb de la perte (débit moyen 10 l/sec) et 330m pour arriver sous l'aven de St Andrieu (perte semi-fossile de la vallée). Cette confluence devrait décupler le creusement vers l'aval de la rivière souterraine.

Résultat en image :

 

Pour rappel du contexte hydrogéologique de St Andrieu, voir la deuxième partie de ce post de 2020, publié après une opération de traçage en pleine épidémie; le rêve était déjà présent, mais il manquait l'accès : 
https://speleoclubdelaude.blogspot.com/2020/03/speed-un-peu-doptimisme-en-ces-temps.html 

Au niveau de la coupe, l'évolution des rendus 3D du CDL matérialise bien l'avancée effectuée depuis le début de l'année :

Janvier 


Mars

Juillet

En dézoomant à l'échelle du massif, la logique de parcours de la rivière souterraine, capturant chaque vallée qu'elle croise entre le réseau du Chant du Loup, son origine, et les sources d'Alet, sa finalité, apparait clairement.

Il reste du chemin à faire...  


La combinaison des résultats des différents traçages réalisés, de la découverte d'un accès aux premiers collecteurs amont, et de la présence d'un courant d'air profond, permet de franchir une nouvelle étape du rêve vers la réalité...

lundi 14 juillet 2025

La respiration du monstre s'est éveillée

Lundi 14/07/25

Réseau du Chant du Loup 

Participants : Rowland, Henri, Flo, Laurent

TPST : 7h

Après quelques semaines de patience, nous retentons une pointe au fond du réseau pour voir l'évolution du niveau d'eau (on s'était arrêtés en explo sur une courte voûte mouillante).
Deux objectifs secondaires en cas d'échec : la suite de la topo et le début des escalades dans la zone d'où provient le courant d'air.

Le courant d'air, justement, soufflant en été à l'entrée, est peu important dans la première partie par rapport aux semaines précédentes.
Cependant, une fois franchie la zone des fameuses cheminées en allant vers le fond, il nous semble bien sentir un vent contraire dans des galeries de plusieurs mètres de haut...

On pense tout d'abord à de la convection, mais dans les endroits plus serrés, le doute fait place à une certitude : le réseau du fond s'est mis à aspirer !

Nous arrivons à la voûte mouillante terminale : plus une goutte d'eau !
On franchit facilement l'obstacle sec puis une remontée tapissée de sable sans aucune prise.
Nous voici à nouveau en première...
La sortie du siphon temporaire se fait dans une belle conduite forcée à taille humaine, qui file.
Je n'ai pas la gopro, seulement un vieil appareil sans flash dont la batterie rend l'âme presque tout de suite...donc photo pourrie pour le souvenir...

Conduite forcée en explo après le siphon temporaire à sec

Après plusieurs dizaines de mètres, une descente sableuse nous amène devant une nouvelle vasque où il faudrait se mouiller pour passer. Un puissant courant d'air s'engouffre au dessus de l'eau...

Cette fois c'est du encore plus lourd que d'habitude; cette nouvelle voûte mouillante, en se désamorçant,  vient de révéler la présence du monstre qui se cache derrière.
En effet, l'aspiration signifie qu'il existe une entrée plus basse bien ventilée, or la géographie du plateau n'autorise rien de tel avant très loin en aval, dans le secteur de Missègre; ou alors il existe un trou souffleur inconnu au fond de la vallée de St Andrieu, passé jusqu'ici sous les radars.
Dans les deux cas, cette nouvelle amène un gros lot de promesses !

Le terminus du jour : la vasque au sol ne fait que quelques dizaines de litres et ça file derrière

Après une brève discussion, la sagesse nous incite à ne pas franchir la vasque aujourd'hui et à valider en topo toute la zone terminale. L'eau devrait bientôt disparaitre seule...
Pendant ce temps, Flo et Rowland iront commencer les escalades repérées sur le parcours.

Nous rentrons dans le carnet une quarantaine de visées, qui devraient ajouter au moins 300 m à la cavité. Je ferai un point d'étape sur la topo et le report de surface dans un autre post après dépouillement.

Sur le chemin du retour, Flo effectue une première escalade qui donne sur une étroiture, mais une seconde cheminée coalescente permettrait de monter plus haut, à la recherche de l'origine des courants d'air de l'entrée et du fond. A suivre donc également de ce côté-là, même si la priorité pour cet été devient clairement la suite principale au terminus.

Retour en surface dans la bonne humeur, avec un sentiment d'éloignement croissant qui n'en est peut-être qu'à ses débuts... 

 

mercredi 9 juillet 2025

Aven Autran -618 m

Du 3 au 6 juillet 2025

Participants : Flo (SSAPO), Félix, Pascal, Gilles

TPST : 5h + 17h30 / Aven Autran, plateau d'Albion (Vaucluse)

Suite à nos nombreux stages Félix et moi sur le plateau d'Albion, nous ne connaissions l'aven Autran que jusqu'au bas du P103 pour Félix, et au siphon blanc pour moi. Nous avions donc depuis un long moment le projet d'aller à la rivière à -618 mètres, il ne restait plus qu'à monter une équipe !


Jeudi 3 juillet - Installation
Flo me rejoint chez moi vers 14h et nous prenons la direction du camping municipal de Saint-Christol d'Albion où nous nous installons vers 18h30.
La température est agréable, il fait 25 degrés, loin des 40 degrés affichés sur l'autoroute vers Nîmes !
Le camping est désert, nous sommes les seuls "clients". 
Félix arrivera vers 23h après avoir patienté après la réparation de sa voiture, puis Pascal vers minuit.


Vendredi 4 juillet - Équipement des puits d'entrée (TPST 5h)
Nous finalisons les kits, répartissons une douzaine de litres d'eau sur les sommets des kits, l'idée étant de descendre complètement à vide le lendemain.
Grâce aux talents de pilote de Pascal, nous n'aurons qu'une très courte marche d'approche pour transporter les 7 kits à l'entrée du trou et nos affaires de spéléo.


Vers 11h nous entrons dans le trou, l'équipement se passe dans encombres, nous prévoyons quelque chose de très confortable car demain il faudra ressortir les 7 kits !
Vers 14h30 nous sommes à l'entrée du méandre rouge, on y laisse les 4 kits pour équiper le fond et remontons à vide.

Champ de lavande sur le retour

En sortant du trou nous allons saluer Marie et Harry à l'ASPA, Harry nous donne quelques indications sur le trou.
Félix nous cuisine ensuite ses fameuses pâtes au pesto, puis dodo.

Samedi 5 juillet - Le fond (TPST 17h30)
Debout à 6h, petit déjeuner, dix minutes de voiture, marche d'approche à vide puisque nous avions tout laissé à l'entrée, et à 7h45 nous voilà dans le trou.

Nous arrivons rapidement à la base des puits d'entrée, je récupère le premier kit d'équipement et passe devant. Nous passons le pénible méandre rouge (40 mètres seulement pourtant) et débouchons dans des galeries plus spacieuses avec de jolis gours. 


Enfin arrive le tant redouté méandre des Égyptiens. 750 mètres de long, 100 mètres de dénivelé, c'est au retour qu'on va le maudire. Il commence gentil, avec un P11 à équiper.
Je tasse à mort mon mini-kit dans le kit d'équipement pour n'en avoir qu'un seul à trainer, et c'est parti ! 
Le méandre est très joli, parcouru par un petit actif.
Arrivé au deux tiers de celui-ci je me rappelle que le mini-kit et dans le kit, et vu que je traîne celui-ci dans la flotte depuis une demi-heure, ma cagoule et mon mérinos n'ont certainement plus d'utilité aujourd'hui. 
Subitement, une tête de mort est dessinée sur la paroi apparaît, c'est le signe qu'il faut ralentir car c'est à cet endroit que le petit actif se jette dans le P103. Une petite escalade permet permet d'équiper l'accès à la tête de puits qui est bien décalée de la goulotte. 
Le puits est de toute beauté, Flo nous gratifie de bien belles photos !


Après environ 60 mètres de descente, il faut penduler au-dessus de l'actif pour équiper la suite.


Lorsque j'arrive en bas, il me reste... 0 mètre sur la C150 ! Ouf, c'est passé de justesse.

Il est environ midi, Pascal et moi mangeons tandis que Félix et Flo partent devant pour équiper le P40 et la suite de la descente le long de l'actif. Félix équipe jusqu'au sommet du P126 où je reprends l'équipement. Me voilà parti avec la C100 et la C71. Le hasard fait bien les choses, un frac AF + un spit permet de rabouter les cordes sans passage de nœud en ne perdant que 3 mètres sur la C100. Sept ou huit frac plus tard, me voilà en bas du puits, Félix me rejoint quelques minutes après pour reprendre l'équipement. Vers 15h30 l'objectif est atteint, on a les pieds dans l'eau à -618 m !



C'est maintenant que le moins marrant arrive... remonter et déséquiper.

Flo et Pascal partent devant. Cela permet à Flo de faire de belles photos du P126 vu du haut.



Félix déséquipe, je l'attends au milieu du P126 pour récupérer un kit. Au sommet de ce puits nous inversons les rôles, je déséquipe jusqu'au pied du P103. 
La corde de 6 mm rend la remontée très confortable, aucun yoyo.

Le P103 vu du bas et ses énormes rognons de silex

C'est maintenant au tour de Flo de déséquiper. L'occasion de faire quelques photos du bas des spéléos qui remontent.



On s'engage ensuite dans le fameux méandre des égyptiens. Finalement, avec un seul kit et un peu de méthode, on s'en sort pas si fatigué que ça. Restauration rapide, chiatique méandre rouge et nous voilà au pied des puits d'entrée. Flo les déséquipera intégralité, tant que Félix Pascal et moi géreront les 4, puis 5 puis 6 kits dans les têtes de puits étroites et les boyaux. À trois reprises nous utilisons une corde auxiliaire pour hisser les kits. Nous sortons vers 1h30, étonnamment moins fatigué que nous ne l'avions imaginé !
Notre taxi alias Pascal nous raccourcit à nous la marche de retour en allant chercher la voiture.
Retour au camping, Flo et Pascal ont encore de l'énergie pour la douche, Félix et moi on file au lit !

Dimanche 6 juillet
Douche pour les crasseux de la veille, petit déj puis dékitage et tri du matériel. Nous coupons la C150 en 6 mm, Félix et moi récupérant chacun les longueurs dont nous sommes propriétaires.
Tout est propre, dommage que tous les trous ne soient pas comme ça.
Vers 10h30 le camp est levé, retour dans le sud !




Un trou magnifique, la prochaine visite sera pour découvrir le réseau remontant des Estrangers et son P125 (découvert en escalade).

Pour les futurs visiteurs, je mets notre fiche de matériels utilisés (deux cordes de 8 m et 4 plaquettes sont les bienvenues pour équiper deux obstacles non mentionnés sur le topo d'Harry disponible sur le net).